Enfance

 

L’an passé, il m’avait été demandé d’écrire un spectacle pour le 15 août aux Lieux mouvants, spectacle qui devait avoir lieu en plein air devant la chapelle Saint-Antoine à Lanrivain, donc près de Rostrenen. L’idée m’était venue de tramer les chants interprétés par Annie Ebrel à partir de textes que j’avais écrits sur l’Assomption à Rostrenen, moment magique qui voyait des foules se rassembler pour voir brûler un immense feu de joie dans la nuit. André Markowicz avait mis ces textes en relation avec des poèmes russes, notamment de Pasternak, et Hélène Labarrière accompagnait le tout, intitulé Incandescence. Nous avons donné le spectacle sous un soleil de plomb, et les spectateurs sont restés comme fascinés. Par la suite, François Rannou a publié l’enregistrement du spectacle et des textes dans la revue en ligne (et sur papier) Babel heureuse, et le spectacle a été donné au Festival Ice à Saint-Jean-du-doigt.

 

 

 

Cette année, j’ai choisi un sujet tout à fait opposé, plus risqué peut-être, à savoir l’évocation d’une enfance en Cornouaille, ou plutôt l’évocation par petites touches des vacances et de la fin d’une enfance. Il n’était pas difficile d’illustrer le paysage sonore d’un été d’enfance en Bretagne mais le tout était de mettre les textes en relation avec des chansons qui ne donnent pas dans le pittoresque : j’ai choisi des berceuses, un appel de berger, une gwerz, une chanson d’amour et une comptine mais aussi des chansons françaises et « Lavande en fleur », une vieille chanson traditionnelle anglaise qui se chante très bien en français ou en breton et qui est merveilleusement adaptée à la voix d’Anne Auffret, et à sa harpe, comme à la voix d’Annie Ebrel. Cette fois, André a choisi exclusivement Pasternak pour un magnifique poème sur l’enfance.

 

 

Mais l’essentiel n’est pas là, car l’élément majeur, le clou, le centre du spectacle, c’est le marimba, le seigneur Marimba, que Frédérique Lory doit mener à la baguette. Nous avons tenté d’apprivoiser le sieur Marimba qui trône à l’école de musique de Rostrenen mais il a gardé son quant à soi, se réservant pour des répétitions plus dignes de lui. Nous allons donc nous retrouver d’ici peu. 

En tout cas, le spectacle a lieu le dimanche 20 à 15 heures à la chapelle Saint-Antoine en Lanrivain.

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Incandescence

 

Le 29 à 20 h 30 aura lieu à Saint-Jean-du-doigt la reprise d’Incandescence sous une forme revue, dans le cadre du festival ICE organisé par Patricia Alio.

Et nous reprenons donc les répétitions qui nous rassemblent Annie Ebrel, Hélène Labarrière, André Markowicz  et moi, comme l’an passé.

Si la thématique du spectacle reste la même, la tonalité est différente car les poèmes évoquent le solstice, au bord de la mer, et non plus la période l’assomption en Bretagne intérieure.

 

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Chants de Bretagne

Je viens de recevoir les exemplaires des Chants de Bretagne tout récemment parus aux éditions de la Différence. Le livre est beau, tout simple, et c’était une occasion inespérée de donner à lire les chants que nous n’avions pas pu faire paraître dans nos Anciennes complaintes de Bretagne qui ont été pilonnées par les éditions Ouest-France sans que nous puissions même en acheter un seul exemplaire. J’y ai quand même repris la gwerz d’Anna Le Gardien, trésor auquel je tiens tout particulièrement. Il me semble très heureux que la tradition populaire chantée trouve place dans une collection de poésie et sorte ainsi du sérail étroit du militantisme identitaire et de l’érudition.

