Poésie

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Je reçois les actes du colloque de Grenoble auquel j’avais été invitée l’an passé, ou, plus précisément, le recueil d’une sélection de communications rassemblées sous le titre Être et devenir lecteur(s) de poèmes par Nathalie Brillant Rannou, Christine Boutenvin et Magali Brunel dans le cadre du séminaire Enseigner le théâtre et le poésie aujourd’hui. Depuis 2012, ce séminaire développe à l’Université Stendhal de Grenoble des recherches et des rencontres d’une grande richesse.

En ouverture du recueil, Nathalie Brillant Rannou pose bien le problème : « Lançons le mot POÉSIE au milieu d’une salle de professeurs, d’une session de formation des maîtres, d’un comité éditorial, d’une cour d’école ou d’un espace numérique de travail… Et voyons ce qui se passe. Au pire, rien : une apparente indifférence mêlée de suspicion, d’incertitude, voire de rejet. Au mieux : un enthousiasme contagieux, le sentiment déclaré qu’enfin s’ouvrent des fenêtres, que les paroles s’activent et que peut surgir ici et maintenant quelque chose… » Comment faire pour que l’enseignement sinistré de la poésie retrouve quelques lettres de noblesse, telle était la question que je me posais au moment de prendre part au colloque, et je dois dire que les communications étaient passionnantes — passionnantes et parfois tout à fait accablantes…

J’avais surtout gardé souvenir de l’enquête de Magali Brunel dans un collège du Var. Partant des cahiers de texte de toutes les classes du collège, Magali Brunel avait examiné très précisément quels poèmes étaient étudiés au cours d’une année suivant le corpus prescrit en 2008. J’avais eu peine à croire que la poésie s’enseignait bien, d’après le programme, en quatre cases selon la classe :

— en Sixième, initiation (ne se faisant aucune illusion, les pédagogues du ministère considèrent que la poésie est désormais absente des classes primaires) à partir de tout ce qu’on veut, des poèmes, bien sûr, mais aussi des calligrammes, de haïkus, de chansons et toutes sortes de choses rigolotes. L’unique auteur conseillé est La Fontaine, choix qui mériterait à lui seul de longs commentaires mais je ne vais pas épiloguer.

— En Cinquième, jeux de langage. Le tout est de rester dans le ludique. Du XVIe au XXe siècle, une vingtaine de poètes sont retenus, depuis, pour le Moyen Âge, Charles d’Orléans, auteur, en effet, connu pour être spécialement ludique, jusqu’à, pour le XXe siècle, toute une brochette de poètes, dont Claude Roy, Jacques Roubaud et Malcolm de Chazal, mais oui.

— En Quatrième, poésie engagée. Là, c’est le grand règne de la révolte, communisme et communautarisme associés, avec pêle-mêle Prévert (poète engagé dans quoi, ce n’est pas dit), Ritsos, Aragon, Césaire et Néruda.

— En Troisième, lyrisme. Les pédagogues, se rendant compte que leur liste ne comportait pas de femmes, les ont toutes fourrées dans le lyrisme. On y trouve donc les redoutables Marceline Desbordes-Valmore et Anna de Noailles, la pieuse Marie Noël et Louise Labbé, peut-être considérée comme pieuse aussi, qui sait.

Marie de France, « notre première femme poète », disaient, en d’autres temps, Lagarde et Michard, reste totalement absente — bien qu’elle ait fourni le premier recueil de fables en langue vernaculaire, fables toutes faites pour donner une merveilleuse idée de jeux de langage et offrir un contrepoint à La Fontaine. Mais à quoi bon le regretter puisque, si elle était « mise au programme », ce serait dans une traduction universitaire qui transposerait en lourde prose ses gracieuses fables et ses lais ?

Je n’invente rien. Voici, tel que le donne l’article de Magali Brunel, le programme, le sacro-saint Programme.

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Le Programme

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Comment les professeurs peuvent-ils s’en tirer, comment la poésie peut-elle s’en sortir ?

