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Voici la première présentation des cinq livres de la cinquième saison des éditions Mesures. C’est à Rennes, à la librairie Comment dire où la libraire, Aliénor, nous a proposé de présenter tous les livres ensemble et non pas un à un comme nous le pensions à l’origine.
Cette année, j’ai décidé de publier un livre qui offre une sorte de conclusion à mes recherches sur le conte. Je l’ai intitulé L’Amour des trois oranges en reprenant le titre d’un conte écrit à partir des versions que j’avais pu trouver au cours de mes recherches – une sorte de condensé de la poésie qui était (et j’ai pu enfin l’expliquer) l’objet de ces recherches – des recherches qui m’ont si longtemps occupée pour n’aboutir à rien : mon édition de Luzel en 18 volumes est devenue introuvable et la collection « Les grandes collectes » démantelée par l’éditeur a perdu tout sens. Il n’empêche qu’au bout de ce parcours, le fait de ne pas séparer conte et poésie change la perspective. Et puis, le livre répond à l’édition des Contes de Bretagne qui, grâce aux éditions Mesures, ont pu ouvrir la collecte de Luzel sur une autre approche du conte.
J’ai aussi publié Le Dit de la grièche d’hiver et autres poèmes de l’infortune car l’humour sarcastique de Rutebeuf m’a toujours touchée — et il m’a toujours semblé que les médiévistes étaient injustes à son égard, même lorsqu’ils rendaient hommage à sa poésie (jamais traduite en respectant sa forme originale pourtant essentielle). De plus, je n’étais pas sans trouver une sorte de parenté avec ce Rutebeuf toujours lancé dans des combats voués à l’échec (mes recherches sur le conte en sont un bon exemple) et je voulais poursuivre l’expérience de traduction engagée avec La Trilogie de Pathelin (qui devrait être étudiée dans tous les conservatoires, je ne cesse de le répéter, hélas, en vain) et, aux éditions Mesures, avec La Folie Tristan.
Chose incroyable, alors qu’au cours d’une conversation j’avais dit à Christian Olivier qu’il était fait pour dire ces textes, il a choisi de les illustrer avec son complice Lionel Le Néouanic et nous avons une édition illustrée, rajeunie et comme revigorée de ces textes anciens.
Édition illustrée aussi, celle du Roi Famine, une pièce traduite par André qui lui permet de poursuivre son édition du théâtre de Léonid Andréïev – pièce incroyablement actuelle… Les images de l’édition originale sont complétées par celles, inédites, de Serge Eisenstein pour une mise en scène qui devait être interdite. Cette publication est aussi un acte politique.
La pièce d’Andréïev (puisque nous ne voulons pas séparer prose, poésie, conte et théâtre) trouve sont prolongement dans les nouvelles d’Evguéni Zamiatine, extraordinaires nouvelles évoquant la guerre civile en URSS (suivies d’un texte sur Alexandre Blok dont nous avons publié Les Douze voilà deux ans). Les traductions d’André étaient devenues introuvables et les éditions Mesures lui ont donné l’occasion de les revoir et de les compléter (y compris par une pièce sur l’Inquisition qui a elle aussi une résonance terrible dans les circonstances actuelles).
Enfin, traduction poursuivie depuis bien longtemps aussi, Les Élégies du nord d’Anna Akhmatova. À mon avis, c’est le plus beau de ces cinq livres mais je n’en dis rien de plus : on peut le trouver d’ores et déjà en librairie, sur le site des éditions Mesures et sur abonnement à notre petite AMAP (cinq livres numérotés, signés, dédicacés et livrés à domicile pour 100 €).
Cette année, pour les illustrations de couverture, j’ai choisi le brun léger d’un papier kraft parce que la tonalité d’ensemble m’a semblé comme boisée, mélancolique et chaleureuse à la fois, en attente d’un avenir promis par ces protestations contre le sort.