Un héros contre un facho

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© Richard-Max Tremblay

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Pour en finir avec l’affaire Monjarret à Guingamp, et après avoir mis en ligne le dernier épisode du feuilleton, je ne voudrais tout de même pas omettre de signaler que ce qui rend particulièrement indécente l’insistance des autonomistes à exiger que le nom de Paul (dit Polig) Monjarret soit donné à une rue de cette ville est le fait qu’en 1995 est mort à Guingamp un authentique héros de la Résistance, Joseph (dit « Hervé ») Monjaret (oui, avec un seul r).

Le radio de Jean Moulin est mort dans l’indifférence générale et nul ne pense à lui rendre le moindre hommage.

Un ami photographe québécois, Richard-Max Tremblay, m’a fait parvenir une photo prise par lui à Cadérousse au n°1 de la rue Hervé Monjaret, où ce résistant a effectué les premières liaisons radio avec Londres.

Le témoignage de Joseph Monjaret a été recueilli et mis en ligne sur le site du Centre d’histoire de la Résistance et de la Déportation, mais, comme il est très difficile à lire, j’ai pris le parti de lui consacrer une page sur ce site, page qui sera à compléter. C’est déjà un début, et l’occasion de rappeler que, pendant que les uns vendaient la presse nazie au son du biniou, les autres risquaient leur vie.

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Parole interdite (suite et fin) : la vraie Culture bretonne

Un lecteur m’adresse une copie d’un article qui vient à point clore le petit feuilleton que j’ai intitulé Parole interdite : en effet, les militants qui entendent interdire que l’on m’accorde le droit de m’exprimer sur le sol breton, quel qu’en soit le sujet, parlent au nom de la Culture bretonne qu’ils estiment incarner (je mets une intentionnellement une majuscule au mot Culture ; je pourrais aussi, comme eux, en mettre à « bretonne », mais inutile d’outrager l’orthographe). De fait, il s’agit de la Culture bretonne officielle, la vraie Culture bretonne, la Culture bretonne officiellement promue sous la forme d’un Centre culturel breton, qui a pignon sur rue et même vaste enseigne dominant le site de la mairie de Guingamp.

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Lorsque je suis arrivée à Guingamp pour l’inauguration de l’exposition à la médiathèque (elle-même placée sous la direction d’un fils et petit-fils de militant nationaliste breton, et l’accueil fait à l’exposition a été conforme à ce qu’il fallait en attendre), deux ou trois personnes qui se rendaient au théâtre étaient là, le nez levé, s’étonnant du spectacle qu’offre cette façade. Pour ma part, je me souvenais d’un Centre culturel breton Roparz Hemon qui avait été débaptisé, à la grande fureur des militants nationalistes niant obstinément la gravité des textes antisémites de Roparz Hemon et sa fuite avec les SS du Bezen Perrot.

Il me semblait que cette culture s’était discréditée elle-même et n’avait plus sa place dans une ville où la gauche l’avait emporté. Or, tout au contraire, ce que je découvrais, c’était un vaste bâtiment arborant un drapeau national breton, dit « gwenn-ha-du », et une fresque de style néoceltique au sens pour le moins hermétique mais dont le message essentiel était assez clair : nous autres Celtes ne sommes pas français et n’avons donc, fût-ce sur le sol de la mairie de Guingamp, aucun autre drapeau à faire flotter que la bannière de notre ethnie.

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Par la suite, j’ai pu mieux décrypter la fresque car, avouant que « pour le non initié, il n’est pas aisé de comprendre la signification des dessins, ni leur origine », son auteur a pris la peine de s’expliquer longuement  : le nom du kreizenn, dit-il (bien que le nom kreizenn soit normalement féminin, mais nous ne sommes plus à ça près) est écrit en onciale, c’est-à-dire en caractères non pas bretons mais irlandais ; de part et d’autre, se voient deux dragons rouges, considérés comme symboles de l’évêché du Trégor (pour cette raison que « Trégor » pourrait, selon l’une de ces étymologies fantasmatiques si chères à la celtomanie, venir de « dragon ») ; à gauche, se voit le chaudron, motif celtique essentiel, frappé d’un(e) triskell et portant un arbre de vie, autre symbole celtique irlandais. Bref, un symbole celtique, portant un symbole celtique, portant lui-même un autre symbole celtique, le tout signifiant que la Bretagne est celtique, ou plutôt que du chaudron de la celtitude sortira la Bretagne revivifiée, nettoyée, fidèle à ses gènes, plus française, plus bretonne non plus, mais celte. Si l’on remplaçait les symboles celtiques par des symboles aryens, on aurait une exhibition qui ferait peur.

Cette fresque et ce drapeau sont un condensé de la culture qui entend s’imposer, non pas seulement comme culture officielle (puisqu’elle l’est déjà) mais comme seule autorisée à occuper tout le terrain, et je n’ignore pas qu’en s’opposant à ma présence, c’était aussi à la présence de l’association GwinZegal que les militants bretons entendaient s’opposer. Il ne s’agissait là que d’un épisode de plus dans une guerre menée contre une culture libre, je veux dire étrangère à tout enrôlement identitaire. Et je ne voudrais pas omettre de signaler  que cette action s’inscrit dans un contexte plus large qui a vu, au même moment, la mise à mort du centre d’art contemporain le Quartier à Quimper, le maire (de droite) favorisant l’identitaire breton en ses pires productions. Poujadisme et régionalisme ont toujours fait bon ménage.

Or, c’est bien le président du Centre culturel breton, un certain Kerhervé, qui est intervenu ès-qualités pour faire savoir par voie de presse qu’il interdisait qu’il me soit « offert une tribune si minime soit-elle ». C’est lui aussi qui, à la tête d’un commando, a tenté d’empêcher que la conférence sur Armand Robin puisse avoir lieu et soit remplacée par un éloge de Polig Monjarret. Il était soutenu par un nommé Kerlogot, représentant le conseil départemental, et tout à la fois la fédération Kendalc’h qui regroupe les cercles celtiques. Nous avions donc bien là les représentants de la Culture bretonne officielle.

Nul ne les obligeait à mener combat au nom d’un collaborateur des nazis jamais repenti : Roparz Hemon s’était enfui avec les SS du Bezen Perrot mais il n’avait tout de même pas organisé sa fuite avec le SD ; il avait publié des textes antisémites mais il ne s’était pas battu en tête des Bagadoù Stourm ; il avait écrit, bien longtemps après, que sous l’Occupation, la Bretagne avait connu une période de liberté, mais il n’avait pas défendu jusqu’au bout, comme Monjarret, l’existence d’une « race bretonne » ; enfin, il n’avait pas milité au MOB de Fouéré, autre fasciste non repenti, lui aussi partisan d’une Europe des ethnies. Voilà quelques années, le Centre culturel Roparz Hemon de Guingamp était débaptisé, comme le collège Diwan. Exit Roparz Hemon, surgit Polig Monjarret.