À mon avis, aucun espoir.

Et pourtant, il faut se plonger dans la lecture de ce volume dont absolument tous les articles ouvrent des portes et donnent envie de prolonger ces recherches.

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Parole interdite

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Robin L'erreur

Armand Robin, « Fragments »

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Samedi en début d’après-midi, comme je l’avais annoncé, je me suis rendue au Théâtre du Champ-au-Roy à Guingamp pour participer aux rencontres destinées à accompagner les expositions présentées par le centre GwinZegal et notamment l’exposition des photographies retrouvées après la mort d’Armand Robin (que j’avais mises en relation avec les fragments posthumes).

Du fait que la présentation de l’exposition, voilà quelques semaines, s’était déroulée sans problème, je n’avais pas lieu d’imaginer que les militants bretons y verraient à redire. Armand Robin est un auteur breton, après tout, et le fait de montrer des photographies prises à Rostrenen et des poèmes écrits sur son pays natal, qui est d’ailleurs le mien, ne semblait pas de nature à devoir leur déplaire.

Mon seul souci était la durée du diaporama que nous avions mis au point jusqu’à la dernière minute pour compléter l’exposition car, m’étant cassé la voix en disant des poèmes à Lille, j’avais trouvé remarquablement opportune l’idée de montrer ce diaporama qui me permettrait de garder le silence.

Ainsi mon vœu rejoignait-il celui des militants, mais, loin de m’en douter, et de soupçonner même que ma seule présence à Guingamp était de nature à provoquer une mobilisation générale, mon but premier était alors, à l’occasion de cette conférence, de prendre des photos des lieux où mon arrière-grand-père avait promené sa silhouette gracile, et je l’imaginais traversant la salle de la mairie où j’allais prendre la parole (il était adjoint au maire de Guingamp, ingénieur des Travaux publics et commandant des pompiers).

Batifolant dans les songeries tout en numérisant les images de l’album de photos de ma grand-mère, je me disais qu’il serait intéressant de faire le portrait d’une ville par les albums de famille. Et c’est avec l’intention de soumettre ce projet à GwinZegal que j’avais apporté le portrait de mon arrière-arrière-grand-mère guingampaise…

Grand-mère Parquier basse def

Une petite image qui, pour moi, résumait tout l’esprit trégorrois — une malice, une gentillesse, une façon d’attendre le destin, fût-il mauvais, voire tout à fait désastreux, avec une bienveillance et un fatalisme légèrement ironique… Bref, tandis que, méditativement, puisque absorbée par mes réflexions sur les albums de famille, je gagnais les lieux où mon arrière-grand-père avait dû, lui-même, exercer ses capacités notoirement exceptionnelles à s’abstraire du contexte (rencontrant sur le seuil de la mairie sa dernière fille, ma grand-mère, il lui était arrivé de la saluer en lui disant : « Bonjour, mademoiselle »), j’apportais ce portrait de mon arrière-arrière-grand-mère, pris dans les studios Le Cun, en 1912, sans imaginer une seconde que les représentants de la culture guingampaise actuelle me sommeraient de dégager la minuscule place que je m’apprêtais à occuper (le moins possible, vu l’état de ma voix) au nom de la bretonnitude par eux incarnée sur la place.

Quelle bretonnitude, reposant sur quelle légitimité, en vue de défendre quelles valeurs supposées mises à mal par ma seule présence, c’est ce qu’il me restait à découvrir.

En tout cas, pour ce qui est des brevets de guingampitude, j’étais parée. Et je trouve qu’en regard de ce qui m’attendait, ce portrait de ma petite arrière-arrière-grand-mère est une sorte d’heureuse rencontre : qu’aurait-elle pu penser face à tant de haine, et de haine déchaînée au nom d’une bretonnité militante, je le laisse à deviner.