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28 juin

Aussitôt paru, aussitôt disparu…

Enfin, pas encore tout à fait. Essayant d’acheter quelques exemplaires du livre pour en offrir aux amis (puisque, comme un de mes lecteurs l’a écrit ici, les éditions de la Différence viennent d’être mises en liquidation judiciaire), je tombe sur le site de la librairie Dialogues à Brest… Voici la présentation du livre sur ce site.

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Je suis en Bretagne un auteur absent.

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Hors de Bretagne, en revanche, j’ai droit à l’existence.

Une expérience pas gaie mais instructive : sur l’état de l’édition en France (et notamment de l’édition de poésie, puisque La Différence avait près d’un demi-siècle d’existence) et sur la manière dont la censure s’exerce en Bretagne.

C’est de la destruction des foyers de rayonnement universel que se nourrit le sectarisme régional, lequel prolifère en écrasant tout ce qui risquait de vivre sans lui faire allégeance.

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Heureuse nouvelle : le livre est à nouveau en vente !

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À l’ouest toute !

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Je viens de recevoir le recueil À l’ouest toute ! (Travailleuses de Bretagne et d’ailleurs) qui est paru aux Presses du réel ce mois-ci et forme la synthèse de recherches initiées en 2013 après un an et demi de préparation. Un énorme travail donc, mené par deux enseignantes de l’EESAB (École européenne supérieure d’art de Bretagne), Fabienne Dumont, historienne de l’art et critique d’art, et Sylvie Ungauer, artiste qui « produit des œuvres à échelles variables, que ce soit des maquettes de ville, des  sculptures habitables, des vidéos ou des œuvres graphiques », dont une installation que l’on peut voir dans le volume.

Leur recherche a, en quelque sorte, happé autour d’un noyau central des travaux d’anthropologues, de sociologues comme Danièle Linhart, de cinéastes comme Marie Hélia, d’artistes et d’écrivains concernés par la problématique. Pour ma part, j’ai évoqué mon expérience de travail en Bretagne et la découverte du machisme du mouvement breton, notamment à la suite de la parution du Monde comme si. C’est bien la première fois que j’avais l’occasion de m’exprimer sur le sujet, et il faut louer la liberté de parole ainsi offerte. Le recueil est vraiment le lieu d’un travail collectif ouvrant des pistes de recherche en toute liberté.

Je dois dire aussi que, pour la première fois, mon travail s’y trouve présenté sous un jour qui me semble exact, mes diverses recherches étant mises en perspective, ce qui n’arrive autant dire jamais.

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Pour commander le livre, le mieux est de se rendre sur le site des Presses du réel. On peut y voir quelques images qui invitent au parcours…

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O’Neill

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Nous répétons La corde, pièce en un acte d’O’Neill, dans les locaux de l’atelier costume du TGP. On ne peut pas dire que le texte soit simple à transposer, mais les acteurs se sont emparés du texte en comprenant d’entrée de jeu qu’il s’agit d’une sorte de partition et que tout  repose sur des unités de souffle. Une fois les appuis mis au bon endroit, tout est simple. Encore faut-il admettre que l’on est sorti du « bon français », ce qui est contraire à tout ce qu’on apprend à l’école. O’Neill n’écrit pas en « bon anglais » et dans cette pièce l’anglo-irlandais est relayé par l’argot du fils qui revient après avoir bourlingué sur toutes les mers…

La pièce prend un curieux relief, mise en miroir avec la pièce en un acte de Conrad, Plus qu’un jour, selon le projet de Jean-Yves Ruf. Les rôles sont interprétés par les mêmes comédiens, ici Vincent Mourlon et Jérôme Dayre, que j’ai eu le plaisir de retrouver après tant d’années.

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Conrad

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Qui sait que Joseph Conrad a écrit des pièces de théâtre ? La première d’entre elles, One Day More, est tirée d’une nouvelle intitulée Tomorrow, et Jean-Yves Ruf a eu l’idée de la mettre en relation avec pièce en un acte d’Eugène O’Neill, The Rope.

