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Qui l’eût cru ? Oui, les éditions Mesures entament leur cinquième saison, grâce au soutien des lecteurs, des abonnés, des libraires qui forment comme un chœur amical. En cinq ans, nous avons réussi à publier des livres impubliables ailleurs, et qui poursuivent tous leur petit bonhomme de chemin : les quatre volumes de Sur champ de sable, les œuvres inédites en russe comme en français de Kari Unksova, les Sonnets de Shakespeare dans la première traduction française qui respecte leur forme, La Folie Tristan traduite selon la même méthode, les contes de Luzel malgré la censure si lourde en Bretagne, et L’Oiseau-loup et Les Juifs, pièce oubliée d’un auteur inconnu…
Bref, nous poursuivons notre aventure cette année avec, pour moi, L’Amour des trois oranges, un livre auquel je tiens beaucoup puisqu’il met fin à trente ans de recherches sur le conte, et une traduction des « poèmes de l’infortune » de Rutebeuf (un livre illustré par les Chats pelés qui avaient déjà illustré Les Douze d’Alexandre Blok, et ce rapprochement n’est pas fortuit). Je trouve merveilleux que cs deux livres fassent écho au Roi Famine, aux nouvelles de Zamiatine et aux Élégies du nord d’Anna Akmatova dans la traduction d’André : ce sont comme des ponts jetés d’un bord du temps à l’autre, d’autant plus précieux qu’ils semblent rapprocher des rives plus lointaines.