
Cette année, le thème du festival L’Histoire à venir qui se tient à Toulouse du 15 au 18 mai est À l’écoute. Les organisateurs ont donc jugé opportun d’accorder une place au travail d’écoute d’Armand Robin qui, comme on le sait, a passé la majeure partie de sa vie à décrypter les propagandes radiophoniques, et de présenter son essai La Fausse Parole.

C’est en 1979 que j’ai publié La Fausse Parole (pour les éditions Plein Chant). Le livre a connu un grand nombre d’éditions depuis, dont une réédition aux éditions Le Temps qu’il fait en 2002. Or, je m’en suis rendue compte à l’occasion de cette invitation, c’est la première fois en près d’un demi-siècle que j’ai l’occasion de parler non seulement de ce livre mais de l’expérience d’écoutes d’Armand Robin.
Au total, à l’exception d’une émission sur France-culture, d’une rencontre à l’IMEC où j’ai constitué un fonds Armand Robin et d’un montage de poèmes et de photographies qu’un commando de militants nationalistes bretons m’a interdit de présenter , c’est bien simple, rien jamais n’a pu faire pièce à la propagande interminablement déversée au sujet d’Armand Robin.
Je viens de faire un tour sur Internet : c’est accablant. Comme il l’écrivait à propos des radios soviétiques, « d’incessants déferlements de rumeurs » que chacun sait fausses se déversent jour après jour, effaçant le travail de Robin, le réduisant à une pitoyable figure de poère maudit.
Publier ses textes, soutenir une thèse d’État, combattre les plagiaires qui exploitaient cette thèse pour la mettre au service de la même figure pitoyable, rassembler quarante ans de recherches en un essai qui fasse le point (Armand Robin ou le mythe du Poète), rien n’aura servi. L’article Wikipedia sur Robin donne pour figures complémentaires Jean-Pierre Duprey, Gérald Neveu, André Frédérique. Au début, je suis restée perplexe : quel rapport entre Robin, Duprey, Neveu et Frédérique, qu’il ne mentionne pas une seule fois dans ses écrits ? Mais voyons, ce sont aussi des Poètes maudits ! Le dictionnaire Maitron, supposé sérieux, n’est qu’un fatras d’inepties – un dictionnaire qui passe sous silence la seule thèse d’État soutenue sur l’auteur… Le cynisme et l’indécence ont été considérablement aggravés par la possibilité pour le premier graphomane venu de diffuser sa prose : en cela, nous rejoignons les observations de Robin sur la fausse parole diffusée à l’infini par les radios. À tirre d’expérience, j’ai demandé à l’IA de me rédiger une thèse sur Armand Robin. En dix minutes, c’était fait. Tout y était : sans avoir lu une seule page de Robin, l’IA m’indiquait tout ce qu’il fallait penser au sujet de son œuvre. Des textes de Robin que j’avais publiés, aucune mention ; de mes recherches, rien ; de l’édition des Fragments, rien ; des écoutes radiophoniques, rien ; l’ultime référence était celle de C. Lombez, l’universitaire dont l’ultime référence est l’essai de ma plagiaire ; seule originalité, et là, totale nouveauté en un domaine qui en comporte si peu, l’IA associait Armand et Régine Robin. Elle en aurait été bien étonnée.
Aujourd’hui, à 17 h 30, une autre rencontre aura lieu à la librairie Ombres blanches (qui est l’une des meilleures librairies de France), sur un sujet finalement pas si éloigné…
