La régression ethniste bat son plein en Bretagne (2)

 

 

UFCEE : carte des nations encore sans État 

 

 

Je ne comptais pas consacrer plus d’une page à l’abbé Perrot, mon intention étant de montrer comment extrême droite et extrême gauche nationalistes se rejoignent, et ce en partant de divers exemples pris dans l’actualité. Le cas Perrot n’était qu’un exemple parmi d’autres : je voulais, à dire vrai, surtout insister sur quelques événements récents.

Le premier d’entre eux était la pétition lancée par l’UFCEE (Union fédéraliste des communautés ethniques européennes) (encore dite FUEV ou FUEN, selon la langue adoptée) un lobby ethniste actif au Conseil de l’Europe et qui a pour but de faire advenir une Europe des ethnies contre les États-nations ; les langues régionales servent ainsi de cheval de Troie ; l’UFCEE est à l’origine de la Charte des langues minoritaires qui a provoqué des années d’affrontement en France (la charte des langues minoritaires n’étant que l’une des chartes concoctées par l’UFCEE).

Voici la coupure de journal qui m’a été adressée par un lecteur :

 

 

 

Que ces réseaux d’extrême droite poursuivent leur combat, quoi d’étonnant ?

« Nous sommes particulièrement tenaces. Partout où il est question des droits des minorités ethniques [Volksgruppen] et peut-être même où se prennent les décisions, nous nous incrustons, on ne peut plus alors se débarrasser de nous et nous essayons de peser sur les choix1. » 

L’auteur de ces propos n’est autre que Christoph PAN, ancien professeur de droit à l’université d’lnnsbruck (Autriche) et précédent président de la F.U.E.V. (Föderalistische Union Europäischer Volksgruppen : Union Fédéraliste des Communautés Ethniques Européennes / U.F.C.E.)2 » 

 

Tel est le début de l’essai de Lionel Boissou sur l’UFCEE et la Charte des langues régionales, essai remarquable et qui a utilement servi à éclairer ceux qui ont voulu l’être.

Les faits ayant été établis de longue date, ce nouvel épisode du combat tenace des militants ethnistes pourrait sembler dénué d’intérêt, mais, bien au contraire, cette nouvelle mobilisation agit comme révélateur :

— D’une part, elle montre que les nationalistes d’extrême gauche se révèlent les plus actifs pour soutenir cette pétition, comme naguère la Charte des langues régionales. La langue fétichisée, surtout par ceux qui ne la parlent pas, fait office de totem de la tribu à constituer comme telle.

— D’autre part, elle montre comment la presse régionale assure la promotion de cette pétition sans la moindre analyse de son origine, de son but réel et de ses enjeux. À lire l’article d’Ouest-France consacré au sujet, sont désignés à la vindicte ceux des élus qui, on ne sait pourquoi, ne la signent pas.

Et finalement, scandale absolu, Ouest-France annonce triomphalement que le président de la Région Bretagne a signé.

C’est ce qu’on appelle une « initiative citoyenne»…

 

*

 

En Bretagne, les socialistes, s’alliant avec les autonomistes, ont été les premiers à faire allégeance au lobby ethniste et instrumentaliser ainsi les langues régionales. Il est vrai que parler de socialisme est ici déplacé puisque le président du conseil régional élu comme socialiste est maintenant dans l’opposition au parti socialiste et participe à un gouvernement de droite. Mais, bien qu’ayant opportunément quitté le navire qu’il avait contribué à couler, il a laissé à sa place en Bretagne un cryptosocialiste chargé d’incarner sa fidélité à un parti qui, à l’en croire, avait toujours été le sien même si les Bretons ne s’en étaient pas vraiment doutés, à savoir la Bretagne. « Mon parti désormais, c’est la Bretagne comme cela l’a toujours été», déclare-t-il.

 

 

 

« Désormais comme toujours », cela pourrait être le mot d’ordre de ceux qui pratiquent l’art de virer de bord. Quoi qu’il en soit,  les Bretons qui ont cru voter socialiste ont en fait, voté breton ; ils ont cru élire Le Drian et ils ont élu Chesnais-Girard qui incarne une valeur bretonne on ne peut plus aisée à rentabiliser car, la Bretagne, c’est l’ouverture : elle peut aller du parti socialiste à l’extrême opposé du parti socialiste, du grand n’importe quoi au presque tout, sous la forme extrême du rien qui permet de faire dire aux Bretons ce qu’on veut. Et de les inscrire dans la grande croisade ethniste destinée à les libérer.