Hemon a imposé sur ordre des Allemands l’orthographe surunifiée, Monjarret a imposé par le biniou le culte de l’interceltisme. Leurs combats étaient complémentaires : pour l’un, il s’agissait de faire d’une « langue abâtardie » une langue celtique épurée ; pour l’autre, il s’agissait de faire d’une « musique abâtardie » une musique celtique épurée ; et, pour les deux, de mettre cette reconquête au service de la nation bretonne destinée à prendre sa place dans le concert des nations celtiques. L’Europe des races où le panceltisme rejoignait la pangermanisme est devenue cette Europe des ethnies promue par le « zh » et et le « bagad » que des militants mettent en œuvre comme culture officielle.

Ce sont des militants de gauche (ou qui, comme Kerlogot, peuvent passer de la gauche à la droite) aussi bien que des militants d’extrême droite ou d’extrême gauche qui promeuvent cette idéologie : en effet, l’UDB avait réussi à imposer le nom de Monjarret au conseil municipal jusqu’à ce que des protestations se fassent jour. Et voici l’ancien terroriste Gaël Roblin, fondateur du parti indépendantiste Breizhistance (0,64% de voix aux élections régionales de 2015) qui entre dans l’équipe du Centre culturel breton. Tel est l’article d’Ouest-France que m’a fait parvenir un lecteur trégorrois.

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Ce lecteur précise que, peu auparavant, ce même Gaël Roblin s’était signalé par l’invitation au Dibar de Plougonver d’un terroriste d’Action directe, Jean-Marc Rouillan, sous le coup d’une procédure pour avoir trouvé « courageux » les terroristes islamistes auteurs des meurtres du Bataclan (comme le rapporte le site nationaliste Breizh infos).

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Gauche autonomiste, extrême-gauche indépendantiste, unies pour des actions communes…

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Une certaine porosité se voit, en effet, dans les actions menées pour défendre la Culture bretonne et, pour s’en tenir à l’exemple qui nous a valu de découvrir le Centre culturel breton, la promotion de Monjarret fédère, comme on a pu le remarquer, gauche, droite, extrême gauche et extrême droite sur une même base idéologique : nous sommes Celtes et partisans d’une Europe des ethnies, l’« Europe aux cent drapeaux » de Fouéré (comme de Monjarret). C’est cette culture qui est subventionnée sur fonds publics. Et qui, bien sûr, se présente sous un jour tout à fait apolitique, comme le rappelle un article d’Ouest-France dressant le panorama des activités du Centre culturel breton : d’abord, bien sûr, enseignement du breton, et enseignement de l’histoire bretonne (pas n’importe quelle langue et pas n’importe quelle histoire), puis enseignement du dessin celtique, du kan ha diskan, de la danse bretonne, stages de crêpes, stages de kig-ha-farz, stages de découverte (en breton) du camélia et du rhododendron, participation à la redadeg (course visant à rapporter de l’argent à Diwan) et découverte de la Vallée des saints. Le tout accompagné de conférences sur des sujets choisis… La Fondation Fouéré a, par exemple, invité l’indépendantiste Y. Mervin à faire une conférence sur son dernier livre au Centre culturel breton. Mervin trouve que la Résistance a fait plus de mal à la Bretagne que les nazis : bel exemple d’histoire à promouvoir en même temps que Monjarret.

Un Guingampais soucieux d’apprendre à faire le kig-ha-farz (pot-au-feu léonard) peut ainsi se trouver amené à découvrir tout un ensemble de productions qui l’amèneront à s’enrôler dans un combat nationaliste présenté sous le jour aimable d’un combat culturel.

Telle est la culture à laquelle il convient de faire allégeance pour avoir le droit de s’exprimer.

La conférence sur Armand Robin en a donné une illustration qu’il aurait été dommage de ne pas développer jusqu’au bout.

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19-20-21 août 2016

Reçu d’un lecteur pour montrer l’instrumentalisation des combats écologistes par les nationalistes : au Dibar de Plougonver, qui invitait Jean-Marc Rouillan… la lutte contre les projets miniers permet de tout soumettre à la « cause bretonne ».

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Enfin, Jean-Marc Rouillan ayant été condamné à huit mois de prison, les commentaires de  ses défenseurs du collectif de Guingamp peuvent être lus en ligne.

Ainsi le nationalisme breton s’exprime-t-il.

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Parole interdite (suite) : Le Télégramme et l’omerta

Cinquième épisode du feuilleton.

Résumé des précédents épisodes :

Premier épisode. Le 16 avril, je suis invitée à faire une rencontre sur les photographies et les poèmes d’Armand Robin au théâtre de Guingamp pour conclure l’exposition qui s’est tenue à la médiathèque. Il apparaît que des militants bretons, en tête desquels deux élus, MM. Kerlogot et Kerhervé, interdisent qu’il me soit « offert une tribune si minime soit-elle ». Un commando se présente, menace de casser l’exposition, inscrit des tags et monopolise la parole au nom d’un militant nationaliste collaborateur des nazis, Paul, dit Polig, Monjarret.

Deuxième et troisième épisodes. Le 26 avril, l’IDBE, site de la Fondation Yann Fouéré (agent de la Gestapo en Bretagne), sous le titre « ATTENTION DANGER », appelle à poursuivre l’action des « humanistes démocrates bretons » qui ont interdit ma conférence : il s’agit désormais de faire pression sur tous ceux qui risquent de m’inviter car je suis « nocive pour la Bretagne » (en plus d’être « folle à lier »).

Le 9 mai, lors du conseil municipal de Guingamp, un ex-élu EELV passé à droite, M. Kerlogot, s’en prend au maire, coupable, d’avoir autorisé une association à m’inviter car je « salis la culture bretonne » et que cela risque de « décupler les rancœurs ». Le maire est mis en demeure de donner le nom de Monjarret à une rue. Ouest-France et Le Télégramme reprennent ces accusations.

Quatrième épisode. J’exerce mon droit de réponse. Ouest-France le passe mais en ayant censuré tout ce qui concernait Monjarret.

Et nous en arrivons au cinquième épisode : Le Télégrammme, quant à lui, se dispense de respecter le droit de réponse. Au moins est-il utile de montrer ce contrôle de la presse régionale.

Mais il y a mieux.

Je m’étais contentée de lire la page consacrée à l’intervention de Kerlogot — page déjà remarquable par sa prolixité en regard de la relative neutralité d’Ouest-France. Or, feuilletant le journal pour trouver l’adresse de la rédaction, j’ai découvert que cet article n’était, en fait, que la seconde page d’un dossier Monjarret et que ce dossier n’était lui-même que la suite d’un article promotionnel pour le Festival interceltique fondé par Monjarret.

La chose se présente comme un drame en trois actes :

  1. Page 9 : euphorie après la détresse.

         INTERCELTIQUE. UNE AFFLUENCE CONFIRMÉE

Interceltique affluence confirmée

Comme le laisse entendre l’article, la Bretagne a frôlé une tragédie mais peut enfin respirer : le Festival interceltique a bien compté 750 000 visiteurs. Il s’était trouvé de mauvais esprits pour mettre en doute la véracité des chiffres fournis par les organisateurs.

Désormais le comptage se fait scientifiquement, par « Flux vision », en exploitant les données des téléphones portables. Les festivaliers sont repérés, ciblés, enregistrés. Et c’est le Comité départemental du tourisme du Morbihan qui se charge de l’enquête. Sur fonds publics donc, et au service du FIL : « À nous maintenant de dynamiser ces chiffres. On va pouvoir optimiser nos investissements et adapter notre communication », se réjouit le président du Festival interceltique.

