Réécriture de l’histoire : le cas Hamon

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« En matière de recherche historique, il faut être patient. Très patient même. Le hasard est aussi un facteur qu’il ne faut pas sous-estimer. Kristian Hamon

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Résumé : un historien autonomiste dissimule la présence des nationalistes bretons du Bezen Perrot à Bourbriac alors même que ces SS ont torturé et assassiné de jeunes résistants en juillet 1944. Les faits sont parfaitement clairs et sont établis par les deux documents qu’il exploite pratiquement mot pour mot mais en retranchant la partie des textes évoquant la présence du Bezen. Après avoir lui-même reconnu dans un film que le Bezen était à Bourbriac, il entreprend de discréditer le film en se lançant dans une interminable polémique.

Cette polémique a néanmoins le mérite de montrer la méthode et le rôle de cet historien considéré comme spécialiste de l’histoire des nationalistes bretons sous l’Occupation.  On pourra lire aussi sur le même sujet l’article complémentaire consacré à l’étude d’un texte qu’il a fait publier dans Le Peuple breton, organe de l’UDB, parti autonomiste. 

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Engagé dans les rangs de Jeune Bretagne, mouvement nationaliste d’extrême droite, Christian (qui s’est rebaptisé Kristian en vertu du K interceltique) Hamon passe au Parti communiste breton comme le brun au rouge et se trouve soudain mis en piste pour un DEA sur le mouvement nationaliste sous l’Occupation.

Il le soutient, étrange énigme, en Celtique, sous la direction de Gwendal Denis, fils du militant nationaliste Pierre Denis, longtemps directeur du département de Celtique de l’université de Rennes,  et militant nationaliste lui-même, surtout connu pour avoir soutenu une thèse de doctorat à la gloire du militant nationaliste pronazi François Elies dit Abeozen.

À peine le DEA soutenu, sans même attendre qu’il soutienne sa thèse (thèse toujours absente à ce jour), Martial Ménard, autre militant nationaliste et ancien terroriste reconverti dans l’édition (je ne fais ici que citer l’hommage officiel qui lui a été rendu par l’Institut culturel de Bretagne en 2013, lorsqu’il a reçu le collier de l’hermine en même temps que deux autres militants nationalistes) le publie en 2001 sous le titre Les Nationalistes bretons sous l’Occupation.

En toute hâte encore et chez un éditeur tout aussi nationaliste, Yoran Embanner, Hamon publie Le Bezen Perrot, avec préface d’un autonomiste expliquant que l’exécution de l’abbé Perrot était un crime contre l’humanité et que le nationalisme français était la cause de l’enrôlement de pauvres jeunes gens sous uniforme SS.

Au même moment, les socialistes s’allient aux autonomistes de l’UDB qu’ils vont faire entrer au conseil régional. Jack Lang veut intégrer Diwan — chose gênante, le collège Diwan porte le nom sulfureux de Roparz Hemon :   on prie Diwan de débaptiser son collège et on cherche des militants pour que le mouvement breton puisse reprendre la main sur une histoire qui risque d’être explosive avec l’ouverture des archives. Il s’agit en somme de régler le problème avant que d’autres ne s’y risquent et surtout en interdisant toute réflexion en relation avec le présent : le ménage a été fait, circulez, plus rien à voir.

C’est d’ailleurs ce qu’écrit Hamon : l’essentiel est de se garder de « tout amalgame entre cette époque et le mouvement breton actuel ». L’histoire du Bezen était « le dernier sujet tabou » mais grâce à lui, problème réglé. Aucun rapport avec le FLB, aucun rapport avec le mouvement breton actuel, pas d’analyse idéologique : cordon sanitaire.

Bénéficiant d’un poste à la mairie de Rennes, il peut venir sans souci aux archives, et l’ancien maire de Rennes, Edmond Hervé, se rend en personne à ses conférences, pourtant notoirement soporifiques — ce dernier n’a-t-il pas créé le Comité à l’identité bretonne qui nous a valu les expositions à la gloire de Xavier de Langlais et des Seiz Breur, hommage au pur nationalisme engagé dans la collaboration ?

Son histoire du Bezen est indéchiffrable, les noms étant donnés cryptés et les faits exposés de manière soigneusement brouillée (et ce n’est encore rien en regard de son troisième livre, Agents du Reich en Bretagne où les noms sont faussés). Mais les archives ont été exploitées pour fournir une histoire du Bezen : inutile donc de s’y risquer, encore une fois, le problème est réglé.

 De même Hamon travaille-t-il sur le dossier Monjarret en vue de le blanchir : les archives sont exploitées de manière systématique afin d’appuyer les déclarations de Paul dit Polig, Monjarret, redoutable collaborateur des nazis mais acquitté, comme tant d’autres.

Le socialiste Le Drian a fait ériger une statue à la gloire de Monjarret dans sa ville de Lorient. Il faut un historien pour effacer les faits qui font mauvais effet : Hamon s’en charge.

Le nom de Monjarret est proposé pour le collège de Plescop, dans le Morbihan, puis pour une rue de Guingamp : de nombreuses associations se mobilisent pour protester — je rédige un long dossier sur le cas Monjarret,  avec l’aide de membres de la Libre Pensée, de la Ligue des Droits de l’Homme et de l’ANACR (Association nationale des anciens combattants de la Résistance). Après consultation du dossier, les élus constatent que le nom de Monjarret est inadmissible tant pour un collège que pour une rue de la ville où il se livrait à ses activités collaborationnistes.

