Si j’ai omis de mentionner la parution du Grand Livre vert début novembre, c’est tout simplement que le diffuseur avait oublié de me faire parvenir mes exemplaires (il avait de même oublié les éditions MeMo et nous avons dû nous contenter d’offrir pour Noël aux enfants de notre entourage une petite carte leur promettant dans un avenir proche Le Grand Livre vert). En fait, par la suite, le livre est arrivé si tard qu’entre-temps je m’étais consacrée à L’Oiseau-loup et autres activités au théâtre…
Bref, il est paru, il est très beau. Il est d’ailleurs, à mon avis, bien plus beau que le volume original vert épinard. Surtout, ce que ne montre pas l’image, c’est la qualité du papier, doux et ivoiré, et le soin apporté à l’encrage et à la mise en page. Ah, c’est autre chose que l’édition Gallimard criarde et plastifiée. On ne se moque pas des enfants…
Le principal intérêt du livre, bien sûr, ce sont les gravures de Maurice Sendak, petits chefs d’œuvre de finesse et d’ironie… Publié en 1962, le livre compte au nombre de ceux de la grande période de Sendak : il est paru juste avant Where the Wild Things Are qui (traduit en français sous le titre Max et les maximonstres) est son livre le plus célèbre. On peut se demander d’ailleurs si Max n’a pas un peu à voir avec Jack, le personnage du Grand Livre vert. Jack, l’orphelin rebelle, découvre un livre de magie et se change en petit vieux pour faire enrager son oncle et sa tante aussi stupides que rechignés. Le principe du monde à l’envers servant à rétablir une sorte de justice est prolongé par les mésaventures du chien pourvoyeur de civets qui se voit soudain poursuivi par le lapin…
L’intérêt vient aussi du texte de Robert Graves (1895-1985), poète prolifique plus connu pour ses romans historiques et ses récits sur les mythes européens que pour ses livres destinés aux enfants.
Les éditions MeMo ont eu la bonne idée de rassembler sur un prospectus les livres de la collection « Les petits trésors de Sendak » que j’ai traduits : nous en sommes à douze.
Bizarrement, cette expérience semble être passée à peu près inaperçue. Le travail effectué par la médiathèque de Rostrenen n’en est que plus remarquable. Espérons que l’exposition pourra circuler et permettre aux enfants de s’intéresser à l’illustration, à la traduction, à l’association du texte et de l’image et à surtout l’humour qui, par les temps qui courent, fait si cruellement défaut.