Big Brother e Breizh ? Perspective effrayante ?

Non, « à J-87 du FIL 2016 » il convient de se réjouir.

La propagande pour le Festival interceltique commence donc dans Le Télégramme trois mois avant l’événement.

En prime, le journal vous offre une vidéo à voir sur son site.

Sur la même page, et toujours dans le registre euphorique du Breizh Business, nous apprenons que la ville de Guingamp a vendu ses plaques de rues car elles seront désormais toutes bilingues breton-français. La plaque qui a été vendue le plus cher est la plaque de la rue Traouzac’h. La ville de Guingamp a donc payé pour traduire Traouzac’h en Traouzac’h, encore un bienfait de l’Office de la langue bretonne.

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  1. Page 10, sur le mode tragique, imploration :

AU NOM DE POLIG MONJARRET

Au nom de Polig Monjarret

« En décembre 2012, le conseil municipal avait voté, à l’unanimité, l’attribution d’une rue au nom de Polig Monjarret. Elle devait traverser le futur lotissement de Gourland (ci-dessus en construction). Or, sous la mandature de Philippe Le Goff, en juillet 2014, le conseil était revenu sur cette décision. Une volte-face qui ne passe pas aux yeux de certains défenseurs de cet acteur incontournable de la culture bretonne mais dont le rôle pendant l’Occupation fait polémique. Hier, lors du conseil municipal, Yannick Kerlogot a tenté de faire revenir le maire sur sa décision. »

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III. Page 11 : l’accusation tombe

MONJARRET : LA VOLTE-FACE DU MAIRE NE PASSE PAS

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Suit donc, sur presque une pleine page, l’invraisemblable intervention de l’élu de droite mettant le maire en demeure de rendre nul et non avenu le vote du conseil municipal et l’accusant d’avoir laissé « programmer des conférenciers comme Françoise Morvan qui salissent et dénigrent la culture bretonne, au risque de provoquer des rancœurs au sein de la population ».

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Difficile de trouver meilleure illustration de la manière dont la censure s’exerce en Bretagne : à l’origine, nous avons une rencontre autour de la poésie d’Armand Robin ; à l’arrivée, nous trouvons une apologie de Monjarret.

Comment la conversion s’est-elle opérée ?

Tout banalement, comme de coutume, par le silence. Rappelons-le tout de même au passage, Armand Robin est l’un des plus grands poètes bretons. Ouest-France, publiant mon droit de réponse, le change en peintre, unique allusion au travail d’une année, présenté pourtant dans un lieu public (qui ne risque pas de renouveler ce genre d’activité antinationale). Exit Robin.

Et ensuite par la vocifération, à savoir par la voix des militants, les tags, les panneaux, le conseil municipal, le lotissement de Gourland, et Le Télégramme parachevant le tour de passe-passe. Surgit Monjarret.

La démonstration en est faite : comme l’écrit la journaliste, Monjarret est un « acteur incontournable de la culture bretonne ». Impossible de le contourner : il est là, il faut buter dedans, le voir, le subir, le louer, comme Staline en son temps, lui faire ses dévotions, lui consacrer des places, des rues, des statues.

Vous pensiez que dire la vérité sur ses accointances avec les nazis suffirait pour en finir avec le culte de Monjarret ? Tout au contraire ! Dire la vérité sur Monjarret, c’est « salir la culture bretonne », et c’est vous-même, jugé salissant, qui serez épuré, muselé, interdit de séjour et de parole. Ayant déchaîné, sans même avoir pensé à évoquer son nom, les chœurs des tenants du culte de Monjarret.

Vous pensiez parler de Robin ? Vous parlerez de Monjarret !

La culture bretonne, je veux dire la culture officielle, subventionnée, c’est ça.

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En d’autres temps, le rédacteur en chef du Télégramme, Kerdaniel, n’hésitait pas à consacrer deux pleines pages à un reportage sur Armand Robin — remarquable reportage qui donne à mesurer ce qu’est devenu ce journal. J’imagine ce qu’il éprouverait à le lire et voir la poésie de Robin interdite au bénéfice de Monjarret. Et du Breizh business dont il n’aurait jamais, lui, esprit libre et fin lettré, pu concevoir l’horreur.

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Parole interdite (suite) : Ouest-France et la censure

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Plutôt que de résumer les premiers épisodes du feuilleton, je me bornerai pour faire simple à mettre un lien vers le premier épisode, ma conférence interdite de Guingamp, puis les deux suivants, à savoir : tout d’abord, ma découverte que la Fondation Fouéré appelle les « humanistes démocrates bretons »  à faire pression sur les personnes qui risquent de me donner la parole, quel que soit le sujet, pour qu’elles renoncent à ce projet  nocif,  puis, l’intervention d’un nommé Kerlogot, représentant du conseil départemental, militant breton et président de Kendalc’h, au conseil municipal de Guingamp pour mettre le maire en accusation car autoriser une association à m’inviter, c’est « décupler les rancœurs ».

Comme l’expérience me semble instructive, je décide d’exercer mon droit de réponse. Un article est paru dans Ouest-France, un autre dans Le Télégramme.

Trouver l’adresse de la rédaction locale du journal Ouest-France n’est pas difficile. Au bout d’une semaine, je vois paraître mon droit de réponse, considérablement abrégé.

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Armand Robin est transformé en peintre, un titre a été ajouté (« Françoise Morvan réplique à Y. Kerlogot »), ce qui modifie le sens du droit de réponse et permet de reprendre les accusations de Kerlogot en sous-titre, comme pour leur donner plus de force, et redoubler ces accusations encore reprises en introduction. Cette présentation est, manifestement, destinée à permettre à Kerlogot d’exercer à son tour son droit de réponse, selon la vieille méthode des nationalistes. Ainsi la presse, j’en ai déjà fait mainte fois l’expérience, laisse-t-elle le dernier mot aux militants.

On remarquera que tout ce qui concerne Monjarret a été censuré. Je place en gras les passages qui le concernent et qui ont été supprimés.

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DROIT DE RÉPONSE

 

Le 16 avril 2016, je me suis rendue à l’invitation du centre d’art GwinZegal au théâtre de Guingamp où je devais donner une conférence sur le poète Armand Robin. Cette conférence, suivie d’une lecture de poèmes en russe par le traducteur André Markowicz, devait clore une année de travail car GuinZegal avait fait appel à moi pour une exposition qui s’est tenue à la médiathèque.

Cette exposition et cette conférence étaient rigoureusement apolitiques.

À mon arrivée à Guingamp, d’où ma famille est originaire, j’ai eu la surprise de découvrir que des militants bretons s’opposaient à ma présence sur le sol guingampais au motif qu’il est interdit de « m’offrir une tribune, si minime soit-elle ». Pour quel motif ? Je n’ai pas tardé à le découvrir car un commando est venu souiller les environs du théâtre de tags indélébiles indiquant PLACE POLIG MONJARRET, puis un groupe de militants s’est présenté, certains portant au cou des pancartes où se lisait I AM POLIG.

Après avoir empêché la conférence d’avoir lieu en déversant des invectives pendant près d’une demi-heure, les militants, en tête desquels se trouvaient deux élus, se sont retirés, chassés par les spectateurs indignés.