 À cette occasion, démonstration est faite du rôle de Hamon et de la censure exercée sur ceux qui entendent apporter une information exacte en réponse à ses allégations.

 Il me fait grief de l’avoir désigné comme « historien autonomiste » :  historien, oui, autonomiste, ah non ! Et pourtant, il fait partie des soutiens de l’UDB, parti autonomiste… Aurait-il été historien s’il n’avait pas été autonomiste ?

Pour nous en assurer, pourquoi ne pas lui donner la parole ?

Cet autoportrait en autodidacte a été publié sur son blog en hommage au terroriste Ménard.

.jeudi 8 septembre 2016

Martial Ménard est décédé

Depuis quelques mois les nouvelles n’étaient pas très rassurantes. L’Ankou a fauché Martial Ménard aujourd’hui. Je ne partageais pas toutes ses opinions politiques sur le mouvement breton, loin s’en faut. Peu importe. Deux années nous séparaient et nous avions en commun les mêmes origines très modestes, vécus dans les mêmes HLM, quittés l’école un peu trop vite, n’ayant jamais mis les pieds au lycée et se retrouvant au travail à 15 ou 16 ans sans que l’on nous demande trop notre avis. Dotés d’une excellente mémoire, comme tous les autodidactes, notre formation intellectuelle fut d’abord celle de l’engagement syndical ou politique. Puis arrivèrent les années 70-80. Celles du renouveau de la culture bretonne, de la gauche au pouvoir, des luttes communes pour la défense de la langue bretonne. Des opportunités professionnelles s’offraient alors aux jeunes que nous étions et inconcevables pour ceux d’aujourd’hui. Puis ce fut chacun sa route, chacun son chemin. Douze métiers, treize misères. Après quelques années d’exil professionnel à Lyon puis Toulon, je retrouvais Martial en Bretagne dans les années quatre-vingt-dix. Lui, l’ancien apprenti sans aucun diplôme, devenu un excellent bretonnant, reconnu par les universitaires comme un brillant linguiste, dirigeait les éditions en langue bretonne An Here. Pour ma part, en 1993, à quarante ans, je décidais de passer mon baccalauréat et d’entamer des études d’histoire à l’université. Après un mémoire de maîtrise sur le journal L’Ouest-Éclair, dont une synthèse sera éditée aux PUR, je soutenais un mémoire de DEA sur les nationalistes bretons dont je n’imaginais pas un seul instant en faire un livre. La soutenance terminée, en juillet 2000, je suis contacté par Martial qui me propose de l’éditer sous le titre Les nationalistes bretons sous l’Occupation. L’ouvrage sort en 2001 et connaîtra trois rééditions avec un certain succès. Ce qui vaudra à l’éditeur quelques lettres d’insultes assez étonnantes et des menaces de procès de familles du mouvement breton « L’Emsav », qu’il est inutile de nommer. Commencent ensuite les conférences, parfois perturbées par l’extrême-droite bretonne, et séances de dédicaces lors des salons du livre. Nous avons eu alors le temps de discuter et de mieux nous connaître. J’ai découvert un homme extrêmement sensible et très chaleureux, auquel la vie n’a pas toujours souri. C’était aussi des moments de franche rigolade car Martial, en bon Gallo qu’il était resté, était un garçon truculent avec un sens de l’humour à toute épreuve. Pour An Here, c’était alors les années fastes, avec l’immense succès du livre de Jean-Marie Déguignet dont les bénéfices serviront à l’édition de son dictionnaire de la langue bretonne. Martial fut très affecté par le dépôt de bilan de sa maison d’édition. C’est dans ces moments que l’on compte ses « meilleurs amis ». Bien qu’il n’en laissait rien paraître, il fut également blessé par les attaques calomnieuses dont il fut victime. C’est alors que Ouest-France eut l’excellente idée de lui proposer une chronique hebdomadaire sur la langue bretonne, bouée d’oxygène morale et forme de reconnaissance de son travail accompli. .

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Le style et les fautes d’orthographe parlent d’eux-mêmes, et les naïfs aveux en disent plus long que de longues démonstrations :  le DEA publié à la hâte bénéficie de campagnes de publicité, rencontres, salons… Quant au terroriste reconverti dans l’édition, oui, les années étaient fastes pour lui : il faudrait faire le compte des subventions englouties dans la maison An Here qu’il a dirigée et menée à sa perte.

Face à cette promotion, il faut placer la censure opposée au Monde comme si et à Miliciens contre maquisards pour mesurer le rôle du lobby nationaliste en Bretagne.

L’hommage est accompagné d’un portrait montrant l’auteur en compagnie de Ménard et Goasdoué, directeur du journal Bretagne-Hebdo fondé par ce même Ménard avec un autre terroriste (journal disparu suite à une condamnation pour diffamation après la parution du Monde comme si).

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Dans son essai sur le Bezen Perrot, K. Hamon passe sous silence la présence du Bezen à Bourbriac.

J’ai d’abord pensé qu’il s’était trompé de bonne foi — il faut dire que son livre est criblé d’erreurs. Errare humanum est…  Tout se serait arrêté là si, pendant des mois, il ne s’était répandu site le Forum de la Seconde Guerre mondiale en attaques visant à prouver que le Bezen n’était pas à Bourbriac. Perseverare diabolicum…

J’ai fini par adresser une argumentation en réponse au site qui diffusait ces attaques appuyées sur des allégations délirantes.

