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Dans un texte mis en ligne le 1er mars (on trouvera ce long texte ci-après en PDF), Kristian Hamon se plaint d’être victime d’un « dénigrement systématique » de la part de son « habituelle contemptrice », à savoir moi, au motif qu’il a utilisé des pseudonymes pour désigner certains militants nationalistes bretons collaborateurs des nazis.
Qui s’excuse s’accuse : la verbeuse défense développée en vue d’expliquer pourquoi René Hervé et Mathilde Le Gall sont devenus sous sa plume Alain Guerduel et Marie Kerlivan ne fait qu’illustrer ce que j’écrivais. Et, de même, le travestissement de Gérald Gallais en Gérard Goavec au motif qu’il ne fallait pas faire de peine à sa sœur. C’est sans doute cette touchante sensibilité qui a conduit Kristian Hamon à travestir la plupart des noms des membres du Bezen Perrot dans son essai sur ce groupe de militants bretons enrôlés sous uniforme SS.
Au demeurant, à ses yeux, tout ça n’est que broutille : « Et puis qu’est-ce que cela apportait de plus à la compréhension de l’histoire de savoir que ce membre du Bezen s’appelait Dupond ou Durand ? » Tel nom ou tel autre, peu importe. Une manière très spéciale d’écrire l’histoire.
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Comme je l’expliquais à la fin de l’article que j’ai consacré à ce sujet, si j’avais acheté son essai sur les Agents du Reich en Bretagne, c’est que je m’intéressais au réseau de mon grand-oncle mort en déportation, le réseau Pat O’Leary, détruit par un milicien du groupe Vissault et un autonomiste du nom de Larboulette. Il serait curieux de savoir quelle délicate attention de la part de cet historien a pu justifier la transformation de Larboulette en Kervezo. Nulle explication n’est donnée à ce sujet.
Au passage, mais je n’ai pas consacré beaucoup de temps à la lecture de ce livre qui ne me servait à rien, j’avais noté un autre exemple : « Le PNB a toujours été bien implanté dans le pays vannetais, aussi n’est-il pas surprenant d’y retrouver plusieurs adhérents parmi les agents du SD ou de l’Abwehrstelle. Parmi ceux-ci, le cas de “Lomic” est intéressant », indique K. Hamon, ajoutant en note pour le nom de « Lomic » : « Diminutif que lui a attribué Mordrel dans son livre Breiz Atao ». C’est faux : en réalité, Mordrel parle de Lomic Guéguen, et, Lomic étant le diminutif de Guillaume, l’usage de ce diminutif ne marque de la part de Mordrel aucune intention de dissimuler son identité, mais simplement d’évoquer le cas d’un bon copain du PNB.
Ce passage de Breiz Atao est d’ailleurs intéressant pour montrer le cynisme des nazillons[1] qui, comme Alain Louarn, jugé à Quimper le 24 juillet 1945, rigolent de n’avoir pris qu’un « petit bain d’indignité nationale » (on le présentera ensuite comme un martyr de la cause, exilé en banlieue par l’État jacobin, et sa fille Lena, élue Bretonne de l’année, sera désignée comme « digne fille de son père » sans émettre la moindre protestation, avant de devenir vice-présidente du conseil régional). Voici le texte de Mordrel.
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Et voici ce qu’en fait Kristian Hamon.
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Kristian Hamon trouve « particulièrement pénible se voir constamment accusé de falsifier des documents d’archives ». En l’occurrence, je suis bien obligée de constater qu’il falsifie le texte de Mordrel.
Pourquoi fallait-il travestir l’identité du sinistre Guillaume Guéguen ? Qui fallait-il protéger ?
Kristian Hamon cite pour sa défense Maurice Druon : « J’ai accompli pour de justes causes des actes injustes, et de cela je me repens. »
S’il s’agissait de dissimuler l’identité de ceux que la population désignait du nom haï de Breiz Atao, la cause était-elle juste ? Et surtout de la part d’un membre du comité directeur de l’ANACR…
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[1] J’emploie le terme « nazillon » car Louarn, membre du Cercle d’études national-socialistes, organe clandestin de la Milice, avait été armé sur demande de du Perron de Maurin, chef de la Milice en Bretagne.