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Première du Songe d’une nuit d’été au Théâtre du Peuple à Bussang. Le Théâtre du Peuple a été créé par Maurice Pottecher pour faire jouer ses pièces et bien d’autres par des acteurs des Vosges — par le peuple et pour le peuple, comme le disait Romain Rolland, qui suivait l’expérience avec passion. La caractéristique du théâtre est le fait que le mur du fond peut s’ouvrir et faire de la montagne le décor de la pièce quand le metteur en scène le veut — moment magique, attendu par tous les spectateurs (et l’autre miracle est que, chaque été, des dizaines de milliers de spectateurs viennent assister à la nouvelle pièce).
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Le Songe d’une nuit d’été est, sans jeu de mots, la pièce rêvée pour un tel lieu, un un tel décor, un tel public. C’est un grand bonheur de penser que notre traduction a pu résonner sur la scène de cet endroit sacré.
Nous l’avions faite il y a déjà longtemps à la demande de Madeleine Louarn, et j’avais alors rédigé une adaptation sous le titre Le Jeu du songe (il fallait un texte plus simple pour les acteurs de Catalyse, des acteurs à la mémoire légère, susceptible à tout moment de demander une assistance, ce qui, d’ailleurs, s’accordait bien avec les jeux de miroir, les ruptures, les blancs de la mémoire et les incertitudes qui font le charme tragique de la pièce).
En l’occurrence, Guy-Pierre Couleau, qui a mis en scène plusieurs de mes traductions de Synge et grâce à qui Désir sous les ormes a pu enfin être publié, a, lui, tout au contraire, pris le parti de respecter l’intégralité de la pièce, sans une coupe, en tablant sur le fait que le public de Bussang ne serait pas désemparé par ce texte complexe. Et il ne l’est pas. Au contraire, le rythme du décasyllabe blanc donne l’impression de porter les acteurs, unit et rassemble comédiens professionnels et amateurs (certains d’entre eux, comme l’acteur qui joue le rôle de Thésée, montant sur les planches pour la première fois). Extraordinaire moment de partage voir un public jeune, et parfois très jeune, applaudir à tout rompre…
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Du coup, je me rends compte que je n’ai pas consacré une seule ligne sur ce site aux traductions de Shakespeare qui ont été l’occasion de tant de rencontres, de réflexions et de débats (notamment sur Le Songe que nous avons mis huit ans à mettre au point, après Le Jeu du songe). Je vais réparer cet oubli.
Et voilà ! Ç’a été l’occasion pour moi de retrouver non seulement le dernier exemplaire du Jeu du songe mais un article publié dans Mouvements sur ce qui n’était pas encore une traduction du Songe…