Cette argumentation aurait pu être l’objet d’un débat, après tout peut-être intéressant, qui sait, si ma réponse, n’avait été, suite à une véritable déculottade de Hamon démissionnant du Forum plutôt que de répondre, interdite de discussion, puis censurée. Je l’ai publiée ici, considérant que le plus intéressant de l’affaire était, en somme, la censure.

Et le voici qui repart en guerre…

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 Le 14 décembre à Rennes a lieu la projection d’un documentaire, La Découverte ou l’ignorance. Le réalisateur, Vincent Jaglin, qui a travaillé dix ans sur ce film, s’est interrogé sur l’itinéraire de ses grands-oncles, Joseph et Pierre Hirgair, engagés au Bezen Perrot. Ce documentaire a eu le prix du documentaire historique 2014 à Blois.

Dans ce film, Hamon — vérité d’évidence, mais il est heureux de l’entendre dire — déclare que tout le mouvement breton a collaboré. Il expose ensuite les tortures, les exactions du Bezen en maints endroits de Bretagne, par exemple à Bourbriac.

À Bourbriac ? Mais oui !

J’ai pris son intervention pour un aveu, tardif sans doute, mais mieux vaut tard que jamais : il  reconnaissait donc enfin son erreur — il faut noter qu’aucun historien sérieux ne nie désormais la présence du Bezen à Bourbriac (donnée comme effective notamment par Sébastien Carney dans sa thèse et l’essai qu’il en a tiré sous le titre Breiz Atao ! ).

L’inepte polémique qu’il avait entretenue à ce sujet était donc close.

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Que non !

Dans la nuit de Noël, peu avant minuit, Hamon adresse tous azimuts un communiqué vengeur. Communiqué actuellement illisible, on peut le vérifier, car bretagne-xxe est devenue kristianhamon, et le communiqué n° 1 est enlisé dans une « nouvelle communication » :

 « Bloavezh mat !

L’équipe et les collaborateurs du blog « La Bretagne dans le XXe siècle », c’est-à-dire moi, vous présente ses meilleurs vœux pour cette nouvelle année.

Kristian Hamon

http://bretagne-xxe.blogspot.fr/

 Bonjour,

« La Bretagne dans le XXe siècle » pouvant prêter à confusion avec certains ouvrages ou d’autres sites internet, il m’a semblé plus simple de modifier le titre du blog qui devient donc « Kristian Hamon : le blog », avec une nouvelle communication « Du bagne pour enfants à la LVF ».

Bien cordialement.

 Kristian Hamon »

En vérité, le communiqué inaugural du nouveau blog est le communiqué vengeur du 24 décembre donné tel quel :

« La découverte ou l’ignorance

Le 14 décembre dernier, « La découverte ou l’ignorance » a été projeté en avant-première à Rennes.

Amère découverte car, contrairement aux usages, j’ai été tenu dans l’ignorance totale des autres participants à ce film. Ce qui, au cas contraire, n’eût pas manqué d’entrainer mon retrait.

En conséquence, ma présentation factuelle des exactions du Bezen Perrot n’implique en aucun cas que je partage les analyses pseudo-historiques développées dans ce film et les amalgames douteux faits entre ce passé injustifiable et la réalité culturelle bretonne d’aujourd’hui.

Kristian Hamon »

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En bref, Hamon n’a pas supporté que le réalisateur ait fait appel à d’autres personnes que lui, seul spécialiste autorisé. Nous avons, Bertrand Frélaut et moi, été interrogés, offense inadmissible, atteinte au privilège !

Il dénonce :

 — « les analyses pseudo-historiques développées dans ce film » (mais il est incapable de citer un seul fait qu’il ait à contester) ;

— les « amalgames douteux faits entre ce passé injustifiable et la réalité culturelle bretonne d’aujourd’hui ».

 Tel est bien l’essentiel, et ici apparaît en clair son rôle, à savoir nier tout rapport entre le nationalisme breton d’hier et d’aujourd’hui : il s’agit de faire l’histoire de manière à ce qu’elle serve de cordon sanitaire séparant un « passé injustifiable » du bon autonomisme actuel — ce qu’il désigne, selon la pratique habituelle du mouvement breton, comme « la réalité culturelle bretonne »

 Le premier article du blog est un texte de 28 pages destiné à rallumer, comme l’indique son titre, « La controverse de Bourbriac », bien qu’il assure en conclusion trouver « particulièrement malsain » de faire des « polémiques » à ce sujet.

La polémique, c’est lui qui la rallume pour la troisième fois.

 On trouvera ici cet article en PDF

Hamon Bourbriac

On peut se dispenser de l’épreuve de la lecture car je vais résumer son argumentation, sachant que le sujet de la « controverse »  est simple et ne demande qu’un unique mot de réponse : le Bezen était-il à Bourbriac, oui ou non ?

La réponse est oui, il l’a reconnu lui-même spontanément dans son interview.

La question subsidiaire (et que tout ce verbiage sert à dissimuler) est évidemment : pourquoi l’a-t-il dissimulée ? Et le second but de la controverse qui le mobilise de manière si urgente et si prolixe, est bien sûr de dénoncer publiquement un auteur jamais nommé et tout de même désigné comme n’étant pas un auteur mâle, à savoir « l’auteure de “Miliciens contre maquisards” ».

