La Folie Tristan

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Enfin, le voici paru, ce troisième livre de la troisième saison des Éditions Mesures… Pour moi, c’est un livre important car il met fin à mes traductions de l’ancien français en faisant la synthèse d’une expérience que j’ai commencée à la Sorbonne, un été que, m’étant inscrite trois fois aux mêmes certificats, je me trouvais trois fois licenciée sans l’être : on m’avait fait savoir qu’il fallait que je fasse de l’ancien français et de l’anglais pour être dans les cordes. C’est alors que j’avais découvert (grâce à Albert Pauphilet, à présent impitoyablement chassé de la Pléiade où il régnait), cette Folie Tristan et les Lais de Marie de France. 

La question qui, d’ores et déjà, se posait à moi était : comment pouvait-on traduire en lourde prose ces poèmes où l’octosyllabe offrait un cadre à la fois léger et strict aux rimes et aux récurrences, si importantes puisque ces poèmes étaient faits pour être portés par la voix… 

Il était naturel, bien sûr, de donner aux étudiants une version ligne à ligne expliquant le texte mais cette visée pédagogique laissait place à un exercice qui, tout en se donnant pour traduction, n’en était pas et tendait, qui plus est, à se substituer au texte original, au motif que l’octosyllabe n’était rien de plus qu’une forme vétuste appelant la mise en prose. 

Lorsque j’ai traduit La Trilogie de Pathelin puis les Lais et les Fables de Marie de France, j’ai constaté que le respect de la forme permettait, contrairement à ce que veut la tradition française, de mieux respecter le sens. Je me suis donc efforcée de le démontrer en accompagnant cette Folie Tristan de notes sur cette expérience de traduction. 

Il m’a semblé que ce texte (qui met en scène Tristan déguisé en fou pour voir Yseult prisonnière) se prêtait au théâtre, et ce sont d’ailleurs de jeunes comédiens qui, pour la première fois, lui ont donné voix au TNP. En janvier, l’expérience va se poursuivre, et il est d’ailleurs heureux que ce travail soit mis en relation avec Avril et L’Oiseau-loupVoies de traverse qui ouvrent la littérature médiévale à l’écriture contemporaine en passant par le théâtre…

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