La ronde des mois

 

 

Un article paru dans Bretagne-Ile-de-France. 

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Le kraspek

Les éditions MeMo sont invitées par Marie Richeux pour l‘émission Nouvelles vagues sur la littérature pour enfants et, heureuse surprise, c’est Le kraspek, un conte que j’ai écrit d’après Afanassiev, qui est retenu — une version du conte type 361 dont j’ai fait une fable politique…

Le conte avait été choisi par Étienne Beck, qui avait déjà illustré Ptigars-Ptidoigt, autre conte d’Afanassiev, cette fois traduit par André Markowicz et moi — un très bel album.

Je précise que Le kraspek n’est pas une traduction.

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Le grand livre des contes

 

 

.Reparution pour Noël du Grand livre des contes aux éditions Ouest-France. Un très grand livre écrit à partir des illustrations d’Arthur Rackham que je collectionne depuis des années. J’aurais voulu qu’il soit acheté pour être transmis de génération en génération comme les livres de contes que l’on trouvait dans les bibliothèques des grands-parents… Les graphistes ont fait un magnifique travail et le toucher velouté de la couverture donne envie de rester lire des contes en buvant du chocolat chaud.

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Colloque

Un colloque très intéressant, organisé à Montpellier par Pierre-Marie Héron, qui a eu la bonne idée d’ouvrir un champ de recherche sur la « radiolittérature ». L’introduction de Céline Pardo, faisant le point sur les émissions de poésie, donnait une approche globale très intéressante aussi : comment expliquer la quasi-disparition des émissions de poésie — j’ai ma petite idée là-dessus et le colloque n’a fait que la conforter. Quoi qu’il en soit, la littérature à la radio n’a guère été étudiée et lorsque j’ai travaillé à l’INA sur le travail d’Armand Robin à la radio, j’ai découvert quantité d’émissions qu’il aurait été passionnant d’écouter et de rediffuser, outre l’expérience de Poésie sans passeport sur laquelle j’étais invitée à donner une communication.

Le poète invité étant André Velter, directeur de la collection Poésie-Gallimard, et donc, à ce titre, responsable de la réédition du Monde d’une voix, c’était aussi pour moi l’occasion de lui demander comment rattraper l’erreur commise : Robert Gallimard m’avait assuré qu’une fois la désastreuse édition du Monde d’une voix épuisée, l’édition du manuscrit d’Armand Robin, Fragments, et de Ma vie sans moi, conforme à l’édition originale,  la remplacerait.

L’édition du Monde d’une voix est totalement indéfendable : l’éditeur, Alain Bourdon, dans une ridicule préface assonancée, explique que Robin, en un ultime sursaut avant la mort, a produit un chef d’œuvre, Le Monde d’une voix (titre par lui inventé, et texte composé à partir de manuscrits démantelés et taillés à coups de ciseaux). Pour justifier la vision de poète maudit ainsi mise en œuvre, il a produit en introduction le premier recueil de Robin, Ma vie sans moi, en coupant toute la partie traduite, en sorte que l’expérience de la « non traduction » devient incompréhensible, et pour couronner le tout, il a donné à la fin une biographie de Robin absolument fausse.

La publication en 1970  était déjà stupéfiante de la part d’un éditeur comme Gallimard, mais les erreurs n’avaient pas été relevées et le manuscrit  original n’avait pas été retrouvé dans la masse de textes conservés. La réédition était incompréhensible, sauf à l’attribuer à la négligence. J’avais  écrit à ce propos à André Velter pour lui soumettre le problème, puis, n’ayant pas reçu de réponse, j’avais demandé conseil à Robert Gallimard : mais quelle solution trouver ? J’en avais bien une…

Je n’ai pas eu l’occasion de la proposer à André Velter, car ce dernier trouve tout à fait parfaite l’édition du Monde d’une voix, qu’il a d’ailleurs agrémentée d’un « poème indésirable » destiné à conforter la vision bourdonienne du poète, vision qui lui convient.

Hélas, pauvre Robin !