Lors du conseil municipal du 8 mai, M. Kerlogot a repris ses agressions, reprochant au Maire d’avoir autorisé GwinZegal à m’inviter et le mettant en demeure d’attribuer le nom de Monjarret à une rue.

Le conseil municipal s’étant prononcé en 2014 contre l’attribution du nom de Monjarret, collaborateur des nazis jamais repenti, enfui en Allemagne avec les SS du Bezen Perrot, à une rue de Guingamp, où il exerçait sous l’Occupation ses sinistres activités, ce problème me semblait réglé. Il n’avait, de toute façon, aucun rapport avec la poésie d’Armand Robin.

Ces militants qui entendent assimiler la Bretagne à l’idéologie de Monjarret et faire régner la censure ne sont pas une poignée de fanatiques qui ne représentent qu’eux-mêmes : ils sont à la tête d’associations qui vivent de fonds publics. Il est regrettable que la presse régionale se fasse l’écho de leurs revendications et reprenne leurs accusations.

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Les raisons pour lesquelles les militants bretons ont tenté d’interdire ma conférence et les raisons pour lesquelles le conseil municipal de Guingamp s’est opposé à l’attribution du nom de Monjarret à une rue sont donc supprimées.

Pour ce qui concerne le passé de Monjarret, la rédaction prend sur elle d’évoquer un vague « militantisme au sein du Parti national breton pendant la guerre ».

Ainsi le rappel des faits est-il interdit : seule la version des autonomistes est autorisée.

Je suis assez contente d’en avoir fait (une fois de plus, mais la lassitude n’est pas de mise en pareille affaire) la preuve.

Et ce d’autant que j’ai retrouvé une lettre de Monjarret qui permet de mieux mesurer ce que signifie cette censure qui s’exerce en Bretagne. J’ai mis en ligne une nouvelle page à ce sujet (« Réécriture de l’histoire : la déportation de Polig Monjarret »)

Je poursuis donc cette petite expérience qui, à mon avis, en dit plus long que de longues démonstrations sur ce que nous vivons en Bretagne.

À ce jour, Le Télégramme n’a rien publié.

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(À suivre…)

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Parole interdite (suite)

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Bretagne-Ile-de-France, juin 2016

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J’ai déjà raconté ici comment, invitée à présenter les photographies d’Armand Robin à Guingamp, j’ai découvert que les militants bretons s’opposaient à ce que me soit « offert une tribune, si minime soit-elle » et que j’étais donc interdite de parole en Bretagne. De fait, s’étant présentés en commando, ils avaient empêché la conférence jusqu’à ce que les spectateurs les chassent.

Cet épisode était intéressant pour trois raisons :

— Tout d’abord, la censure qui s’était jusqu’alors exercée tacitement sur toutes mes activités en Bretagne (y compris la poésie, les éditions de contes et autres travaux que l’on aurait pu croire inoffensifs pour la doxa nationaliste) était désormais non seulement pratiquée au grand jour mais donnée pour un devoir. Nul ne doit désormais être exposé au risque de m’entendre, et ce, quel que soit le sujet.

Le motif de la censure était, pour la première fois aussi, exposé clairement : je suis supposée présenter une « image déformée de la culture bretonne », ces militants, eux, présentant l’image non déformée, seule légitime donc, de la culture bretonne. Ils en ont donné les composantes, à savoir « les bagadou, les cercles celtiques, la signalétique bilingue et l’Office de la langue bretonne ». L’union du biniou et de l’orthographe surunifiée, c’est, de fait, le triomphe de ce que les nationalistes ont mis en place. Et c’est ce qui est officiellement subventionné à présent. Il s’agit bel et bien de la culture officielle de la future nation bretonne. Cette virulence de meute sûre d’elle-même s’explique par la certitude d’obéir aux injonctions du pouvoir en place.

— Deuxième constatation : il était apparu que j’étais interdite de parole au nom de Monjarret, autrement dit de l’héritage assumé de la collaboration du mouvement nationaliste breton avec les nazis.

En effet, ces militants bretons avaient commencé par tagger devant le théâtre, comme par une mesure prophylactique, de vastes inscriptions à la gloire de Paul, dit Polig, Monjarret ; certains d’entre eux se promenaient avec, pendues au cou, des pancartes proclamant I AM POLIG[1].

En 2014, lorsque le conseil municipal de Guingamp s’est opposé à l’attribution de son nom à une rue, des résistants se souvenaient encore du rôle joué par Monjarret qui distribuait L’Heure bretonne au son du biniou et, soutenu par l’occupant, faisait régner la terreur.

Pour en savoir plus long sur le personnage, pas besoin d’aller chercher bien loin. Son itinéraire est bien connu (même si, bien sûr, les nationalistes s’acharnent à le réhabiliter, et le cas Monjarret offre un exemple particulièrement probant de censure et de réécriture de l’histoire). Il a fait depuis longtemps l’objet d’une publication disponible en ligne.

On peut la lire ici en PDF

LE CAS MONJARRET

On trouvera aussi une brève synthèse de cet itinéraire pour ceux qui ne voudraient pas perdre trop de temps avec ce peu ragoûtant personnage. Ce qui est prodigieux est le dispositif mis en place par les autonomistes pour le réhabiliter, et l’insistance avec lequel ce joueur de biniou est devenu l’incarnation de la culture bretonne, la culture bretonne officielle,  et qu’il est interdit de ne pas aduler. De fait, les bagadou, les cercles celtiques, le breton surunifié et le panceltisme, tout est issu de Monjarret et des héritiers de Breiz Atao.

— Enfin, les organisateurs de ce commando n’étaient pas quelques allumés de Breiz Atao nostalgiques du fascisme et rêvant de reprendre du service pour le FLB : non, il s’agissait d’élus — l’un d’entre eux, Kerlogot, représentait même le conseil départemental et m’interdisait de parole au nom de Kendalc’h 22 (association dite « culturelle ») ; l’autre, Kerhervé, en tête du commando, et signataire de la tribune dénonçant ma « présence inopportune », s’est présenté, lui aussi, en tant qu’élu et président du Centre culturel breton de Guingamp. Ils dirigent donc des associations subventionnées sur fonds publics. Et ce sont eux qui fabriquent la culture bretonne. Une certaine culture bretonne.

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Or, et c’est où l’affaire devient vraiment instructive, ce n’était là que le premier épisode du feuilleton. Non seulement ni la municipalité de Guingamp ni le conseil départemental, interrogés à ce propos, n’ont osé répondre, mais Kerlogot (un sonneur écologiste passé à droite) a repris ses attaques lors du conseil municipal du 9 mai.

Et voici quel est le traitement de l’affaire dans la presse régionale, à savoir Ouest-France :

 

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et, plus virulent comme de coutume, Le Télégramme :

 

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Pour Ouest-France, comme on le voit, le fait de m’inviter à parler de poésie est de nature à « décupler les rancœurs » guingampaises ; pour Le Télégramme, le maire est doublement coupable : sa « volte-face ne passe pas » (comme s’il avait  sur un coup de tête décidé à lui seul de ne pas donner le nom de Monjarret à une rue) et, de plus, il ne mesure pas la responsabilité accablante qui pèse sur ses épaules du fait que GwinZegal m’a invitée.