Le débat qu’il a engagé sur des faits auxquels j’ai répondu, et mon argumentation en réponse, sont totalement gommés, comme mon nom : nous sommes dans ce que j’appelle  un « débat breton » — à savoir un débat opposant un autonomiste  et un autonomiste, c’est-à-dire, en l’occurrence, Hamon et Hamon, sans polémique malsaine, bien sûr.

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Pour que tout soit clair, je rappelle brièvement les faits :

— J’ai écrit l’histoire d’une rafle, la rafle du 11 juillet 1944 à Saint-Nicolas-du-Pélem, rafle à laquelle mon père a échappé alors que sept jeunes gens étaient emprisonnés dans la cave du notaire Sourimant à Bourbriac, atrocement torturés et assassinés le 16 juillet par les miliciens du Bezen Perrot assistant les nazis.

— Je me suis interrogée sur le traitement de cet événement par les historiens qui passaient tous sous silence la présence du Bezen Perrot à Bourbriac.

— Ce silence était d’autant plus étrange de la part de Kristian Hamon, auteur d’un essai exclusivement consacré au Bezen Perrot.

— Et il était d’autant plus étrange que la page qu’il consacrait à l’épisode de Bourbriac (ce qui, en soi, était déjà étrange puisque le Bezen, d’après lui, n’était pas là) démarquait deux textes, le témoignage d’un résistant emprisonné, Guillaume Le Bris, et le rapport d’un commissaire chargé de l’enquête — tous deux mentionnant très clairement la présence du Bezen…

Voici donc, en bref, son argumentation :

1. Il a beaucoup travaillé sur le Bezen mais il sait qu’il reste des « zones d’ombre ». « Parmi ces lieux sujets à controverse, figure la rafle de Bourbriac, qui a fait l’objet d’un ouvrage intitulé « Miliciens contre maquisards »[1].

2. À son avis, les historiens n’ont jamais occulté la présence du Bezen, et lui non plus : « Si la participation du Bezen aux rafles effectuées dans la région n’a jamais été occultée, sa présence dans la cave Souriman (sic) m’apparaissait en effet incertaine[2].  »

3. Il a bien consulté les dossiers des membres du Bezen mais « aucun d’entre eux n’avait jamais entendu parler de cette affaire ». Sachant que les miliciens arrêtés n’ont rien de plus pressé que de se vanter de leurs exploits, pas de Bezen à Bourbriac.

4. Retour à l’affaire Jarnouen, ou la lettre volée : l’oncle et la sœur du milicien Jarnouen ont reçu une lettre de sa part indiquant qu’il était  à Bourbriac, mais, l’oncle écrit « Bourbriac ou Loudéac » donc exit la déposition de la sœur. Pourquoi le Bezen aurait-il été à Bourbriac puisqu’il pouvait être à Loudéac ?[3]… « Le hasard est un facteur qu’il ne faut pas sous-estimer », comme il l’écrit. Chacun sait que le Bezen n’était pas à Loudéac, bien sûr, mais potentiellement, il aurait très bien pu… Donc, pas de Bezen à Bourbriac.

5. Guillaume Le Bris, enfermé dans la cave Sourimant, a bien écrit un récit dans lequel il décrit les miliciens du Bezen mais il est possible qu’il les ait mal vus, car il ne les décrit qu’à quatre reprises, et d’ailleurs, « le hasard est un facteur qu’il ne faut pas sous-estimer », potentiellement, il aurait très bien pu ne pas les voir. Donc, pas de Bezen à Bourbriac.

6. Suivent des copies de dépositions diverses de témoins de Bourbriac qui ne parlent pas du Bezen (les dépositions des témoins qui en parlent figurent dans Miliciens contre maquisards). La femme du notaire ne parle pas du Bezen, Hamon la cite — le notaire en parle, donc Hamon ne le cite pas, vu que, potentiellement, le notaire aurait très bien pu ne pas parler du Bezen. Donc le Bezen n’était pas à Bourbriac.

7. Pour finir, citation d’une note anonyme non datée et non signée attribuant hypothétiquement à Corre et Le Hir du Kommando de Landerneau les tortures exercées à Bourbriac du 6 juillet (date fausse) au 17 juillet (date fausse).

Le Kommando de Landerneau n’était pas à Bourbriac en juillet, j’en ai apporté la preuve, et ce qui est surtout remarquable ici est la manière dont ma démonstration est passée à la trappe[4] mais, étant donné qu’il faut que le Bezen soit ailleurs et que « le hasard est un facteur qu’il ne faut pas sous-estimer », même si la démonstration a été faite sur ce point, Hamon ne voit pas pourquoi il ne mettrait quand même pas le Kommando de Landerneau à la place du Bezen puisque potentiellement, il aurait très bien pu être là.

8. Enfin, pour montrer que Hamon n’est pas foncièrement hostile à la présence du Bezen à Bourbriac, il nous propose une découverte de son cru qu’il présente comme une révélation, un véritable scoop : un membre du Bezen Perrot serait venu à Bourbriac déguisé en romanichel…

Telle est l’argumentation développée sur près de 30 pages.

Elle illustre parfaitement la méthode Hamon.