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BIODIVERSITÉ

À 14 h, la rencontre autour de l’exposition de Yann Mingard sur les conservatoires universels de semences, d’ADN, de corps humains qu’il a photographiés de par le monde était à la fois passionnante, comme je m’y attendais, et tout aussi terrifiante : le pouvoir des lobbys de grainetiers qui imposent leur sélection de semences à des continents entiers, et, comme Monsanto, deviennent propriétaires des bunkers d’espèces mises en réserve, était dénoncé de manière lumineuse par Pierre-Henri Gouyon et Jacques Arnould dont j’ai découvert les recherches à cette occasion. Comment lutter contre la réduction de la biodiversité, comment s’opposer au pouvoir dictorial de lobbys puissamment organisés, acharnés à détourner ce qui était librement produit par tous, et à contrôler la culture en la réduisant aux produits standards leur assurant un profit maximal ?

Nous étions une centaine de personnes, tout à la fois accablées et reconnaissantes de prendre conscience d’un problème dont, jusqu’alors, pour la plupart, nous ignorions tout.

Lors de la pause, avant la présentation par Isabelle Vaillant de ses photographies prises dans la campagne autour de Rostrenen, j’ai appris que des militants bretons avaient publié dans le journal local, L’Écho de l’Armor et de l’Argoat, une « tribune libre » pour s’opposer à ma présence. La tribune était libre mais, moi, je ne l’étais pas de fouler le sol guingampais : pas question pour eux de me permettre de présenter librement les poèmes d’Armand Robin car, ce faisant, on m’offrait « une tribune » — et m’offrir une tribune, « si minime soit-elle », tombe sous le coup de la censure. Qu’il soit donc bien entendu que, poème ou pas, Robin ou pas, quel que soit le sujet, je suis interdite de parole sur le sol breton.

C’est bien ce que j’ai constaté depuis la parution du Monde comme si, en 2002, mais là, pour la première fois, la chose était clairement dite, et par des élus, exerçant des fonctions officielles.

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LE NOUVEAU PILORI

Tel est donc le communiqué publié par L’Écho de l’Armor et de l’Argoat, journal qui s’est ainsi associé à cette dénonciation publique : en quoi peuvent bien consister les « outrances, raccourcis et amalgames » rendant ma « présence inopportune » ? Aucune explication, bien sûr : les accusations sont les mêmes depuis plus de dix ans — il ne s’agit pas de répondre à des arguments mais d’interdire une parole non autorisée, de museler et de faire régner le silence par la terreur.

Il ne suffit pas d’avoir publié 18 volumes de Luzel, auteur trégorrois, et publié les grandes collectes de contes des principales régions de France pour éviter d’être dénoncé publiquement comme « caution de tous les adversaires des cultures régionales ». Non, pour avoir le droit de lire librement des poèmes à Guingamp, cinq prérequis s’imposent : aimer les cercles celtiques, les bagadou, les écoles bilingues, la signalétique bilingue et l’Office de la langue bretonne. À en juger par les activités du Centre culturel breton, il est apparemment nécessaire aussi d’aimer le kouign-amann, le triskell et le gwenn-ha-du.

Les auteurs de cette tribune sont Yannick Kerlogot, jadis élu sur une liste EELV (associée aux autonomistes de l’UDB) et ensuite élu conseiller départemental sur une liste de droite, Guy Kerhervé, président du Centre culturel breton de Guingamp, élu municipal, et une personne qui fait du théâtre à Callac (peu après la parution de ma traduction du théâtre de Synge, elle avait donné des représentations du Baladin du monde occidental — qui avait valu à Synge, lui aussi, d’affronter la haine des nationalistes, formulée en termes d’ailleurs assez semblables à ceux qu’elle signe. Face à la meute, Synge avait eu cette réplique sobre : « I don’t give a damn »).

N’ayant jamais eu affaire à aucun de ces militants, pas plus qu’avec le Centre culturel breton de Guingamp dont j’ignorais à peu près tout (sinon qu’il avait invité l’indépendantiste Mervin qui pense que la Résistance a fait plus de tort à la Bretagne que les nazis), j’avais quelque peine à saisir ce qui motivait ce déchaînement d’agressivité. Tout s’est éclairé lorsque les responsables de GwinZegal m’ont appris que des tags venaient d’être apposés devant les portes du théâtre, dans la cour qui sépare le théâtre des locaux du Centre culturel breton.