Aucun des journalistes ne rappelle qui était Monjarret.

Aucun ne rappelle que le conseil municipal a refusé par 15 voix l’attribution de son nom à une rue.

Aucun ne s’interroge sur les raisons de ma présence. Aucun n’a même évoqué mon travail pour l’exposition ni mentionné le nom d’Armand Robin.

Aucun ne met en doute les accusations de Kerlogot  : il va de soi que je « salis » la culture bretonne. Korlogot le dit et c’est écrit dans le journal, donc, c’est vrai : ainsi se fabrique ce qu’Armand Robin appelait la « fausse parole ».

À en croire la presse, le maire a eu tort de censurer Monjarret mais de ne pas me censurer. Il est donc coupable, et Kerlogot qui, en courageux héros de la bretonnitude, a osé le mettre en demeure d’annuler le vote du conseil municipal, passe pour le défenseur de la paix : ce n’est pas lui et son commando qui sont venus perturber une conférence, c’est le maire qui, en ne m’interdisant pas de fouler le sol guingampais, a non seulement fait violence à ses concitoyens mais décuplé les « rancœurs »… Les rancœurs de qui, sinon d’un groupuscule militant qui, au nom d’un nazillon nationaliste, s’arroge le droit d’instrumentaliser la culture bretonne ?

On pourrait juger bouffon qu’un élu invite le maire à passer outre un vote, mais ce serait mal connaître la stratégie du mouvement breton, foncièrement antidémocratique : à force de crier, la propagande finit par produire un effet de sidération, et les faits passent à la trappe.

En effet, comme en 2014, plutôt que de rappeler le parcours de Monjarret, le maire se borne à évoquer le fait que son nom ne faisait pas consensus. Nul ne rappelle qu’un vote a eu lieu, et, en effet, le fait passe à la trappe.

Oser s’opposer à ces militants revient à sembler s’opposer à la Bretagne.

Ainsi s’instaure le règne de la terreur.

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Et nous ne sommes pas au bout de nos découvertes dans ce petit parcours du monde de la culture bretonne tel qu’il édicte désormais ses oukazes.

En effet, la ville de Guingamp abrite, outre le Centre culturel breton et la médiathèque dirigée par un fils et petit-fils de militants nationalistes bretons, la Fondation Fouéré.

Yann Fouéré était un vieil acolyte de Monjarret, spécialiste, comme lui, du double jeu, incarnant l’héritage jésuitique de Breiz Atao, le catholicisme irriguant depuis la chouannerie les basses eaux du nationalisme breton.

Fouéré figure sous le numéro SR 715 sur la liste des agents de la Gestapo en Bretagne, ce que j’avais pu constater en travaillant à la réédition des Archives secrètes de Bretagne d’Henri Fréville, lequel savait (aussi bien que Monjarret) à quoi s’en tenir au sujet de Fouéré.

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Fouéré agent de la Gestapo

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C’est donc en pleine connaissance de cause qu’en 1956 Monjarret est devenu le bras droit de Fouéré à la tête du MOB, parti nationaliste breton qui devait poursuivre le combat de Breiz Atao après-guerre et fournir des militants au FLB, dont Fouéré lui-même, condamné pour attentats.

Fouéré bénéficie à présent d’une fondation où les nationalistes peuvent puiser matériel de propagande et liens utiles. Une fondation, d’après l’article 18 de la loi du 23 juillet 1987, a pour but  «  la réalisation d’une œuvre d’intérêt général et à but non lucratif ». Grâce à Fouéré et à la filière de faux passeports qu’il avait mise sur pied, les SS du Bezen Perrot ont pu trouver refuge en Irlande et reprendre le combat contre la France républicaine : lui rendre hommage sous forme de fondation témoigne d’une conception de l’intérêt général qu’il serait intéressant d’expliciter.

Quoi qu’il en soit, nous devons à la responsable de la Fondation Fouéré un spécimen de prose nationaliste qui parachève le portrait du mouvement breton par lui-même :

Huonic Attention danger

Appel à censure et à délation, insultes (« sot da stagañ », en breton surunifié, transposition directe du français, signifie « folle à lier »), falsification des faits (car la conférence a eu lieu une fois les intrus partis), et soutien apporté à la plagiaire — je pense que nous avons là un bon portrait des « humanistes démocrates bretons » (pardon : Bretons, avec majuscule, même à l’adjectif, nous sommes dans le règne du Culte). Un Culte assez inculte, à en juger par le style et l’orthographe, mais la Culture bretonne qui a pignon sur rue, et qui interdit toute parole libre, c’est ça.

(À suivre)

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[1] Bien que ceci n’ait qu’un rapport indirect avec notre sujet, je voudrais quand même souligner au passage à quel point le nom de Polig est ridicule, sans même parler de l’effet qu’il produit associé au nom de Monjarret.

Les nationalistes bretons, pour marquer qu’ils entraient dans une sorte de famille, se sont donné de petits noms comme on en donnait aux enfants en France à l’époque : Paul donnait Popol, Émile Mimile, Albert Bébert et ainsi de suite. Le tag PLACE POLIG signifie donc PLACE POPOL.

Quant au panneau indiquant ME ’ZO POLIG, il est plus ridicule encore puisque en breton non surunifié le nom devrait arriver en tête. Tel quel, le panneau clame JE M’APPELLE POPOL. 

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Les mistoufles 3 (chansons atroces)

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Ça y est, le disque est paru.

Les mistoufles 3

Après Les mistoufles 1 (Petits soucis) et Les mistoufles 2 (chansons douces), voici Les mistoufles 3 (chansons atroces)Mes héros : le père Fouettard, le Croquemitaine, le père Lustucru, la fée Carabosse, une bonne vieille sorcière à hibou et la femme de Barbe-Bleue, tout ça très atroce, c’est garanti. On peut trouver les trois CD sur le site de la compagnie l’Unijambiste, à l’origine de cette aventure.

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Les enfants de CM2 de l’école Madeleine Rebérioux de Chambéry qui ont mis ces chansons en musique et les ont interprétées n’ont pas eu l’air traumatisés par ces horreurs et je dois dire qu’ils chantent avec une douceur évangélique la  recette du mouliné de fillette au vermicelle donnée par le père Lustucru et celle de l’enfant à la croque-au-sel vantée par le Croquemitaine.

Ils ont, cette fois encore, une grâce, une drôlerie bouleversantes. Il faut remercier David Gauchard qui est à l’origine de cette expérience unique au monde, et qui était présent, à Chambéry, du début à la fin, avec Robert le Magnifique pour la partie musicale.

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Les photos de Dan Ramaën sont si belles et si émouvantes que je voudrais les reproduire toutes, mais non, ce serait trop, et je me contente d’en choisir deux encore.

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La vraie vie de l’école et la vraie vie de la poésie.

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Poésie

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Je reçois les actes du colloque de Grenoble auquel j’avais été invitée l’an passé, ou, plus précisément, le recueil d’une sélection de communications rassemblées sous le titre Être et devenir lecteur(s) de poèmes par Nathalie Brillant Rannou, Christine Boutenvin et Magali Brunel dans le cadre du séminaire Enseigner le théâtre et le poésie aujourd’hui. Depuis 2012, ce séminaire développe à l’Université Stendhal de Grenoble des recherches et des rencontres d’une grande richesse.