 

 

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Châtaigne

Nous avons traduit la nouvelle de Tchekhov, Kachtanka (Châtaigne) pour Anton Kouznetsov, extraordinaire acteur et metteur en scène russe, contraint à l’émigration pour avoir voulu résister à sa manière et mort pour avoir voulu continuer de mener sa barque à sa manière, contre vents et marées. Véra, pour qui il a conçu le rôle de Châtaigne, est, plus qu’une actrice, l’expression d’une soumission à la servitude volontaire qui se lit juste si on veut le voir sous cette histoire pour enfants qui est une fable sur l’URSS et la Russie actuelle.

Drôle et triste à pleurer…

Tchekhov avait écrit cette nouvelle pour montrer que la littérature pour enfants n’était pas forcément vouée à la niaiserie bien-pensante : la démonstration est plus actuelle que jamais, au moment même où une sorte de niaiserie mal-pensante tend à s’imposer comme mode.

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La Mouette

Au Théâtre des quartiers d’Ivry, La Mouette mise en scène par Yann-Joël Collin. Nous avions vu la pièce lors de sa création au Théâtre de l’aire libre à Saint-Jacques-de-la-Lande mais la mise en scène a beaucoup bougé (ne serait-ce que parce que les passages filmés s’adaptent au lieu où la pièce est jouée). Ce qui m’a le plus frappée est la scène entre Arkadina et Macha, scène qui, vue de près, par le biais — artificiel au théâtre — du film, donne une espèce de tranquillité à cette mise en scène d’Arkadina par elle-même, avec pour spectatrice Macha convaincue de son inexistence : répétition prodigieuse de la dernière scène du dernier acte… ce que je n’avais jamais entrevu jusqu’à présent.

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Les trois sœurs

Le 13 novembre, c’était la première des Trois sœurs dans la mise en scène de Claire Lasne Darcueil au Théâtre de la Tempête : suite d’une aventure commencée avec Platonov il y a vingt ans…

J’aurais voulu mettre en ligne les images du film où l’on voit le prodigieux Patrick Pineau interpréter Verchinine, mais je viens de batailler pour y arriver sans une ombre de progrès et donc je me contente de renvoyer vers le site du théâtre. Tous les grands acteurs que j’ai vu interpréter le rôle de Verchinine l’ont rendu convaincant dans son rôle de phraseur et, là, il y a juste une petite ombre en plus qui fait qu’on sent ce qu’il a derrière ses phrases, comme une évidence que Macha a perçue tout de suite… Pfouh, vingt ans pour le comprendre et c’est là sans être là, comme un miracle qui n’attend rien qu’une inflexion, pas même un mot juste. Et quand on pense que des metteurs en scène trafiquent le texte pour l’amener à lui faire dire ce qu’ils veulent ! Ajoutant strate sur strate d’obscurité quand l’interprétation juste rend limpide ce que Tchekhov a pensé donner dans son évidence.

 

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La ronde des mois

 

 

 

 

 

Le troisième titre de la collection Coquelicot est paru aujourd’hui.

 

 

 

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Nouvelles vagues 5

Et voilà, pour terminer, un petit écho d’un combat mené avec constance depuis Le monde comme siIl m’a semblé qu’il n’était pas possible de faire l’impasse sur ce qui est pour moi un sujet d’indignation croissante, à savoir la dérive identitaire induite et entretenue par le conseil régional inféodé au lobby patronal breton (voir le discours de Jean-Michel Le Boulanger, vice-président du conseil régional en charge de la culture, lors de la célébration des vingt ans de l’Institut de Locarn voilà quelques semaines).

JM Le Boulanger avec les autonomistes L. Louarn et P. Molac arborant une écharpe aux couleurs de la Bretagne et de l'Europe contre la France républicaine

J’ai choisi de protester contre la dévolution de la culture à la Bretagne (on parle de délégation à l’essai pour trois ans mais ce n’est qu’une manière de désamorcer un éventuel  débat, ces déclarations lénifiantes provenant de Jean-Michel Le Boulanger lui-même). Marie Richeux me demande de quoi il s’agit : nul n’est au courant. De la disparition des DRAC (Délégations régionales des affaires culturelles), relais du ministère de la Culture en région ? Oui, bien sûr, le projet est en cours (et le démantèlement des services publics de la Culture est demandé de longue date par les autonomistes). Mais il s’agit d’un dispositif particulier, obtenu dans le cadre du Pacte d’avenir pour la Bretagne, sans que les Bretons aient été consultés à ce sujet et sans qu’ils sachent même de quoi il s’agit.