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Comme je l’ai dit plus haut, ce dernier a écrit la page de son essai Le Bezen Perrot au sujet de Bourbriac en recopiant textuellement un rapport d’un commissaire chargé de l’enquête sur les événements de Bourbriac. Or, en conclusion de son rapport, le commissaire écrit :

« Il est à noter que c’est après cet incident qu’une vaste opération fut effectuée à Bourbriac et dans la région avec la participation du S. D. de Rennes, de la Milice Perrot et des Groupes de Combat, opération qui a fait l’objet de l’ordre d’informer n° 638 du 28 juin 1946. »

Un historien de formation française banale, croyant devoir respecter ses sources, aurait recopié jusqu’au bout le rapport du commissaire, mais nous sommes ici en présence d’un historien autonomiste, pratiquant l’ouverture et laissant libre cours au possible inscrit dans le vaste cours de la celtitude.

Dans cette perspective, au lieu d’écrire ce dernier paragraphe, le commissaire aurait très bien pu écrire, par exemple :

«  Il est à noter que c’est après cet incident qu’une vaste opération fut effectuée à Bourbriac et dans la région avec la participation du S. D. de Rennes et des Groupes de Combat. »

… ou encore :

« Il est à noter que c’est après cet incident qu’une vaste opération fut effectuée à Loudéac et dans la région avec la participation du S. D. de Rennes, de la Milice Perrot et des Groupes de Combat. »

… ou encore :

« Il est à noter que c’est après cet incident qu’une vaste opération fut effectuée à Merdrignac et dans la région avec la participation du S. D. de Rennes, du Kommando de Landerneau et des Groupes de Combat. »

Écrivant son essai sur le Bezen Perrot et soucieux de montrer que le Bezen était innocent des crimes de Bourbriac, Hamon a préféré couper le passage en bloc : c’est simple, c’est propre et c’est définitif, adieu Milice Perrot, le problème est réglé, il est désormais « particulièrement malsain » de venir faire des « polémiques » à ce sujet.

Mais qui fait des polémiques, sinon lui, et pourquoi les relance-t-il précisément au moment où le film paraît ?

La réponse est claire : dans le but de discréditer le film en me discréditant.

Cependant, ce faisant, c’est lui-même qu’il discrédite. En effet, il l’avoue, s’il a travesti l’identité des membres du Bezen et des agents du Reich, c’est pour ne pas « nuire à leur descendance » !

Eh oui, bon nombre d’entre eux ont eu pour descendance des militants qui occupent actuellement des postes clés en Bretagne et ces militants auraient risqué d’être « blessés inutilement » (car on peut être blessé utilement) que l’on rappelle le passé de leurs géniteurs, dont ils ont pourtant repris le combat. Argument en or pour un historien : « Toute vérité n’est pas bonne à dire »… Surtout quand on risque de parler de militants bretons « toujours en vie » et qui ont œuvré pour tant d’« activités culturelles » bretonnes — ne parlons pas du FLB, et autres activités culturelles qu’il serait inconvenant d’évoquer…

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En prime, pour achever d’illustrer la méthode Hamon, le scoop, le fameux scoop sur la présence à Bourbriac d’un membre du Bezen déguisé en romanichel.

J’ai identifié les cinq tortionnaires du Bezen qui étaient présents à Bourbriac en précisant leur itinéraire et Hamon a été totalement incapable de démontrer qu’ils étaient ailleurs, ce qu’il n’aurait pas manqué de faire s’il y avait eu la moindre incertitude à ce sujet.

Comme, lors de son interview pour le film de Vincent Jaglin, il a reconnu que le Bezen était à Bourbriac, il lui faut désormais y faire venir le Bezen d’une manière ou d’une autre tout en assurant que je me suis trompée pour discréditer le film et me discréditer, puisque le réalisateur a eu le front de m’interroger sans lui demander son autorisation. Il invente donc un épisode rocambolesque, évidemment absurde lorsqu’on connaît les faits (mais qui les connaît ?) et il procède selon sa méthode habituelle en travestissant les noms pour brouiller les pistes.

Je vais donc tenter de mon mieux d’éclairer la mystérieuse affaire du milicien romanichel, méli-mélo fantasmatique qui aura, faute de mieux, le mérite d’illustrer jusqu’où peut aller la réécriture de l’histoire par un militant obsédé par le désir de nuire à une recherche qu’il sait exacte.

Prenons les choses par le début. Guillaume Le Bris, le maquisard dont le livre a servi de base à mes recherches sur la rafle du 11 juillet 1944, raconte qu’un jour, sans doute le 13 ou le 14 juillet, deux romanichels, un homme et une femme, qui se rendent à Loc-Envel viennent renseigner les Allemands à Bourbriac. J’ai moi-même évoqué cet épisode, qui montre d’ailleurs l’exactitude des faits évoqués par Le Bris : les archives nous apprennent qu’en effet, peu après, des romanichels sont fusillés par la Résistance près de Bourbriac pour avoir dénoncé des maquis…

Comment Hamon va-t-il se servir de cet épisode pour travestir les faits ?

Tout part du nom de Loc-Envel.

Loc-Envel ? Mais c’est là que vivait Roger Hervé, un membre du Bezen ! Et il vivait avec Mathilde Le Gall, une femme qui travaillait aussi pour les Allemands. Loc-Envel, un homme, une femme, mais ils auraient très bien pu se déguiser en bohémiens pour venir renseigner les Allemands !