En ouverture du recueil, Nathalie Brillant Rannou pose bien le problème : « Lançons le mot POÉSIE au milieu d’une salle de professeurs, d’une session de formation des maîtres, d’un comité éditorial, d’une cour d’école ou d’un espace numérique de travail… Et voyons ce qui se passe. Au pire, rien : une apparente indifférence mêlée de suspicion, d’incertitude, voire de rejet. Au mieux : un enthousiasme contagieux, le sentiment déclaré qu’enfin s’ouvrent des fenêtres, que les paroles s’activent et que peut surgir ici et maintenant quelque chose… » Comment faire pour que l’enseignement sinistré de la poésie retrouve quelques lettres de noblesse, telle était la question que je me posais au moment de prendre part au colloque, et je dois dire que les communications étaient passionnantes — passionnantes et parfois tout à fait accablantes…

J’avais surtout gardé souvenir de l’enquête de Magali Brunel dans un collège du Var. Partant des cahiers de texte de toutes les classes du collège, Magali Brunel avait examiné très précisément quels poèmes étaient étudiés au cours d’une année suivant le corpus prescrit en 2008. J’avais eu peine à croire que la poésie s’enseignait bien, d’après le programme, en quatre cases selon la classe :

— en Sixième, initiation (ne se faisant aucune illusion, les pédagogues du ministère considèrent que la poésie est désormais absente des classes primaires) à partir de tout ce qu’on veut, des poèmes, bien sûr, mais aussi des calligrammes, de haïkus, de chansons et toutes sortes de choses rigolotes. L’unique auteur conseillé est La Fontaine, choix qui mériterait à lui seul de longs commentaires mais je ne vais pas épiloguer.

— En Cinquième, jeux de langage. Le tout est de rester dans le ludique. Du XVIe au XXe siècle, une vingtaine de poètes sont retenus, depuis, pour le Moyen Âge, Charles d’Orléans, auteur, en effet, connu pour être spécialement ludique, jusqu’à, pour le XXe siècle, toute une brochette de poètes, dont Claude Roy, Jacques Roubaud et Malcolm de Chazal, mais oui.

— En Quatrième, poésie engagée. Là, c’est le grand règne de la révolte, communisme et communautarisme associés, avec pêle-mêle Prévert (poète engagé dans quoi, ce n’est pas dit), Ritsos, Aragon, Césaire et Néruda.

— En Troisième, lyrisme. Les pédagogues, se rendant compte que leur liste ne comportait pas de femmes, les ont toutes fourrées dans le lyrisme. On y trouve donc les redoutables Marceline Desbordes-Valmore et Anna de Noailles, la pieuse Marie Noël et Louise Labbé, peut-être considérée comme pieuse aussi, qui sait.

Marie de France, « notre première femme poète », disaient, en d’autres temps, Lagarde et Michard, reste totalement absente — bien qu’elle ait fourni le premier recueil de fables en langue vernaculaire, fables toutes faites pour donner une merveilleuse idée de jeux de langage et offrir un contrepoint à La Fontaine. Mais à quoi bon le regretter puisque, si elle était « mise au programme », ce serait dans une traduction universitaire qui transposerait en lourde prose ses gracieuses fables et ses lais ?

Je n’invente rien. Voici, tel que le donne l’article de Magali Brunel, le programme, le sacro-saint Programme.

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Le Programme

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Comment les professeurs peuvent-ils s’en tirer, comment la poésie peut-elle s’en sortir ?

À mon avis, aucun espoir.

Et pourtant, il faut se plonger dans la lecture de ce volume dont absolument tous les articles ouvrent des portes et donnent envie de prolonger ces recherches.

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Parole interdite

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Robin L'erreur

Armand Robin, « Fragments »

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Samedi en début d’après-midi, comme je l’avais annoncé, je me suis rendue au Théâtre du Champ-au-Roy à Guingamp pour participer aux rencontres destinées à accompagner les expositions présentées par le centre GwinZegal et notamment l’exposition des photographies retrouvées après la mort d’Armand Robin (que j’avais mises en relation avec les fragments posthumes).

Du fait que la présentation de l’exposition, voilà quelques semaines, s’était déroulée sans problème, je n’avais pas lieu d’imaginer que les militants bretons y verraient à redire. Armand Robin est un auteur breton, après tout, et le fait de montrer des photographies prises à Rostrenen et des poèmes écrits sur son pays natal, qui est d’ailleurs le mien, ne semblait pas de nature à devoir leur déplaire.

Mon seul souci était la durée du diaporama que nous avions mis au point jusqu’à la dernière minute pour compléter l’exposition car, m’étant cassé la voix en disant des poèmes à Lille, j’avais trouvé remarquablement opportune l’idée de montrer ce diaporama qui me permettrait de garder le silence.

Ainsi mon vœu rejoignait-il celui des militants, mais, loin de m’en douter, et de soupçonner même que ma seule présence à Guingamp était de nature à provoquer une mobilisation générale, mon but premier était alors, à l’occasion de cette conférence, de prendre des photos des lieux où mon arrière-grand-père avait promené sa silhouette gracile, et je l’imaginais traversant la salle de la mairie où j’allais prendre la parole (il était adjoint au maire de Guingamp, ingénieur des Travaux publics et commandant des pompiers).

Batifolant dans les songeries tout en numérisant les images de l’album de photos de ma grand-mère, je me disais qu’il serait intéressant de faire le portrait d’une ville par les albums de famille. Et c’est avec l’intention de soumettre ce projet à GwinZegal que j’avais apporté le portrait de mon arrière-arrière-grand-mère guingampaise…

Grand-mère Parquier basse def

Une petite image qui, pour moi, résumait tout l’esprit trégorrois — une malice, une gentillesse, une façon d’attendre le destin, fût-il mauvais, voire tout à fait désastreux, avec une bienveillance et un fatalisme légèrement ironique… Bref, tandis que, méditativement, puisque absorbée par mes réflexions sur les albums de famille, je gagnais les lieux où mon arrière-grand-père avait dû, lui-même, exercer ses capacités notoirement exceptionnelles à s’abstraire du contexte (rencontrant sur le seuil de la mairie sa dernière fille, ma grand-mère, il lui était arrivé de la saluer en lui disant : « Bonjour, mademoiselle »), j’apportais ce portrait de mon arrière-arrière-grand-mère, pris dans les studios Le Cun, en 1912, sans imaginer une seconde que les représentants de la culture guingampaise actuelle me sommeraient de dégager la minuscule place que je m’apprêtais à occuper (le moins possible, vu l’état de ma voix) au nom de la bretonnitude par eux incarnée sur la place.

Quelle bretonnitude, reposant sur quelle légitimité, en vue de défendre quelles valeurs supposées mises à mal par ma seule présence, c’est ce qu’il me restait à découvrir.

En tout cas, pour ce qui est des brevets de guingampitude, j’étais parée. Et je trouve qu’en regard de ce qui m’attendait, ce portrait de ma petite arrière-arrière-grand-mère est une sorte d’heureuse rencontre : qu’aurait-elle pu penser face à tant de haine, et de haine déchaînée au nom d’une bretonnité militante, je le laisse à deviner.

