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Nous répétons pour la représentation unique d’Incandescence, un spectacle que j’ai écrit à partir de textes sur ce point culminant des vacances qu’était l’Assomption. Les forains arrivaient et avec eux cette attente du moment où toute la ville monterait dans la nuit vers la colline où s’allumerait l’immense feu… étoiles crépitantes, odeur du sucre brûlé, tirs et lumières… C’était aussi le moment où le temps des vacances basculait vers sa fin, et cette angoisse donnait plus de prix à cette nuit de joie. Puis les forains partaient et, nous aussi, nous allions partir…
J’ai écrit tout un cycle de textes sur ces jours d’enfance à Rostrenen, et nous en avons pris six en les mettant en relation avec le paysage sonore de la haute Cornouaille : un chant de berger pour le début du jour, ces matins calmes de l’été où les voix se répondent ; un chant d’amour plein de promesses ; une formule de rebouteux pour chasser le feu ; la gwerz de la sorcière puis un chant à danser… J’ai voulu construire le spectacle comme je l’avais fait pour D’un buisson de ronces mis en scène par Madeleine Louarn : quelques moments d’une journée donnés à entendre par le chant, une journée d’Assomption ouverte sur l’étrangeté du monde, ce que disent aussi les poèmes de Pasternak écrits dans le courant de l’été brûlant de 1917.
La voix d’Annie est plus belle que jamais, tout est très simple, et la contrebasse d’Hélène lie ces poèmes comme une traduction lointaine. C’est aussi cette impression d’éloignement que je voulais donner : placer au cœur du 14 août l’écho de ce temps hors du temps, enfui comme l’enfance et prêt à revivre sous forme d’échos épars, juste pour une heure.