Deux pièces qui se passent près de la mer et qui mettent en scène des pères violents et des fils qui, après s’être enfuis, reviennent pour la dernière fois…

Voilà ce que nous commençons à répéter maintenant, après le mémorable stage des Chantiers nomades.

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Sur champ de sable (2)

Au 3e rang : Loïc Rescanière, Macha Kouznetsova, Nicole Mersey, Giulia Deline, Jean-Yves Ruf, Françoise Morvan. Au 2e rang : Lise Chevalier, Sylvain Levitte, Nina Nkundwa. Au 1er rang : Sarah Oppenheim, Stéphanie Grosjean, André Markowicz, Camille Roy, Steven Fafournoux

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Le stage se termine (hélas) vendredi soir au Théâtre des Asphodèles. Nous avons décidé de risquer, à titre d’expérience, une mise en voix du premier livre de Sur champ de sable. C’est une gageure — une histoire sans récit, sans personnages et sans narrateur qui, au moment où j’annonce ce spectacle sans spectateurs, durera on ne sait pas combien de temps. Peut-être une heure, peut-être une heure et demie…

En tout cas, ça commence à 15 heures vendredi au Théâtre des Asphodèles, rue Saint-Eusèbe, dans le troisième arrondissement de Lyon. Tous les amis sont conviés, ainsi que les inconnus.

Il s’agissait, d’après l’intitulé du stage, de « sortir du poème » : si l’expérience est réussie, on n’aura pas du tout besoin d’y revenir, on aura juste une manière de mettre en résonance des images qui viennent du fond de l’enfance et qui sont à tous.

La poésie est très prétentieuse parce qu’on en fait un mauvais usage, et que des cercles autorisés l’amènent à s’écarter de plus en plus loin de ce qui lui donne vie, mais elle peut aussi en s’effaçant laisser surgir des formes nouvelles, et c’est ce que le travail d’acteur, porté sur un terrain qui ne lui est pas habituel, peut permettre. Voilà en quoi consiste cette expérience, selon moi, vraiment vitale.

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Un immense merci aux stagiaires qui m’ont donné l’un des plus grands bonheurs de ma vie. Alors que nous étions tous à nous dire que rien n’était prêt, qu’il y avait une lenteur,  une raideur, une manière convenue de dire la poésie qui montrait qu’il nous aurait fallu encore deux semaines de travail, soudain, eh oui, soudain, nous avons vu éclore un spectacle où tout était fluide, où chacun donnait le meilleur de soi et restait à l’écoute des autres, un vrai travail choral d’où les textes sortaient comme neufs, lustrés de vie. Nous étions tous émerveillés, aussi bien Jean-Yves, à qui ce miracle doit beaucoup, que Nathalie, qui dirige les Chantiers nomades, et André, qui a consacré deux chroniques sur Facebook à cet événement… et qui en parle bien mieux que moi.

 

 

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Sur champ de sable (1)

 

 

Et voici les Chantiers nomades commencés au Théâtre des asphodèles… phrase qui, à elle seule semble ouvrir sur les arrières-fonds mystérieux de cette expérience de poésie hors de la poésie.

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La manière dont les acteurs donnent à entendre ces textes en les posant dans le temps de la parole comme on graverait sur l’eau est un vrai miracle.

 

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Le songe d’une nuit d’été

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Le songe d’une nuit d’été se joue à Ivry, dans la mise en scène de Guy-Pierre Couleau dont la première a eu lieu l’été dernier au Théâtre du peuple de Bussang. Chose exceptionnelle, des journalistes mentionnent la traduction… C’est toujours une heureuse surprise de découvrir que le texte est pris en compte

Lors de la première, j’avais retrouvé un article que j’avais écrit sur ce travail de traduction, et je l’ai un peu corrigé.