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BIODIVERSITÉ

À 14 h, la rencontre autour de l’exposition de Yann Mingard sur les conservatoires universels de semences, d’ADN, de corps humains qu’il a photographiés de par le monde était à la fois passionnante, comme je m’y attendais, et tout aussi terrifiante : le pouvoir des lobbys de grainetiers qui imposent leur sélection de semences à des continents entiers, et, comme Monsanto, deviennent propriétaires des bunkers d’espèces mises en réserve, était dénoncé de manière lumineuse par Pierre-Henri Gouyon et Jacques Arnould dont j’ai découvert les recherches à cette occasion. Comment lutter contre la réduction de la biodiversité, comment s’opposer au pouvoir dictorial de lobbys puissamment organisés, acharnés à détourner ce qui était librement produit par tous, et à contrôler la culture en la réduisant aux produits standards leur assurant un profit maximal ?

Nous étions une centaine de personnes, tout à la fois accablées et reconnaissantes de prendre conscience d’un problème dont, jusqu’alors, pour la plupart, nous ignorions tout.

Lors de la pause, avant la présentation par Isabelle Vaillant de ses photographies prises dans la campagne autour de Rostrenen, j’ai appris que des militants bretons avaient publié dans le journal local, L’Écho de l’Armor et de l’Argoat, une « tribune libre » pour s’opposer à ma présence. La tribune était libre mais, moi, je ne l’étais pas de fouler le sol guingampais : pas question pour eux de me permettre de présenter librement les poèmes d’Armand Robin car, ce faisant, on m’offrait « une tribune » — et m’offrir une tribune, « si minime soit-elle », tombe sous le coup de la censure. Qu’il soit donc bien entendu que, poème ou pas, Robin ou pas, quel que soit le sujet, je suis interdite de parole sur le sol breton.

C’est bien ce que j’ai constaté depuis la parution du Monde comme si, en 2002, mais là, pour la première fois, la chose était clairement dite, et par des élus, exerçant des fonctions officielles.

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LE NOUVEAU PILORI

Tel est donc le communiqué publié par L’Écho de l’Armor et de l’Argoat, journal qui s’est ainsi associé à cette dénonciation publique : en quoi peuvent bien consister les « outrances, raccourcis et amalgames » rendant ma « présence inopportune » ? Aucune explication, bien sûr : les accusations sont les mêmes depuis plus de dix ans — il ne s’agit pas de répondre à des arguments mais d’interdire une parole non autorisée, de museler et de faire régner le silence par la terreur.

Il ne suffit pas d’avoir publié 18 volumes de Luzel, auteur trégorrois, et publié les grandes collectes de contes des principales régions de France pour éviter d’être dénoncé publiquement comme « caution de tous les adversaires des cultures régionales ». Non, pour avoir le droit de lire librement des poèmes à Guingamp, cinq prérequis s’imposent : aimer les cercles celtiques, les bagadou, les écoles bilingues, la signalétique bilingue et l’Office de la langue bretonne. À en juger par les activités du Centre culturel breton, il est apparemment nécessaire aussi d’aimer le kouign-amann, le triskell et le gwenn-ha-du.

Les auteurs de cette tribune sont Yannick Kerlogot, jadis élu sur une liste EELV (associée aux autonomistes de l’UDB) et ensuite élu conseiller départemental sur une liste de droite, Guy Kerhervé, président du Centre culturel breton de Guingamp, élu municipal, et une personne qui fait du théâtre à Callac (peu après la parution de ma traduction du théâtre de Synge, elle avait donné des représentations du Baladin du monde occidental — qui avait valu à Synge, lui aussi, d’affronter la haine des nationalistes, formulée en termes d’ailleurs assez semblables à ceux qu’elle signe. Face à la meute, Synge avait eu cette réplique sobre : « I don’t give a damn »).

N’ayant jamais eu affaire à aucun de ces militants, pas plus qu’avec le Centre culturel breton de Guingamp dont j’ignorais à peu près tout (sinon qu’il avait invité l’indépendantiste Mervin qui pense que la Résistance a fait plus de tort à la Bretagne que les nazis), j’avais quelque peine à saisir ce qui motivait ce déchaînement d’agressivité. Tout s’est éclairé lorsque les responsables de GwinZegal m’ont appris que des tags venaient d’être apposés devant les portes du théâtre, dans la cour qui sépare le théâtre des locaux du Centre culturel breton.

Ces tags délivraient tous le même message :

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Tag Monjarret

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Ce qui signifie, avec hermine ducale en prime :

PLACE POLIG MONJARRET

Ce message, sans doute énigmatique pour qui est étranger au monde du nationalisme breton, est simple à comprendre pour qui a suivi les combats de la Bretagne militante en vue de réhabiliter les nationalistes collaborateurs des nazis. Ces gens me reprochent de voir des nazis partout : pourquoi viennent-ils peindre devant moi le nom d’un militant qui a suivi les nazis jusque dans leur fuite ?

L’affaire Monjarret qui avait un temps occupé Guingamp était pourtant classée : le 8 juillet 2014, le conseil municipal de Guingamp s’était prononcé contre l’attribution du nom de Paul (dit Polig) Monjarret à une nouvelle rue. Décision louable, faisant suite aux protestations de nombreuses associations, notamment de la LP et de l’ANACR, qui avaient rencontré le maire à ce propos, mais je n’étais, quant à moi, pas directement associée à cet épisode.

Voilà plusieurs années, lorsqu’une municipalité EELV avait voulu donner le nom à un collège du Morbihan, j’avais rédigé une étude sur le cas Monjarret (et ce, à le demande de nombreuses associations, dont la protestation avait d’ailleurs été entendue). Cette étude peut être lue en ligne. Elle est accablante pour Monjarret mais a été complétée et confirmée depuis par d’autres recherches, plus accablantes encore. Ainsi, la thèse de Sébastien Carney publiée aux Presses universitaires de Rennes établit-elle que Monjarret a vécu deux mois avec les SS du Bezen Perrot en fuite en Allemagne « après avoir arrangé son arrestation avec le SD de Saint-Brieuc pour échapper à la Résistance. » (Breiz Atao, p. 531). Je précise que Monjarret, qui retrouvait au Bezen ses amis Guiomar de Guingamp et son beau-frère, tous sous uniforme SS, ne s’est jamais repenti de ses activités collaborationnistes : on le retrouve, bien après-guerre, au MOB de Fouéré défendant l’existence d’une « race bretonne » et assurant que nul enfant né sur le sol breton ne peut se dire breton s’il n’est pas de sang breton. Tout un programme…

Attribuer le nom de Monjarret à une rue de Guingamp était faire offense à la Résistance, je ne pouvais qu’approuver anciens résistants et les citoyens qui avaient eu le courage de protester, mais j’avais juste, à l’époque, souligné le rôle de la presse locale : en effet, la parole était systématiquement donnée aux autonomistes qui entendaient imposer le nom de Monjarret. En tête de ces militants, Yannick Kerlogot et Guy Kerhervé, président du Centre culturel breton.

Je les retrouvais donc en tête de cette action punitive.

Il s’agissait pas seulement de m’interdire de parole mais de le faire au nom de Monjarret.

J’allais en avoir l’illustration dans les minutes qui suivaient.

