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Je reçois le dernier numéro de La Grande oreille, revue à laquelle j’ai donné un article sur Paul Sébillot dans la suite de la petite chronique sur les folkloristes français que je poursuis depuis plusieurs années.
Ce numéro est consacré à la mort, ce qui, hélas, se trouve en accord avec le sujet de cet article car Paul Sébillot fait partie de ces folkloristes dont l’œuvre, laissée en déshérence, est autant dire défunte.
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J’avais entrepris une grande édition de ses contes, comme suite et complément de l’édition des contes de Luzel, mais le projet s’est perdu dans les sables de la rentabilité commerciale.
J’ai quand même pu rassembler une part de sa collecte jusqu’alors ignorée, à savoir ses légendes de fées des rivages dites fées des houles, puis une synthèse de sa collecte de contes, sous le titre Contes de Haute-Bretagne.
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Lorsque le directeur éditorial des éditions Ouest-France m’avait demandé simultanément, pour la collection « Les grandes collectes », un volume de Luzel et un volume de Sébillot, je n’avais pas mesuré l’ampleur de la tâche : il m’avait fallu relire toute la collecte de Luzel, ce qui n’était pas compliqué puisque j’avais tout sur mon ordinateur, mais, en plus, toute la collecte de Sébillot, soit un millier de contes épars. Mais je m’imaginais alors qu’un volume de ce genre, pensé à partir de recherches méthodiques, était ce qu’on appelait alors un « ouvrage de fond », qui pourrait trouver ses lecteurs jusqu’à la fin des temps.
C’était sans compter avec le vertige de la rentabilité et le pillage via les officines nées d’Internet (le conte, particulièrement fragile, est, comme la civilisation paysanne d’où il est issu, mis à mort de manière très simple par surexploitation et mise au service du profit).
Les fées des houles ont disparu, comme les fantômes de Luzel. Restent deux volumes qui ont pu reparaître en collection de poche, la synthèse de la collecte de Luzel et de celle de Sébillot. Pas pour longtemps, sans doute, mais enfin ce sont deux livres qui existent encore.
Ce qui était d’ailleurs extraordinaire était de voir au fil de mes recherches émerger par la collecte de Sébillot et de Luzel l’image de la haute et de la basse Bretagne, si différentes et si complémentaires.
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