Ces tags délivraient tous le même message :

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Tag Monjarret

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Ce qui signifie, avec hermine ducale en prime :

PLACE POLIG MONJARRET

Ce message, sans doute énigmatique pour qui est étranger au monde du nationalisme breton, est simple à comprendre pour qui a suivi les combats de la Bretagne militante en vue de réhabiliter les nationalistes collaborateurs des nazis. Ces gens me reprochent de voir des nazis partout : pourquoi viennent-ils peindre devant moi le nom d’un militant qui a suivi les nazis jusque dans leur fuite ?

L’affaire Monjarret qui avait un temps occupé Guingamp était pourtant classée : le 8 juillet 2014, le conseil municipal de Guingamp s’était prononcé contre l’attribution du nom de Paul (dit Polig) Monjarret à une nouvelle rue. Décision louable, faisant suite aux protestations de nombreuses associations, notamment de la LP et de l’ANACR, qui avaient rencontré le maire à ce propos, mais je n’étais, quant à moi, pas directement associée à cet épisode.

Voilà plusieurs années, lorsqu’une municipalité EELV avait voulu donner le nom à un collège du Morbihan, j’avais rédigé une étude sur le cas Monjarret (et ce, à le demande de nombreuses associations, dont la protestation avait d’ailleurs été entendue). Cette étude peut être lue en ligne. Elle est accablante pour Monjarret mais a été complétée et confirmée depuis par d’autres recherches, plus accablantes encore. Ainsi, la thèse de Sébastien Carney publiée aux Presses universitaires de Rennes établit-elle que Monjarret a vécu deux mois avec les SS du Bezen Perrot en fuite en Allemagne « après avoir arrangé son arrestation avec le SD de Saint-Brieuc pour échapper à la Résistance. » (Breiz Atao, p. 531). Je précise que Monjarret, qui retrouvait au Bezen ses amis Guiomar de Guingamp et son beau-frère, tous sous uniforme SS, ne s’est jamais repenti de ses activités collaborationnistes : on le retrouve, bien après-guerre, au MOB de Fouéré défendant l’existence d’une « race bretonne » et assurant que nul enfant né sur le sol breton ne peut se dire breton s’il n’est pas de sang breton. Tout un programme…

Attribuer le nom de Monjarret à une rue de Guingamp était faire offense à la Résistance, je ne pouvais qu’approuver anciens résistants et les citoyens qui avaient eu le courage de protester, mais j’avais juste, à l’époque, souligné le rôle de la presse locale : en effet, la parole était systématiquement donnée aux autonomistes qui entendaient imposer le nom de Monjarret. En tête de ces militants, Yannick Kerlogot et Guy Kerhervé, président du Centre culturel breton.

Je les retrouvais donc en tête de cette action punitive.

Il s’agissait pas seulement de m’interdire de parole mais de le faire au nom de Monjarret.

J’allais en avoir l’illustration dans les minutes qui suivaient.

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ILS SONT TOUS MONJARRET

Au moment où, sans tenir compte des menaces, nous commençons notre rencontre au sujet d’Armand Robin, voilà qu’un groupe de militants se lève et que l’un d’entre eux, qui, par la suite, devait se présenter comme un élu (donc mandaté pour ce faire), demande à dire un petit mot, juste un petit mot, et commence à parler de plus en plus fort, rendant impossible toute parole, à supposer que j’aie été en mesure de forcer ma voix — ce que, de toute façon, je n’avais pas l’intention de faire.

Commencent les habituelles invectives.

Au nombre des militants, Kerlogot, représentant donc le conseil général, et des porteurs de panneaux affichant leur défense de Monjarret.