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ILS SONT TOUS MONJARRET

Au moment où, sans tenir compte des menaces, nous commençons notre rencontre au sujet d’Armand Robin, voilà qu’un groupe de militants se lève et que l’un d’entre eux, qui, par la suite, devait se présenter comme un élu (donc mandaté pour ce faire), demande à dire un petit mot, juste un petit mot, et commence à parler de plus en plus fort, rendant impossible toute parole, à supposer que j’aie été en mesure de forcer ma voix — ce que, de toute façon, je n’avais pas l’intention de faire.

Commencent les habituelles invectives.

Au nombre des militants, Kerlogot, représentant donc le conseil général, et des porteurs de panneaux affichant leur défense de Monjarret.

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Panneau Monjarret

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Il n’est pas inutile de regarder ce panneau, car l’information essentielle est celle qui est destinée à rester inaperçue : « I AM POLIG » est décliné dans toutes les langues (l’anglais servant de base) mais le français ne figure qu’en marge et en petits caractères, tous les idiomes étant naturellement préférables à l’odieuse langue française.

On s’étonnera peut-être de voir associer Charlie Hebdo et Monjarret mais (bien que le raisonnement soit un peu difficile à suivre pour le béotien), étant entendu pour le militant breton qu’islamiste et jacobin s’équivalent, la défense du pauvre Polig par moi persécuté peut sans problème équivaloir à la défense des journalistes assassinés. J’ai à ce propos une citation de George Orwell que j’aimerais bien retrouver pour la livrer telle quelle sans risque d’erreur.

Ayant pris la parole, les militants se relaient, multiplient les attaques, évoquent, bien sûr, le Front national à mon propos et refusent de céder aux injonctions des spectateurs qui s’indignent car ils ne comprennent pas ce que veulent ces gens qui ont eu tout le temps de s’exprimer. Des dames se lèvent, protestent qu’elles sont venues de loin, que c’est la poésie qui les intéresse et pas ces inepties : puisqu’ils veulent faire un débat, qu’ils aillent le faire où ils veulent ; tout ça n’a rien à voir avec le sujet.

Pris à partie par le public, les intrus quittent la salle.

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RÉSISTANCE

Le moins qu’on puisse dire est que pendant cette demi-heure, je n’ai pas eu à me fatiguer la voix.

Enfin, la possibilité de parler d’Armand Robin nous étant accordée, nous avons l’impression de plonger dans un bain frais après toute cette boue ; quant au diaporama dont j’aurais tant voulu accélérer le rythme, il apparaît tel quel comme un miracle car la lenteur des images montrant les manuscrits et les photographies a un effet merveilleusement reposant.

Et moi qui ne voyais pas comment, après l’extraordinaire débat sur la réduction de la biodiversité, présenter cette minuscule expérience poétique hors norme, soudain, je me rends compte que tout le monde a compris que, là aussi, loin des lobbies littéraires ou identitaires, il y a des expériences de poésie fragile, et qu’il faut à toute force préserver.

Le poème de Pasternak lu en russe, puis dans la traduction de Robin, tout le monde dans la salle comprend que ce n’est pas seulement une traduction (ou ce qu’il appelait une non-traduction) mais une forme de résistance universelle.

Et c’est la formule employée par l’un des auditeurs en conclusion.

Difficile de faire plus bel hommage à Robin.

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ABSENCE

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Gwinzegal les artistes

Je note que le journaliste d’Ouest-France a parfaitement compris la leçon.

Simple et discret, un effacement parfait.

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QUESTIONS

Il serait intéressant de savoir si la municipalité de Guingamp, qui s’est démocratiquement prononcée contre l’attribution du nom de Monjarret, tolère que l’espace public soit ainsi dégradé pour imposer le nom d’un nationaliste collaborateur des nazis.

Dans la mesure où c’est à titre officiel que le président du Centre culturel breton et le président de Kendalc’h 22 ont publié ce texte, visant à perturber une conférence, tenue dans un lieu public, par une association subventionnée par la municipalité, le département et le conseil régional, il serait intéressant de savoir si les tutelles et les membres de Kendalc’h cautionnent ces prises de position.

Enfin, le conseil départemental, représenté par Kerlogot, se trouve être partie prenante puisque c’est en son nom que cet élu a produit ces attaques et accompagné les militants portant au cou des panneaux proclamant « I am Monjarret ».

En interdisant le déroulement normal d’une conférence sur un auteur breton par un auteur breton au nom de la culture bretonne, ces militants ont montré qu’ils entendent réduire la culture bretonne à la culture Monjarret. Et qu’ils entendent réduire au silence toute voix qui ose s’élever.

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Armand Robin à GwinZegal

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Samedi 16 avril 2016, en conclusion d’une conférence/table ronde qui semble devoir être passionnante, et qui rassemble autour des photographes Yann Mingard et Isabelle Vaillant, Jacques Arnould, philosophe, Nicolas Crispini, historien, et Pierre-Henri Goyon, biologiste, je dois donner une présentation du travail d’Armand Robin, à partir de l’exposition réalisée à l’initiative de GwinZegal.

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C’est à 16 h 45 au théâtre du Champ-au-Roy (le vrai Guingampais se reconnaît au fait qu’il prononce champoroi). Nous avons passé quelques journées à faire un diaporama à partir des photographies d’Armand Robin et des textes retrouvés après sa mort, tels qu’ils ont été photographiés pour l’exposition (exposition qui est visible à la médiathèque de Guingamp, comme je l’ai déjà indiqué).

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Grandes collectes

Quel éditeur a encore l’obligeance de consulter l’auteur au sujet de la couverture de ses livres ? Non seulement les éditions Ouest-France font passer en collection de poche quatre nouveaux titres de la collection « Les grandes collectes » mais la responsable du service graphique a la délicatesse de me demander si les couleurs choisies pour accompagner les illustrations d’Arthur Rackham s’accordent avec l’esprit de la collecte…

Et voilà ce que nous avons retenu (les images ne donnent qu’une idée approximative du résultat final).

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D’abord, les Contes d’Auvergne qui m’ont demandé un travail de recherche assez aride (et m’ont permis de rendre hommage, une fois de plus, à Paul Sébillot).

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Pour le passage en collection de poche, il a fallu refaire les index, ce qui n’était pas une mince affaire pour les Légendes d’Alsace… 

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.Enfin, je tiens particulièrement à la collecte d’Henry Carnoy que j’ai pu donner dans son intégralité en un volume (ses contes étaient jusqu’alors restés épars) et je trouve que la couleur lumineuse donne bien l’impression générale de gaieté que laissent les contes de Picardie.

À présent, je corrige les dernières épreuves des Légendes de Normandie  qui devraient aussi paraître en mai après avoir été épuisées pendant des années. Et voici la nouvelle couverture…

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J’oubliais de préciser que sont déjà parus les Contes de Provence (j’ai rassemblé l’intégralité de la collecte de Frédéric Mistral, jusqu’alors, elle aussi, éparse), les Contes de Basse-Bretagne (une synthèse de la collecte de Luzel) et les Contes de Haute-Bretagne (une synthèse de la collecte de Paul Sébillot), ces deux derniers volumes composés en miroir (mais j’en ai déjà parlé ici).

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