Colloque

Un colloque très intéressant, organisé à Montpellier par Pierre-Marie Héron, qui a eu la bonne idée d’ouvrir un champ de recherche sur la « radiolittérature ». L’introduction de Céline Pardo, faisant le point sur les émissions de poésie, donnait une approche globale très intéressante aussi : comment expliquer la quasi-disparition des émissions de poésie — j’ai ma petite idée là-dessus et le colloque n’a fait que la conforter. Quoi qu’il en soit, la littérature à la radio n’a guère été étudiée et lorsque j’ai travaillé à l’INA sur le travail d’Armand Robin à la radio, j’ai découvert quantité d’émissions qu’il aurait été passionnant d’écouter et de rediffuser, outre l’expérience de Poésie sans passeport sur laquelle j’étais invitée à donner une communication.

Le poète invité étant André Velter, directeur de la collection Poésie-Gallimard, et donc, à ce titre, responsable de la réédition du Monde d’une voix, c’était aussi pour moi l’occasion de lui demander comment rattraper l’erreur commise : Robert Gallimard m’avait assuré qu’une fois la désastreuse édition du Monde d’une voix épuisée, l’édition du manuscrit d’Armand Robin, Fragments, et de Ma vie sans moi, conforme à l’édition originale,  la remplacerait.

L’édition du Monde d’une voix est totalement indéfendable : l’éditeur, Alain Bourdon, dans une ridicule préface assonancée, explique que Robin, en un ultime sursaut avant la mort, a produit un chef d’œuvre, Le Monde d’une voix (titre par lui inventé, et texte composé à partir de manuscrits démantelés et taillés à coups de ciseaux). Pour justifier la vision de poète maudit ainsi mise en œuvre, il a produit en introduction le premier recueil de Robin, Ma vie sans moi, en coupant toute la partie traduite, en sorte que l’expérience de la « non traduction » devient incompréhensible, et pour couronner le tout, il a donné à la fin une biographie de Robin absolument fausse.

La publication en 1970  était déjà stupéfiante de la part d’un éditeur comme Gallimard, mais les erreurs n’avaient pas été relevées et le manuscrit  original n’avait pas été retrouvé dans la masse de textes conservés. La réédition était incompréhensible, sauf à l’attribuer à la négligence. J’avais  écrit à ce propos à André Velter pour lui soumettre le problème, puis, n’ayant pas reçu de réponse, j’avais demandé conseil à Robert Gallimard : mais quelle solution trouver ? J’en avais bien une…

Je n’ai pas eu l’occasion de la proposer à André Velter, car ce dernier trouve tout à fait parfaite l’édition du Monde d’une voix, qu’il a d’ailleurs agrémentée d’un « poème indésirable » destiné à conforter la vision bourdonienne du poète, vision qui lui convient.

Hélas, pauvre Robin !

 

 

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