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Panneau Monjarret

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Il n’est pas inutile de regarder ce panneau, car l’information essentielle est celle qui est destinée à rester inaperçue : « I AM POLIG » est décliné dans toutes les langues (l’anglais servant de base) mais le français ne figure qu’en marge et en petits caractères, tous les idiomes étant naturellement préférables à l’odieuse langue française.

On s’étonnera peut-être de voir associer Charlie Hebdo et Monjarret mais (bien que le raisonnement soit un peu difficile à suivre pour le béotien), étant entendu pour le militant breton qu’islamiste et jacobin s’équivalent, la défense du pauvre Polig par moi persécuté peut sans problème équivaloir à la défense des journalistes assassinés. J’ai à ce propos une citation de George Orwell que j’aimerais bien retrouver pour la livrer telle quelle sans risque d’erreur.

Ayant pris la parole, les militants se relaient, multiplient les attaques, évoquent, bien sûr, le Front national à mon propos et refusent de céder aux injonctions des spectateurs qui s’indignent car ils ne comprennent pas ce que veulent ces gens qui ont eu tout le temps de s’exprimer. Des dames se lèvent, protestent qu’elles sont venues de loin, que c’est la poésie qui les intéresse et pas ces inepties : puisqu’ils veulent faire un débat, qu’ils aillent le faire où ils veulent ; tout ça n’a rien à voir avec le sujet.

Pris à partie par le public, les intrus quittent la salle.

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RÉSISTANCE

Le moins qu’on puisse dire est que pendant cette demi-heure, je n’ai pas eu à me fatiguer la voix.

Enfin, la possibilité de parler d’Armand Robin nous étant accordée, nous avons l’impression de plonger dans un bain frais après toute cette boue ; quant au diaporama dont j’aurais tant voulu accélérer le rythme, il apparaît tel quel comme un miracle car la lenteur des images montrant les manuscrits et les photographies a un effet merveilleusement reposant.

Et moi qui ne voyais pas comment, après l’extraordinaire débat sur la réduction de la biodiversité, présenter cette minuscule expérience poétique hors norme, soudain, je me rends compte que tout le monde a compris que, là aussi, loin des lobbies littéraires ou identitaires, il y a des expériences de poésie fragile, et qu’il faut à toute force préserver.

Le poème de Pasternak lu en russe, puis dans la traduction de Robin, tout le monde dans la salle comprend que ce n’est pas seulement une traduction (ou ce qu’il appelait une non-traduction) mais une forme de résistance universelle.

Et c’est la formule employée par l’un des auditeurs en conclusion.

Difficile de faire plus bel hommage à Robin.

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ABSENCE

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Gwinzegal les artistes

Je note que le journaliste d’Ouest-France a parfaitement compris la leçon.

Simple et discret, un effacement parfait.

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QUESTIONS

Il serait intéressant de savoir si la municipalité de Guingamp, qui s’est démocratiquement prononcée contre l’attribution du nom de Monjarret, tolère que l’espace public soit ainsi dégradé pour imposer le nom d’un nationaliste collaborateur des nazis.

Dans la mesure où c’est à titre officiel que le président du Centre culturel breton et le président de Kendalc’h 22 ont publié ce texte, visant à perturber une conférence, tenue dans un lieu public, par une association subventionnée par la municipalité, le département et le conseil régional, il serait intéressant de savoir si les tutelles et les membres de Kendalc’h cautionnent ces prises de position.

Enfin, le conseil départemental, représenté par Kerlogot, se trouve être partie prenante puisque c’est en son nom que cet élu a produit ces attaques et accompagné les militants portant au cou des panneaux proclamant « I am Monjarret ».

En interdisant le déroulement normal d’une conférence sur un auteur breton par un auteur breton au nom de la culture bretonne, ces militants ont montré qu’ils entendent réduire la culture bretonne à la culture Monjarret. Et qu’ils entendent réduire au silence toute voix qui ose s’élever.

