« La Folie Tristan » par les étudiants du Conservatoire

© Juliette Kahn

L’an passé, en plein confinement, nous avions travaillé au TNP avec les étudiants de l’IRIS sur L’Oiseau-loup et la manière dont ils avaient dit ce texte avait été si juste et portée par une telle empathie que Jean Bellorini avait eu l’idée d’en faire un spectacle, qu’il a lui-même mis en scène la semaine passée. 

Tandis que nous travaillions sur L’Oiseau-loup, j’avais demandé s’il était possible que des acteurs disent ma traduction de La Folie Tristan que je venais alors tout juste de finir et que je souhaitais entendre. Cette lecture m’a permis de corriger de nombreuses fautes et c’est en l’écoutant que Jean Bellorini a pensé qu’il serait intéressant de la donner à travailler aux étudiants du Conservatoire de région dans le prolongement d’Avril et de L’Oiseau-loup. 

Le livre est donc paru aux éditions Mesures pour permettre aux étudiants de plonger dans ce texte du XIIe siècle qui avait de quoi les désemparer…

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Découverte et perplexité

De fait, au début, découvrir l’ancien français, l’octosyllabe, les épisodes de la légende racontés par Tristan déguisé en fou et la langue si particulière de la traduction avait de quoi surprendre. Puis tous se sont emparés de ce texte, au point de donner l’impression qu’il devenait quelque chose comme un bien partagé, les voix se répondant, le poème devenant clair et le déroulement fluide. Nous avons alors décidé d’ajouter « Le lai du chèvrefeuille » comme un complément léger, et ce sont les élèves eux-mêmes qui ont décidé que chacun apprendrait son morceau par cœur. 

Une dernière répétition, et il n’y avait plus qu’à attendre le public.

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Kevin, Claire, Maya, Alban, Lucien, Clarisse, Romain, Ava, Théo, Louna, Mathis, Céleste

Surprise d’entendre trois élèves chanter ensemble l’une de mes chansons préférées, « Belle qui tient ma vie… », une chanson d’amour qui faisait une transition merveilleuse entre La Folie Tristan et « Le lai du chèvrefeuille », je leur ai demandé s’ils accepteraient de la chanter en scène et ils ont accepté aussitôt. Grâces leur soient rendues : c’était un moment fragile qui venait confirmer l’impression d’entendre des voix dans un chœur, se relayant, se faisant écho et participant à une œuvre faite par tous pour tous. Nous étions bien loin d’un travail d’élèves… Le public l’a bien senti et l’ovation qui a salué cette mise en voix par de si jeunes acteurs de textes si anciens n’a fait que souligner ce que chacun ressentait : remercions la spectatrice qui s’est levée pour dire qu’elle avait été bouleversée car elle percevait quel sérieux, quelle écoute et quelle finesse il avait fallu pour aboutir à ce travail choral. C’était tout simplement magnifique. 

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