Cependant, pour que Roger Hervé ne soit pas identifiable, Hamon le désigne ici par le pseudonyme de « Philippe », puis de « Martin ». Il rappelle qu’il connaît bien le dossier puisqu’il a évoqué le couple dans son essai Agents du Reich en Bretagne. Lorsqu’on s’y reporte, on constate que sous sa plume Roger Hervé est devenu Alain Guerduel  et Mathilde Le Gall Marie Kerlivan ; pour achever de tout brouiller, Loc-Envel est devenu (…). Pas de lieu, pas de noms : méthode Hamon.

Comment prouver que la présence de « Guerduel et Kerlivan » à Bourbriac est une pure invention ?

Dans le monde de l’histoire réelle, c’est tout simple : le 7 juillet, comme le reconnaît Hamon lui-même, Roger Hervé se battait à Brouallan contre le maquis, en civil et avec un casque et des bottes allemandes.  Pourquoi ne serait-il pas parti à pied avec sa femme, ses casseroles et ses marmites vers l’autre bout de la Bretagne ? Pourquoi ? Parce que, le 12 ou le 13, il s’inscrivait au Bezen, d’après le témoignage du milicien Malrieu, son ami, et s’occupait d’installer sa femme et son enfant à Rennes (et ensuite, d’ailleurs, chez Malrieu). L’enfant est un peu encombrant pour un périple à pied de Rennes à Bourbriac mais logeons-le dans un des balluchons des romanichels et voilà, c’est le cas de le dire, l’affaire dans le sac.

 À quoi sert cette invention ?

À amener la conclusion des 28 pages sur « la controverse de Bourbriac » :

« Est-ce lui et sa femme qui étaient réellement à Bourbriac cette semaine-là ou de vrais « romanichels »? Si oui, Le Bris les connaissaient-ils (sic)  ? Étaient-ils seuls ou y avait-il d’autres éléments isolés du Bezen ou du Kommando de Landerneau ?

Autant de questions qui n’ont toujours pas de réponse, sauf à prendre pour argent comptant le récit de Le Bris.

Toutes les hypothèses sont permises, mais il serait particulièrement malsain d’utiliser ce drame à des fins polémiques »

 Pour Hamon toutes les hypothèses sont permises, y compris les plus fausses, et qu’il sait d’ailleurs telles. Les questions absurdes qu’il pose ont une réponse claire : il peut convoquer à Bourbriac Roger Hervé, sa femme, son fils, son chat et le Kommando de Landerneau déguisé ou non en romanichels, tout cela ne relève que d’une falsification  des faits à des fins polémiques. Une polémique qu’il relance sans fin pour dissimuler le fait essentiel : il a menti et continue de mentir sur cet épisode de la Résistance.

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Pseudonymes, identités cryptées, faits effacés : tout cela pourquoi ? Pour préserver la zone de flou permettant de dire sans dire et d’avancer masqué. Le mouvement breton se préserve ainsi d’investigations qui risqueraient d’amener à poser les vraies questions.

Nous ne sommes pas du tout là dans un débat normal, comme il y en a tant, sur de menus points d’histoire — un débat, d’ailleurs, à dire vrai, totalement anormal sur un si menu point d’histoire mais qui, après tout, pouvait encore relever de la prise en compte de faits réels. Bien au contraire, l’argumentation en réponse ayant été purement et simplement éliminée, nous sommes en présence d’une injonction des faits à être ce qu’ils devraient être selon la mentalité magique substituant au réel le réel potentiel du nationalisme breton qui inclut ce qu’il est bon d’y inclure, et supprime ce qui dérange.

La réécriture de l’histoire (en l’occurrence, celle d’un minuscule épisode de l’histoire de l’Occupation) rend intolérable la moindre intrusion dans un domaine considéré comme propriété gardée.

C’est bien ce que signifie cette nouvelle polémique : la censure s’exerce aussi par la rumeur, et le but est ici de discréditer par la rumeur, donc de laisser planer le doute sur mes recherches et sur le film d’un réalisateur qui a osé, crime inexpiable, me donner la parole.

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© Françoise Morvan

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[1] Je note que Bourbriac n’a fait l’objet d’aucune rafle et n’est l’objet d’aucune controverse, à part celle qu’il relance.

[2] De fait, le Bezen pouvait assurément être partout sauf dans la cave Sourimant où étaient claustrés les résistants.

[3] Ce qui est à remarquer ici, c’est la réitération avec suppression de l’argumentation en réponse  : https://francoisemorvan.com/histoire/miliciens-contre-maquisards-ou-la-resistance-trahie/comment-sexerce-la-censure-en-bretagne/

[4] On peut se reporter, ici encore, à l’argumentation en réponse  :

https://francoisemorvan.com/histoire/miliciens-contre-maquisards-ou-la-resistance-trahie/comment-sexerce-la-censure-en-bretagne/

On remarquera simplement que le lien menant à l’intervention de Hamon au sujet du Kommando de Landerneau sur le Forum de la Seconde Guerre mondiale est dorénavant inactif… Ainsi a-t-il aussi fait passer à la trappe ses erreurs à ce sujet.

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PETITE NOTE COMPLÉMENTAIRE

AGENTS DU REICH EN BRETAGNE

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Le dernier livre de Hamon, Agents du Reich en Bretagne, est paru (quoi d’étonnant) avec l’aide du conseil régional de Bretagne.

Hamon remercie un agrégé qui a bien voulu relire sa prose, mais voici la première phrase du premier chapitre :

« Avec pour seul point de départ une naissance à Lézardrieux, découvrir l’activité réelle du père d’Ingrid sous l’Occupation n’est pas évidente ».

