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Avril est un spectacle que j’ai écrit à partir du deuxième livre de Sur Champ de sable, un livre intitulé Buée qui évoque le temps troublé de l’adolescence à partir des journées de printemps froid en haute Cornouaille.
J’ai changé le titre car rares sont désormais les personnes qui savent ce que désignait la buée, et puis le mot d’avril est une sorte de poème à lui seul, évoquant le tremblement joyeux des giboulées d’avant soleil ; c’est le nom d’Annie Ebrel qui interprète toutes les chansons du spectacle (comme des autres séquences de l’ensemble) ; le spectacle s’est donné le 10 avril 2019 au Théâtre Gérard Philipe et il fallait que la Bretagne si étrange donnée à entendre en écho au poème russe puisse être audible en banlieue nord, ce qui m’a amenée à introduire quelques changements dans le texte.
Le spectacle a été crée le 12 août 2018 aux Lieux mouvants à Lanrivain, par une pluie battante qui nous a obligés à transformer ce spectacle de plein air en spectacle replié dans l’intérieur de la chapelle saint Antoine, lieu splendide que les bourrasques frappant les vitraux rendaient plus magique encore.
Les commentaires des spectateurs étaient très touchants et un merveilleux article de Véronique Hotte peut être lu en ligne.
Le spectacle a ensuite été donné au Théâtre Gérard Philipe, au Théâtre du Nord à Lille, à Calvi et doit être donné au TNP de Villeurbanne quand la pandémie le permettra.
Voici deux ou trois textes inédits.
Lessive Grand vent de houle Nuages bousculés Le verger bouge Jour de lessive Le vent remplit Les manches des chemises Anciens morts oubliés Cherchant leur âme À gestes qui s’affolent La femme en bleu Court détacher ces corps Légers fantômes Qu’elle jette au hasard Sur son épaule Avant la pluie Odeur de froid D’air libre et de savon La pluie résonne sur l’ardoise. * Présage Un peu de savon sur l'eau douce Se diffuse en présage Et se fond dans le flou du ciel Seigneur des prophéties indiscernables Le mage qui saurait le lire Est perdu dans les branches À peine un souffle d’air ou d’eau légère Une ombre d’ondée qui s’efface Mêlée aux blancheurs savonneuses. * Scilles On plonge un mouchoir blanc dans l’eau Le ciel bouge Et l’autre l’agaçante aux mains mouillées Lissant les joncs pour en tirer ces sons plaintifs Qui glissent sur les scilles Sourit au milieu de l'eau noire à fleurs de cire Ritournelle altérée Petite musique fausse des jours d’adolescence Étirement d’un son flûté qui soudain se disperse et disparaît * Eau-de-vie Claquement des battoirs sur le lavoir Clabaudages éclaboussures L’eau sclampe un rire éclate Verre où l’eau-de-vie brille
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À présent, le livre est paru aux éditions Mesures et peut être acheté en ligne.