.
.
Voilà un mois que je dois annoncer la parution de L’Oiseau-loup et que je ne sais rien en dire, sans doute parce que c’est un livre auquel je tiens trop, sans doute aussi parce qu’il touche à trop de domaines. Il est pourtant paru en janvier pour accompagner le spectacle qui a été donné samedi au TNP (et qui s’est très bien passé, mais à ce sujet, là encore, je ne sais rien dire). Or, voilà qu’André Markowicz reçoit un message de Pierre Meunier, un grand acteur, un ami de longue date et un abonné aux éditions Mesures. C’est la première lettre qu’il m’ait écrite et la première lettre que je mets en ligne sur ce site – je la publie car elle justifie à elle seule l’existence de ce livre. Et le rapprochement avec les rêveries de Bachelard en dit plus long que je ne le saurais. C’est aussi l’occasion d’annoncer le spectacle autour et à partir de Bachelard…
« Cher André, merci pour ces arrivages toujours captivants de nouveaux livres à découvrir, emballés et postés par tes soins…
Je n’ai pas le mail de Françoise mais je compte sur toi pour lui transmettre ce petit mot écrit après la lecture de L’Oiseau-Loup.
Chère Françoise, je veux te dire à quel point les jours entre Noël et le 1er janvier ont été marqués pour moi par la découverte de ton si bel Oiseau-Loup. Il s’est ouvert et m’a happé, je me suis laissé faire, c’était si bon et si doux, avec le sentiment de traverser au fil des jours une contrée à la fois familière par l’attention que tu portes à la moindre des choses et sans cesse surprenante dans sa vérité humaine et sensible. Je n’ai pas pu me détacher de ce monde que tu donnes à ressentir si fortement. Comme j’aime ta liberté de choisir la forme qui te convient le mieux entre le poème, la prose, et tout cet air, ces espaces vierges entre les paragraphes et les pages, autant de respirations, de silences, de rêveries possibles pour le lecteur aux yeux brillants.
Quelle âpreté, c’est la vie à l’os, rien n’est enjolivé, la pluie glacée cingle, la boue aspire vers le bas, les cadeaux entre humains sont rares, et en même temps d’infimes notations illuminantes, intimement éprouvées, viennent constamment révéler où se tient la vraie richesse. Le lien entre l’immensité du ciel et la paume de la main d’un enfant se fait limpide, simple. Ce « simple » là, donne l’idée du travail d’écriture accompli, de l’exigence sans concession de vérité que j’ai senti tout au long du poème. Et qui en fait sa force captivante. Je te remercie du fond du cœur pour ce présent magnifique !
Bachelard aurait grandement aimé ton livre, il en aurait extrait moult citations pour ses ouvrages sur la rêverie ou les éléments, c’est sûr, c’est indéniable, c’est dommage qu’il soit parti si loin.
Nous cohabitons depuis plusieurs mois avec ses mots, jusqu’à en avoir fait un spectacle tout récemment. Il s’agit de Bachelard Quartet, avec deux grandes musiciennes, une violoncelliste et une pianiste et moi-même qui donnons à entendre sa pensée poétique autour des quatre éléments. Nous jouons au Théâtre de Montreuil du 20 au 27 janvier (sauf le 24) puis au Mans les 10 et 11 mars avant quelques autres villes dont Lorient du 17 au 19 mai. Ce serait un bonheur de vous compter parmi nous lors d’une de ces traversées !
*