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Armand Robin à GwinZegal

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Samedi 16 avril 2016, en conclusion d’une conférence/table ronde qui semble devoir être passionnante, et qui rassemble autour des photographes Yann Mingard et Isabelle Vaillant, Jacques Arnould, philosophe, Nicolas Crispini, historien, et Pierre-Henri Goyon, biologiste, je dois donner une présentation du travail d’Armand Robin, à partir de l’exposition réalisée à l’initiative de GwinZegal.

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C’est à 16 h 45 au théâtre du Champ-au-Roy (le vrai Guingampais se reconnaît au fait qu’il prononce champoroi). Nous avons passé quelques journées à faire un diaporama à partir des photographies d’Armand Robin et des textes retrouvés après sa mort, tels qu’ils ont été photographiés pour l’exposition (exposition qui est visible à la médiathèque de Guingamp, comme je l’ai déjà indiqué).

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Grandes collectes

Quel éditeur a encore l’obligeance de consulter l’auteur au sujet de la couverture de ses livres ? Non seulement les éditions Ouest-France font passer en collection de poche quatre nouveaux titres de la collection « Les grandes collectes » mais la responsable du service graphique a la délicatesse de me demander si les couleurs choisies pour accompagner les illustrations d’Arthur Rackham s’accordent avec l’esprit de la collecte…

Et voilà ce que nous avons retenu (les images ne donnent qu’une idée approximative du résultat final).

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D’abord, les Contes d’Auvergne qui m’ont demandé un travail de recherche assez aride (et m’ont permis de rendre hommage, une fois de plus, à Paul Sébillot).

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Pour le passage en collection de poche, il a fallu refaire les index, ce qui n’était pas une mince affaire pour les Légendes d’Alsace… 

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.Enfin, je tiens particulièrement à la collecte d’Henry Carnoy que j’ai pu donner dans son intégralité en un volume (ses contes étaient jusqu’alors restés épars) et je trouve que la couleur lumineuse donne bien l’impression générale de gaieté que laissent les contes de Picardie.

À présent, je corrige les dernières épreuves des Légendes de Normandie  qui devraient aussi paraître en mai après avoir été épuisées pendant des années. Et voici la nouvelle couverture…

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J’oubliais de préciser que sont déjà parus les Contes de Provence (j’ai rassemblé l’intégralité de la collecte de Frédéric Mistral, jusqu’alors, elle aussi, éparse), les Contes de Basse-Bretagne (une synthèse de la collecte de Luzel) et les Contes de Haute-Bretagne (une synthèse de la collecte de Paul Sébillot), ces deux derniers volumes composés en miroir (mais j’en ai déjà parlé ici).

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Maurice Sendak

Sendak Kenny

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Moi qui avais décidé de ne plus faire de traductions, voilà que les éditions MeMo me proposent de traduire douze livres de Maurice Sendak. Comment refuser ? Maurice Sendak, Max et les maximonstres…

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Ce que je découvre, c’est Sendak auteur et illustrateur de titres peu connus. La fenêtre de Kenny, et Loin, très loin… toujours sur la solitude de l’enfance. Il me semble que tous ces titres forment une fresque où les personnages reviennent, ainsi le cheval, toujours lié au rêve. Une nouvelle aventure.

 

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Armand Robin

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.Le 11 mars, inauguration de l’exposition des photographies d’Armand Robin organisée par le centre d’art GwinZegal.

L’histoire de ces photographies est assez simple : en 1937, de retour à Rostrenen, Armand Robin entreprend de photographier la ferme du Ouesquié, son père, ses voisins, les herbes, les chevaux. Il me tiendra probablement plus un appareil photo par la suite mais certains des Fragments qu’il écrit à partir de ce moment laissent à penser qu’ils sont nés de ce regard posé sur un monde qu’il avait quitté — pour le faire vivre par le long périple à travers les poésies du monde entier.

Voilà quelques années, j’avais publié ces photographies en les mettant en relation avec certains des fragments retrouvés après la mort d’Armand Robin.

.Le livre est paru sous le titre Le cycle du pays natal. Il a connu deux éditions. C’est le seul des six volumes de textes de Robin que j’ai donnés aux éditions Ubacs devenues La Part commune qui soit encore disponible.

