Désir sous les ormes

Dernière de Désir sous les ormes dans la mise en scène de Guy-Pierre Couleau à la Comédie de Genève.

Je n’avais pas pu voir la pièce à Colmar car j’étais mobilisée par des colloques à Brest et à Grenoble. Je pensais aller la voir à Mulhouse et ce n’était encore pas possible. Quelle mélancolie de voir un spectacle au moment où il s’arrête… et de retrouver des acteurs rencontrés voilà si longtemps dans d’autres spectacles : amis perdus sans être perdus, images qui se fondent en d’autres images, voix qui reviennent comme en surimpression pour rendre plus étranges les décalcomanies du temps.

En fin de compte, c’était une chance de happer une dernière représentation juste avant qu’il ne soit trop tard, avec cette fragilité de l’urgence — ce qui est, en fait, le thème de la pièce. Et de la voir à la Comédie de Genève, lieu de théâtre si doux, si amène, et placé sous le signe de figures énigmatiques qui m’ont toujours fascinée.

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Je trouve aussi que j’ai eu de la chance de capter ces images avant que la nuit tombe.

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Après la représentation, nous sommes allés manger dans un restaurant nommé le Croissant d’or sous la conduite d’un comédien qui en disait le plus grand bien et nous avons passé une heure et demie à parler de la vie au théâtre avant de nous rendre compte que nous n’avions toujours rien dans nos assiettes. Ensuite de quoi, le thuriféraire du Croissant d’or a obtenu qu’une brusque accélération du service suscite l’apparition de frites molles, brochettes froides et autres mets assortis, ce qui a eu pour effet non de provoquer la révolte mais de donner à tous le sentiment euphorique de comprendre soudain pourquoi cette soirée désastreuse était si réussie : nous avions partagé ce qui nous était donné en partage et le reste, bon ou mauvais, venait en surplus.

Dans le cas du Croissant d’or, le surplus était réduit à la portion congrue et je ne le recommanderais à personne mais, ça ne fait rien, l’expérience valait la peine d’être vécue.

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