Pour s’en assurer, il faut voir le film tourné au conseil régional lorsque Loïg Chesnais-Girard a succédé à Jean-Yves Le Drian.

Le « Bro goz», hymne national breton inventé par un druide raciste, comme le drapeau national breton, est un appel à l’indépendance.

« O ! Bretagne ! mon pays ! J’aime mon pays ! — Tant que la mer sera comme un mur autour de lui, — Que mon pays soit indépendant ! » 

Et il ne s’est pas trouvé un élu pour protester.

Bécassine est un personnage sans bouche, et qui, finalement, incarne bien le rôle assigné aux Bretons : l’être. Et se taire.

 

*

 

Si vous cliquez sur l’icône de la nation bretonne sur la carte de l’UFCEE, vous découvrez que la Bretagne est une nation catholique représentée par Kelc’h an Dael qui l’a déjà dotée d’un parlement élu à Lanrodec en 2016.

Il est intéressant de découvrir les actions menées au nom du peuple breton sans qu’il s’en doute : protestations contre la persécution de la langue bretonne par l’État français, élections, pétitions…

Le président du conseil régional n’a sans doute pas manqué de s’en aviser avant de signer la pétition de l’UFCEE. Ce qu’il cautionne va bien au-delà des langues régionales.

 

 

PETITE NOTE

 

Des lecteurs, effarés de voir les autonomistes entonner le « Bro goz » au conseil régional pour saluer le départ de Jean-Yves Le Drian remplacé par Loïg Chesnais-Girard, m’ont demandé qui étaient ces militants.

Nous avons, de gauche à droite,

— Herri Gourmelen, militant nationaliste de la première heure, longtemps président du groupe UDB au conseil régional (en 2017, il signait avec un autre nationaliste, jadis porte-parole de l’UDB, un communiquévisant à soutenir les « prisonniers politiques» de la Catalogne opprimée par l’Espagne en se désignant comme «ancien membre du conseil régional» où il revient apparemment pour chanter et faire chanter les élus).

— Jean-Michel Le Boulanger, désormais premier vice-président en charge de la Culture « et de la démocratie » (formule déjà employée par Morvan Lebesque pour faire passer l’autonomisme sous les couleurs de la diversité), élu PS mais associé aux autonomisteset ne manquant aucune occasion de promouvoir leur propagande.

— Mona Braz, ex-porte-parole de l’UDB (et ex-épouse d’un militant nationaliste d’extrême droite).

— Paul Molac, autonomiste proche de l’UDB, promu par le PS avec le soutien de Le Drian (qui a pu se vanter d’avoir fait entrer le premier autonomiste breton à l’Assemblée) mais depuis devenu macroniste. Ses prises de position ont fait l’objet d’une analyseprécise bien documentée.

— Lena Louarn, fille d’un militant nationaliste condamné à l’indignité nationale à la Libération, élevée comme ses nombreux frères et sœurs dans le culte de la nation bretonne, elle est vice-présidente en charge des langues de Bretagne. Elle a longtemps dirigé le journal Bremañ où travaillaient des terroristes de l’ARB (Armée révolutionnaire bretonne) et se lisaient des articles à la gloire de militants nationalistes collaborateurs des nazis. On la voit ici en robe aux couleurs du drapeau breton dit « gwenn-ha-du ».

 

J’ai commencé par une carte : je termine par une carte, celle de l’Europe vue par Eurominority et qui correspond à la vision défendue par Paul Molac et les udébistes du conseil régional en relation avec les autonomistes et indépendantistes alsaciens, savoyards, corses, basques et occitans. L’Europe des ethnies est l’Europe donnée pour à venir et à faire advenir.

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 réponses à La régression ethniste bat son plein en Bretagne (2)

  1. Job Le Gouez dit :

    Quand le « Bro goz » est entonné au conseil régional par Le Boulanger, Louarn, Bras, Gourmelen, Molac et Le Drian aucun élu ne proteste comme vous le dites mais pire, tous se lèvent (sauf, hélas, ceux du Front National) pour ânonner un texte qu’ils ne comprennent même pas pour l’immense majorité d’entre-eux. Ce suivisme et cette passivité ne font pas honneur à ces élus qui se disent républicains. Merci encore une fois Madame Morvan pour votre vigilance qui fait, elle, honneur à la Bretagne.

    • Françoise Morvan dit :

      Le plus comique (si toutefois c’est comique) est que les autonomistes avaient pris soin de distribuer le texte du « Bro Goz » ! Chant qui, rappelons-le, appelle à la libération de la nation bretonne.

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