Quelques lignes plus bas :

« Seule fille d’une famille de dix enfants, son père était meunier… »

Et, peu après, au sujet du château de Coat-an-Noz :

« Délaissé depuis la guerre, son nouveau propriétaire a entrepris des travaux de restauration. »

Le style Hamon est à l’unisson de la méthode Hamon.

Si j’ai acheté le livre, c’est que je m’intéressais au traitement réservé aux « agents du Reich » à l’origine du démantèlement du réseau de mon grand-oncle, Joseph Pennec, arrêté et déporté suite à l’infiltration de ce réseau par un milicien du groupe Vissault et un autonomiste nommé Larboulette.

Pas de Larboulette dans l’essai de Hamon : dans le fatras de pseudonymes destinés à préserver l’anonymat des militants bretons, Larboulette devient Roger Kervezo, de même que Roger Hervé devient Alain Guerduel (les faux noms sonnent agréablement breton et permettent de dissimuler les identités tout en restant dans l’identitaire).

Quant à mon grand-oncle, il se voit rebaptisé Robert Pennec. Robert ? Pourquoi Robert ? Mais après tout pourquoi pas Robert ? Les membres de son réseau l’appellent Bob (Bob, oui, pour Job, diminutif breton de Joseph). Pour Hamon, Bob : Robert — va pour Robert Pennec.

Et tout à l’avenant…

Un essai historique suppose de donner les cotes des dossiers d’archives, les références des citations pour permettre aux chercheurs qui prendront la suite de s’orienter, compléter au besoin, apporter des rectificatifs : ici, tout est supprimé — aucune référence, aucune bibliographie, pseudonymes pour les uns, noms falsifiés pour les autres afin de court-circuiter toute recherche… Chasse gardée.

L’histoire bretonne subventionnée par le conseil régional, c’est ça.

Et c’est lui que l’ANACR 35 (association destinée à perpétuer la mémoire de la Résistance) vient d’élire à son comité directeur

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UNE PETITE PÉPITE

HAMON ET MARCHAL

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Depuis une dizaine d’années, les militants nationalistes ont fait de Wikipedia une arme privilégiée de leur combat : tout ce qui concerne la Bretagne est revu et corrigé à leur manière. Il va de soi que je suis devenue pour eux une cible de choix. Ce n’est pas sans étonnement que j’ai découvert des enquêtes statistiques selon lesquelles je me trouvais être l’auteur français le plus controversé du monde  — et cela, bien sûr, non en raison des volumes que j’ai publiés mais uniquement du Monde comme si et des quelques articles qui intéressent les militants bretons.

Lassée de lire des inepties partout reproduites, j’ai décidé d’intervenir sur Wikipedia, ce qui a donné lieu à une controverse dont j’ai rendu compte en direct sur ce site.

Cette controverse a donné lieu à son tour à une réaction de Kristian Hamon — réaction que j’ai reproduite en PDF et brièvement analysée. Je la reprends ici avec ces quelques commentaires :

Hamon sur Marchal

On trouve ici une illustration parfaite de la méthode des nationalistes  :

— Le double jeu :

Ce militant soutient l’UDB, parti autonomiste, mais juge diffamatoire d’être qualifié d’historien autonomiste.

 — La victimisation :

Je démontre qu’il a dissimulé intentionnellement la présence des tortionnaires du Bezen Perrot à Bourbriac, ce qui est un fait objectif, et il voit là l’expression d’une « vieille haine recuite ».

— L’éternelle accusation de complottisme : « On savait Françoise Morvan en butte aux complots des néo-nazis et autres autonomistes qui infectent sa province natale, pullulent dans le bocage comme chouans dépeceurs de bleus. »

— Le détournement de l’information : remettant en cause l’enquête de Jean Tillinac il lui oppose une autre enquête du Huffington post — qui donne le même résultat. Ce qui le frappe, ce n’est nullement l’acharnement des militants nationalistes d’extrême droite et leur combat poursuivi via Wikipedia — ce combat ne semble en rien le déranger, ce qu’il entend nier, c’est l’importance qui m’est accordée.

— Enfin, pour achever le tout, la réhabilitation insidieuse de Morvan Marchal, militant nationaliste, inventeur du drapeau breton, qu’il ne faut pas qualifier de « druide raciste ». Il était druide, il était raciste, mais il ne faut pas le dire.

Pour procéder à la réhabilitation de Polig Monjarret, K. Hamon se servait de pièces de procès extraites du dossier. Pour Morvan Marchal, la méthode est la même : il extrait des archives (c’est son fonds de commerce) une attestation d’un franc-maçon venu défendre Marchal à la Libération et qui cite pour appuyer son éloge… Nemeton, luxueuse revue druidique antisémite et pronazie (ici présentée comme une inoffensive « revue d’apparence celtique » qui aurait eu le mérite de critiquer Vichy).