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Le parti-pris de Jérôme Sother et de tous ceux qui ont travaillé à cette exposition a été de d’accorder à ces photographies d’amateur le plus grand soin et, loin de les considérer comme documents, de leur donner leur espace en les mettant en relation avec quelques textes — peu de textes, juste quelques fragments que j’ai choisis parmi ceux que j’avais archivés aux éditions Gallimard parce qu’ils formaient, en relation avec les images, une histoire sans histoire, le récit d’une perdition.

Travaillant sur ces images pour GwinZegal, je me suis rendue compte que celles que je préférais étaient souvent les plus manquées.

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Elles m’étaient plus proches d’abord parce qu’elles me rappelaient des souvenirs d’enfance, la vieille Madame Hénaff dont je retrouve là le visage, le sourire d’un petit voisin, le chaume sur les poteaux de bois, les herbes de la prairie en pente…

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Et puis parce qu’elle faisaient écho à ces fragments si simples, si étrangers à la « poésie pour poètes » que Robin disait vouloir fuir et a, de fait, réussi à fuir le temps de les écrire et de traduire certains poèmes…

Ultime miracle : après sa mort, un ami se rend dans son appartement et sauve, extraits de montagnes de papiers, ces quelques manuscrits et ces quelques clichés.

Archivant ces pages dactylographiées, de plus en plus raturées, tachées, déchirées, j’avais l’impression de rendre vie à ce qui avait permis à Robin, plongé dans le monde de la littérature, d’en réchapper, d’une manière ou d’une autre…

De même, peut-être l’exposition offre-t-elle, bien paradoxalement, une manière d’échapper aux clichés par les clichés…

En tout cas, le travail à partir des manuscrits et des images s’inscrit dans un souci de rigueur qui pourrait ouvrir sur une recherche nouvelle.

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Dostoïevski

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Le dernier tome des œuvres romanesques de Dostoïevski en Thésaurus vient de paraître. Pendant onze ans, j’ai relu toutes ces traductions. Daredjane, la mère d’André, relisait pour vérifier d’après le texte russe et renvoyait le manuscrit avec ses annotations en russe ; moi, je reprenais après intégration de ses corrections et je corrigeais sur un nouveau tirage ; ensuite, mes corrections étaient ou non intégrées, ce qui donnait un troisième manuscrit ; puis il y avait le stade de la relecture par l’éditeur, Hubert Nyssen, ou par Sabine Wespieser qui dirigeait alors la collection Babel. Et quand le premier livre est paru, le traducteur a reçu par Interflora un superbe bouquet de fleurs de la part de son éditeur. Autre temps, autres mœurs… Nous avions alors tous l’impression de participer à une expérience nouvelle, une exploration des voies non frayées de la littérature, par la traduction, une expérience de poésie.

Ce travail était tout à fait héroïque de la part de Daredjane qui détestait Dostoïevski et ne manquait jamais de souligner les incohérences de ses romans d’un дурак bien senti. Quant à moi, je ne cessais pas de rectifier, en sorte que mes corrections auraient pu offrir (d’après le traducteur) une version de Dostoïevski conforme à la doxa française et permettant de délimiter les normes auxquelles il fallait échapper.

Pendant des années, j’ai archivé ces étapes de la traduction, pour chaque roman, dans ces bacs de plastique transparent comme on en vend pour ranger les jouets des enfants. C’étaient des bacs empilables et je les empilais dans ma cave, le long des murs. Roman après roman, la cave se remplissait. Et puis, un jour, des dealers se sont installés chez une vieille femme de l’immeuble, et ils ont commencé à entasser dans sa cave, puis dans les parties communes des caves, des caisses. J’ai (seule de tout l’immeuble) protesté. Les dealers ont fui mais ont mis ma cave à sac et de toutes ces strates de corrections archivées en vue de constituer une histoire de cette traduction il n’est resté que des piles et des piles de papiers en vrac. Je les ai mis dans des sacs et je les ai jetés.

