L’Oiseau-loup

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C’est vraiment par un souci de simplification que L’Oiseau-loup se trouve placé dans la catégorie poésie car il s’agit d’un récit qui a pour caractéristique première de sortir de la poésie : ce qui était diffracté dans les quatre volumes de Sur champ de sable (qui constituaient déjà un récit éclaté) se trouve ici rassemblé, condensé, et la poésie sert simplement à restituer de manière plus efficace les instants de présence au monde. 

Les personnages visibles comme des ombres dans Sur champ de sable surgissent au fil d’une histoire extraite des limbes de la mémoire – une histoire qui pourrait être celle de tant d’adolescents qui rêvent comme Rimbaud d’inventer une autre vie, et qui ne s’échappent pas. 

La mise à mort est ici inscrite sur le fond d’un monde lui aussi mis à mort, voué à disparaître sous les coups de boutoir du capitalisme : remembrement, asservissement des paysans, destruction des paysages, industrialisation forcée, ruine des bourgs entourés de hangars et de barbelés. Comme au dernier instant avant le basculement, deux adolescents trouvent dans la recherche des vieux chanteurs, des braconniers et des paysans pauvres rejetés à la marge l’espoir de vivre libres.  Mais selon le mot de Rimbaud qui les accompagne dans cette fuite, on ne passe pas. 

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André Markowicz a consacré deux chroniques à ce livre sur sa page Facebook

https://www.facebook.com/andre.markowicz/posts/3174337449445212

https://www.facebook.com/andre.markowicz/posts/3175098929369064