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Les mistoufles (4)

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Après Les mistoufles 1 (petits soucis)

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Les mistoufles 2 (chansons douces)

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Les mistoufles 3 (chansons atroces)

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…voici Les mistoufles 4 (animaux rares, animaux bizarres)

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Le premier volume des Mistoufles a été enregistré par les élèves de CM2 de l’école Jean Macé de Villefranche-sur-Saône.

Le deuxième volume a été enregistré par les élèves de CE1/CE2 de l’école Charles Faroux de Compiègne.

Le volume 3 a été enregistré par les élèves de CM2 de l’école Madeleine Rebérioux de Chambéry…

et le volume 4 par les élèves de CM1-CM2 de l’école Charlie Chaplin de Redon.

Le disque peut être entendu sur le site de la compagnie L’unijambiste et j’ai rédigé une page sur cette expérience, page que je complète au fur et à mesure que l’expérience avance.

Voici ce qu’indique le dossier qui a été préparé par Pascale, l’institutrice en charge des deux classes :

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Cette fois-ci, toute l’école s’était associée pour participer au projet, même les petits de maternelle qui s’étaient pris de passion pour le souricate, le pleurodèle, le grizzly du Canada et l’oryx algazelle.

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Les grands, non contents de mettre mes poèmes en musique, avaient réalisé de véritables tableaux à partir de ces animaux étranges, et ils avaient même réalisé à partir de leurs modelages un film d’animation.

Le disque, l’exposition de leurs travaux et le film étaient l’occasion d’inviter tous les élèves et leurs parents au théâtre de Redon pour une rencontre suivie d’un goûter — belle occasion d’ouvrir l’école au théâtre et le théâtre à l’école.

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Je dois dire que je me suis bien amusée. Et le plus beau moment pour moi a été celui où l’un des élèves est venu me dire qu’il me remerciait pour les poèmes… C’était dit avec timidité et résolution, avec surtout beaucoup de délicatesse.

Une rencontre avec les élèves avait été prévue et les questions étaient remarquablement organisées. Elles portaient surtout sur cet étrange métier d’écrivain qui n’en est pas un, sur ma manière d’écrire, et sur, en somme, ma bizarre carrière d’amateur d’animaux bizarres.

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En fait, ce qui a été bien perçu par les petites filles qui ont mis en musique la chanson de l’oryx algazelle, c’est que j’avais écrit ces textes pour montrer la disparition des animaux sur la planète, l’extinction d’espèces qui n’existent plus que dans les zoos (c’est le cas de l’oryx algazelle)… Il s’agissait de montrer sous forme de fable un monde étrange et vrai, plus vrai que les histoires de Tom et Jerry, et plus cruel aussi parce que sans happy end. Du fait que les textes qui accompagnaient les chansons n’étaient pas présents, les chansons avaient l’air juste drôle et entraînant, ce qu’elles étaient mais pour dire autre chose… Dommage que je n’aie pas pu rencontrer l’institutrice et les enfants avant la remise du disque. D’autant que tous sans exception savaient par cœur ces poèmes qui pouvaient passer pour difficiles.

Tout ça ne rend que plus touchant le travail graphique effectué à partir des poèmes…

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Et le travail de recherche… par exemple, sur les cichlidés du lac Victoria, un poème mélancolique qui a été illustré par une longue fresque dont l’image centrale est vraiment magnifique, et je le dis après avoir revu le film d’Hubert Sauper, Le cauchemar de Darwin, qui a été à l’origine de ce texte.

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Il est, en fin de compte, sans doute heureux que les sens seconds de ces fables pas vraiment joyeuses aient été mis à distance et que les allusions affleurent où l’on veut les mettre : « La maclotte du lombric » a trouvé avec les élections présidentielles une actualité que je n’avais pas pu prévoir et certains s’écroulent de rire à l’idée d’y voir un portrait d’un candidat dont la rivale se voit aussi dépeinte — sans parler des doubles sens attribuables aux uns et aux autres.

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