En fait, il m’est arrivé à peu près la même chose avec les nationalistes bretons vers la même époque : j’ai découvert un trafic, j’ai protesté, et tout ce que j’avais soigneusement archivé, préparé pour une étude qui aurait pu être intéressante a été pulvérisé. Inutile d’y revenir, c’est le sujet du Monde comme si.

Mais, dans le cas de Dostoïevski, bien des romans n’étaient pas encore traduits, et nous avons archivé les strates de corrections dans des cartons, moins bien rangés, il est vrai, mais, avec les dossiers de presse, ils constituent un fonds intéressant pour l’histoire de la traduction. Il s’agirait de savoir à qui le donner… Ce que montrent ces dossiers de presse, c’est la manière dont une traduction, qui a d’abord été l’objet de polémiques virulentes, a fini par être admise (grâce au théâtre et malgré l’université), puis comprise — et l’article du Monde des livres qui est paru ce jour est passionnant à cet égard : pour la première fois, le critique passe outre la polémique et considère l’ensemble en montrant combien la langue en forge le sens. Ce faisant, Sabri Louatah donne raison au traducteur qui expliquait, au début de cette expérience, qu’il était inutile de traduire un seul roman car il fallait aller à l’encontre de la tradition française : seule la traduction intégrale des romans pouvait créer le contexte et permettre une lecture nouvelle. Créer le contexte, tel était le but. Et, de fait, il a été atteint.

Dostoïevski, Le Monde, 3. 3. 2016

Publié dans André Markowicz, Dostoïevski, Relecture, Traduction | Laisser un commentaire

Poésie : Marchak

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J’ai traduit six livres de Samouil Marchak. Deux d’entre sont toujours inédits et les quatre autres sont devenus introuvables (c’était une très belle édition, Quant la poésie jonglait avec l’image, un chef d’œuvre des éditions MeMo, hélas, épuisé depuis des années). Le livre, sous ce titre que je n’avais pas choisi, contenait la traduction de quatre poèmes, Le CirqueLa Glace, Hier et aujourd’huiLe Rabot. 

J’ai également traduit L’Étourdi mal dégourdi et Enfants sauvages enfants en cage (ce sont les titres que j’ai trouvés) mais je n’ai pas d’éditeur, donc encore des traductions introuvables…

Marchak est le plus grand poète russe pour enfants. Ses livres sont autant de fables allègres qui laissent transparaître une dénonciation terrible de la dictature qui, allait s’aggravant d’année en année. Lui qui faisait vivre des illustrateurs et des auteurs en proposant leurs projets les a vu disparaître, arrêtés les uns après les autres, tandis qu’il survivait en faisant des traductions. Des millions d’enfants russes connaissent ces poèmes par cœur mais ils sont à peu près inconnus en France.

Il va de soi que ses livres ont été édulcorés au fil des années, tant leur contenu, même dissimulé, se laissait entendre. Ce que nous essayons de faire connaître, André Markowicz et moi, en donnant des lectures illustrées de ses poèmes, c’est la version originale, avec la musique du russe et la musique des couleurs. Nous faisons à présent des lectures en images de ces textes, faute de pouvoir les donner à lire.

Ces lectures s’inscrivent dans le cadre du cycle organisé par le Théâtre du Nord à Lille.

Publié dans André Markowicz, enfants, illustration, Lecture, Poésie, Traduction | Laisser un commentaire

Poésie à l’école

photos ateliers

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photos ateliers Radis frétillants

À la médiathèque de Roubaix, rencontre avec les enfants de l’école Elsa Triolet qui ont lu depuis la rentrée La Saga des petits radis. Belle occasion de parler de poésie et de faire vivre la collection Coquelicot. C’est une rencontre organisée par le Théâtre du Nord.

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Lecture de poésie

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Demain, début d’un cycle de lecture de poésie.

J’ai choisi Vigile de décembre pour commencer.

La soirée est annoncée sur le site du Théâtre du Nord à Lille.

 

 

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