Mieux que d’un article, il faudrait parler d’un essai d’Yves Di Manno sur Armand Robin à l’occasion de la parution de la synthèse actualisée de ma thèse chez Garnier en décembre dernier, Armand Robin ou le mythe du Poète. Pour la première fois, mon entreprise d’édition est comprise pour ce qu’elle était : une manière de donner la parole à un écrivain qui avait choisi de faire de la poésie autrement, sans séparer poésie et traduction – une entreprise d’édition vouée à l’échec, comme l’expérience de Robin lui-même, pour des raisons qui sont en soi révélatrices : le mythe, apte à agglomérer n’importe quoi dès lors que les données de bases sont assemblées, l’emporte inéluctablement, laminant les faits qui n’entrent pas dans le cadre prévu, les textes de l’auteur qui le dérangent, les démonstrations, fussent-elles faites dans le cadre universitaire le plus rigoureux, et en présence de l’éditeur qui a le devoir moral de respecter les textes.
Si Robert Gallimard avait compris cette entreprise, depuis sa disparition, elle a sombré, enlisée sous les lieux communs constitutifs du mythe triomphant. Tenter de l’analyser ne sert pas tout à fait à rien puisque, discrètement, une compréhension nouvelle se fait jour. Enfin une lumière dans ces épaisses ténèbres… L’essai d’Yves Di Manno est paru dans le numéro 29 de la revue Catastrophes (titre adéquat dans le cas de Robin) et il a eu la gentillesse de me l’adresser en PDF. Qu’il en soit chaleureusement remercié !