Et le document est donné caviardé pour ne pas nuire à la vie privée de ce pauvre Morvan Marchal…

Peu après, selon le même procédé, ayant farfouillé dans le dossier Creston à la Libération, il en extrait l’apologie de Creston par Creston, faisant de ce collaborateur des nazis brusquement devenu communiste à la Libération, un grand héros de la Résistance. Creston, l’un des personnages les plus répugnants du mouvement breton, le fondateur du groupe des Seiz Breur, dont l’article 1 stipulait que pour en faire partie il fallait être de sang breton, le collaborateur de L’Heure bretonne

Tels sont donc les écrits d’un membre du Comité directeur de l’ANACR et de l’ADIRP, associations de défense de la mémoire de la Résistance…

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CONFESSION

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Comme pour préparer l’AG de l’ANACR, craignant peut-être de se voir poser des questions gênantes, K. Hamon s’est livré à une confession qui n’est pas sans intérêt.

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En prime, une note de lecture qui me semble bien rendre compte d’Agents du Reich en Bretagne. Son auteur souligne l’absence d’analyse, le parti-pris de ne rien vouloir démontrer et de se cantonner à quelques cas tout en exploitant massivement les pièces d’archives, mais il ne s’interroge pas sur les raisons de cette confusion. Or, là est bien l’essentiel : il ne faut surtout pas permettre de comprendre la spécificité de l’engagement nationaliste au service du Reich — engagement de quelques égarés dont l’histoire, à présent, grâce aux historiens et aux maisons d’éditions nationalistes, est faite, telle est  la conclusion à retenir (conclusion d’ailleurs formulée à la fin du Bezen Perrot). Ainsi le mouvement breton reste-t-il maître d’une histoire conforme à ses intérêts actuels.

Kristian Hamon Place Publique 16

4 réponses à Réécriture de l’histoire : le cas Hamon

  1. aménité dit :

    Point d’ ajoût au fatras de pseudonymes, juste triste de voir une personne pointilleuse se chamailler stérilement avec Kristian HAMON. Alors que présentement, les catholiques non progressistes profitent de la montée du Front National, sous couvert de messes en Breton, du Tro Breizh, à Ste Anne d’ Auray, en souvenir des Perrot, Caouissin… Ar Gedour est une mine !! Les scouts d’ Europe ( si différents des scouts de France ) fournissent les prêtres de Bretagne Feiz ha breiz charmant des personnes dupes ou naïves, n’ imaginant pas un instant que les apparences en Vallée des Saints, en milieux bretonnants, n’ ont rien à voir avec une chrétienté charitable qui existe chez les Scouts de France ( mon père Eclaireur de France , proche des communistes, a participé à la libération de Quimper ). C’ est ici et maintenant, pourquoi ne pas vous rapprochez tous les 2 pour vous attaquer aux vrais problèmes actuels ?

    • Françoise Morvan dit :

      Entièrement de votre avis : le catholicisme intégriste ne cesse de croître en Bretagne et le lobby patronal breton permet à un véritable business catholique de proliférer — hideusement, d’ailleurs, voir la Vallée des saints

      https://www.facebook.com/andre.markowicz/posts/1675459799332992

      Vous avez parfaitement raison aussi de dénoncer le scoutisme national breton qui, comme je le montre dans Le Monde comme si, a été l’un des creusets du nationalisme actuel. Les scouts Bleimor issus d’Ololê des frères Caouissin et du scoutisme national breton de Polig Monjarret ont rassemblé Alan Stivell, Annaig Renault, Donatien Laurent et tant d’autres, sous la bannière des scouts d’Europe, fédérant tant d’anciens fascistes décidés à poursuivre le « combat breton »).
      Pour Ololê, voir

      http://le-grib.com/litterature/o-lo-le-tintin-et-les-freres-caouissin/

      Pour Polig Monjarret, voir

      http://le-grib.com/histoire/reecriture-de-lhistoire-en-bretagne/reecriture-de-lhistoire-et-censure-le-cas-monjarret-suite/

      Inutile donc d’épiloguer.

      Vous faites référence à Ar Gedour dont le site offre, en effet, une synthèse du dogme : voir notamment l’éloge de Polig Monjarret.

      http://www.ar-gedour-mag.com/tag/polig+montjarret

      Dans la mesure où Kristian Hamon s’est chargé de réhabiliter Polig Monjarret, et où, avec un autre historien autonomiste, il assure sa défense au moment même où des associations protestent contre l’attribution à un collège du nom de ce collaborateur des nazis, il ne me semble pas du tout inutile de m’opposer à cette réécriture de l’histoire.

      http://breizh.blogs.ouest-france.fr/archive/2011/04/10/polig-monjarret-une-figure-bretonne-en-debat.html

      L’action de l’ANACR, de la LDH, de la LP et autres associations est par lui qualifiée de « polémique malsaine ». Il serait, au contraire, bien malsain de ne pas s’opposer à la réhabilitation de nazillons en tout genre au nom de la « culture bretonne ». Il y a là ce que vous appelez un « vrai problème actuel » et, hélas, plus actuel que jamais.
      Vous ne pouvez pas blâmer la promotion du catholicisme intégriste par les autonomistes et considérer comme vétille la promotion de l’une des pires figures de l’autonomisme breton, un militant qui a accompagné les SS du Bezen Perrot dans leur fuite en Allemagne et qui a continué de promouvoir la défense de la « race bretonne ».
      Il est, au contraire, très important de montrer le double discours de la « gauche » autonomiste.
      Cordialement

  2. Ollier morvan dit :

    Bonjour où peut-on voir le film « La découverte ou l’ignorance » ?
    Merci

    • Françoise Morvan dit :

      Hélas, la seule solution est d’attendre la sortie du film en DVD… si possible dans sa version non censurée. Patience et longueur de temps…

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