Naissance du livre…

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D’ordinaire, après avoir relu ses épreuves et donné son bon à tirer, l’auteur reçoit son livre par la poste : il le découvre alors tel qu’il est destiné à vivre sa vie (une vie peut-être brève puisque l’éditeur peut l’expédier au pilon s’il ne se vend pas assez vite), avec son papier, son illustration de couverture (qu’il n’a souvent pas pu choisir), sa typographie, ses couleurs, bref, tout ce qui lui donne sa présence. Cette découverte peut être une heureuse surprise mais il m’est arrivé aussi de trouver carrément hideux le livre auquel j’avais apporté tous mes soins, voire de constater que l’illustration était un contresens qui changeait complètement le sens de mes textes. 

Plus jamais ça ! L’une des raisons pour lesquelles nous avons créé les éditions Mesures est justement la volonté de faire en sorte que la typographie, le papier, l’illustration puissent être pensés comme des éléments constituant un ensemble ayant sa vie propre. 

Pour le dernier-né des éditions Mesures, un livre associant le texte et l’image, ou plutôt les textes nés des images, les photographies sur plaques de verre d’Yvonne Kerdudo, le travail avec l’imprimeur était primordial : il ne s’agissait pas seulement de choisir le papier mais aussi le format, la mise en page, la présentation des photos. Tout était à repenser et le moindre élément était signifiant. 

Nous pensions avoir pris toutes les décisions requises lorsque – chose naturellement interdite à l’auteur lambda –, j’ai été invitée à participer au calage, c’est-à-dire à la finalisation de la couverture.

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Or, au dernier moment, j’ai été saisie d’un doute : fallait-il mettre le titre en noir comme pour tous les autres volumes des éditions ou le mettre en rouge comme l’idée m’en était venue subitement ? Sur papier blanc, le rouge était un peu voyant, mais sur le papier ivoiré des couvertures de Mesures, il était nettement plus beau. 

Encore fallait-il trouver des imprimeurs assez dévoués, attentionnés et passionnés pour procéder au tirage d’un unique exemplaire de la couverture. Le voilà ! Et Goulwen, Benjamin, Angélique et Yannick qui ont opté pour le rouge et tenu l’enfant sur les fonts baptismaux. 

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Ce n’était encore pas fini ! Au moment de terminer le calage du livre lui-même et de décider de l’intensité des noirs et des gris, voilà que la composition des titres en gris m’a semblée terne. Là encore, sur fond blanc, c’était beau et sur fond ivoiré, c’était comme une incongruité : on attirait l’attention du lecteur sur le titre et en même temps on lui donnait moins de force en regard du texte composé en noir. Accentuer le gris était impossible sans changer les valeurs adoptées pour les images. Ce n’était pas grand-chose et les lecteurs n’auraient peut-être pas accordé beaucoup d’importance à la couleur des titres : je n’aurais pas insisté sur cette petite réserve et j’ai été sidérée d’entendre Norbert qui procédait au calage me dire qu’il était possible de tout reprendre pour que le livre soit vraiment tel qu’il devait être. 

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Incroyable mais vrai ! Nous sommes restés assister à la remise au jour du livre… 

Ce travail est le plus précieux de tout. Pas seulement parce qu’il donne aux images d’Yvonne Kerdudo leur présence, ce qui pour moi était l’essentiel, mais parce qu’il prolonge son regard et celui que j’ai porté sur ces images que j’ai découvertes comme un trésor commun à partager.

C’est aussi une forme de partage…  

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