Doux hommage au plagiat

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J’ai découvert par hasard qu’un colloque devait avoir lieu le 20 mars à l’université de Paris VII et que ce colloque était ouvert par une universitaire du nom de Christine Lombez qui venait de publier aux éditions Les Belles Lettres un essai sidérant intitulé La Seconde Profondeur. J’écris sidérant pour rester polie car, en vérité, cette universitaire a rédigé un chapitre sur Armand Robin qui est en sa totalité un hommage à sa collègue que j’ai fait condamner pour plagiat voilà déjà deux ans. Et c’est elle qui est chargée de rédiger l’article sur Robin traducteur dans l’histoire de la traduction dirigée par Jean-Yves Masson…

Anne-Marie Lilti, maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise, avait publié une biographie d’Armand Robin qui plagiait mes recherches pour les mettre au service des lieux communs que j’avais combattus, non sans peine, en essayant de publier les textes d’Armand Robin et en allant même jusqu’à soutenir une thèse de doctorat d’Etat, et avec Robert Gallimard dans mon jury pour attester que les textes d’Armand Robin avaient bien été volés, restitués grâce à mon obstination et qu’il était apparu qu’il y avait dans le fonds restitué un livre intitulé Fragments par Robin…

Ma plagiaire a été condamnée en justice, assez lourdement pour que je puisse espérer que cet exemple appelle à réflexion — mais non : admise comme référence, condamnée ou pas, la biographie d’Armand Robin sert à faire de lui la caution d’une entreprise de soumission de la traduction à des lieux communs théologiques qui invitent à définir la traduction comme recherche mystique d’une origine à chercher dans la Voix qui parle par la Poésie.

Aucune Voix ne parle par la poésie ou par autre chose, Armand Robin se prête à toutes les falsifications, je ne le sais que trop, et j’ai donc décidé, lisant l’intitulé de ce colloque, de mettre en ligne un article qui fasse le point d’une expérience d’édition qui, selon moi, devait ouvrir des voies nouvelles et qui n’a mené qu’à cette trahison.

Mais cette trahison est ce qui, à présent, permettrait de mettre au jour les points de résistance. J’ai donc trouvé salubre de mettre ce texte en ligne comme j’ai trouvé salubre, après avoir déjà perdu tant de temps à éditer Robin, d’assigner ma plagiaire et la faire condamner.

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2 réponses à Doux hommage au plagiat

  1. Au-delà de désolant.
    Mais comme vous le signalez dans Armand Robin et le plagiat, dans ce genre de dévoiement : « … il ne s’agit pas de donner à comprendre mais de donner à croire, y compris au mépris des faits, des textes et des recherches habilement passées sous silence comme hérétiques. »
    Certaines époques semblent se prêter à ces impostures mieux que d’autres.
    (C’est toujours un plaisir de découvrir un nouveau texte sur votre blog.)

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