Une exploration rapide de la Toile le confirme : nulle part, il n’est question de la délégation de la Culture à la Bretagne. Hormis la protestation du GRIB (et du Syndéac, cette dernière relayée par Libération) pas un mot, pas une once d’information sur les enjeux de cette mesure votée sous la pression du mouvement des Bonnets rouges (lui-même organisé par ce lobby patronal de Locarn). Ce qui est stupéfiant est la manière dont la propagande identitaire envahit les esprits, produit une sorte de mithridatisation qui, peu à peu, impose comme norme un discours obscurantiste : la délégation de la Culture vise à « affirmer l’identité culturelle de la Bretagne » — identité sinistrement définie, de fait, par le Conseil culturel de Bretagne  à l’origine de cette mesure.

DÉLÉGATION DE LA CULTURE

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Nouvel épisode

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Je précise que le vice-président du conseil régional en charge de la Culture, Jean-Michel Le Boulanger, se considérant comme élu représentant une minorité ethnique opprimée, a ouvert le 26 octobre le colloque sur « les minorités et la mondialisation » organisé par l’université de Rennes 2 en demandant une dévolution de toutes les institutions pour une Bretagne « réunifiée » appelée à prendre son autonomie, en attendant l’indépendance, sur le modèle de l’Écosse et de la Catalogne.

Le discours nationaliste n’est plus le fait d’une infime minorité de militants mais des élus inféodés au patronal ultralibéral le plus dur. Les socialistes ont-ils été élus pour imposer le programme des autonomistes qui n’obtiennent pas 2% de voix aux élections ?

Ce discours est basé sur la réécriture de l’histoire que je ne cesse de dénoncer : assimilation de la Résistance à un pseudo-combat breton — les résistants bretons se seraient battu « l’hermine au cœur » (l’hermine, symbole réactionnaire entre tous de la Bretagne ducale…), négation de la collaboration du mouvement breton avec les nazis, réduit à l’infime enrôlement de militants sous uniforme SS. Telle est désormais la version officialisée des faits. Et ces propos sont tenus à l’université sans qu’un seul historien ne proteste.

Où sont les écrivains qui, en Bretagne, osent élever la voix ?

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Suite du feuilleton

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Grand bal autonomiste le 23 novembre au Château des Ducs sous l’égide de l’Institut culturel de Bretagne, avec Bonnets rouges, Sicules et réécriture réactionnaire de l’histoire entonnée à l’unisson par les élus dits « de gauche » Jean-Jacques Monnier et Jean-Michel Le Boulanger.

Ce dernier me fait huer par la salle pour avoir blâmé son discours à Nantes : hou, le menteur, j’ai dénoncé son discours à Locarn, en septembre, lors de la célébration des vingt ans de l’Institut — acte d’allégeance pur et simple au lobby ultralibéral porteur d’un projet d’autonomie de la Bretagne contre la France pour lors qualifiée de « vermoulue ».

Lors de ces nouvelles festivités, les Sicules, membres d’un minorité opprimée et invités  à ce titre par les représentants de la minorité ethnique bretonne toujours victime d’un « ethnocide » de la part de l’État français (comme l’a rappelé le sociologue Ronan Le Coadic en conclusion du colloque précédemment évoqué), permettent d’aller encore un peu plus loin en appelant à la guerre  — appel gravement repris par la salle    :

 « Dans un pays centralisé comme la France, l’indépendance ne peut s’obtenir que par la guerreÉmoi dans la salle. Le mot est repris, gravement dans les débats. Non, il n’y a pas d’autres solutions. »

Mordrel le disait déjà lors de la fondation du Parti autonomiste breton : l’autonomisme n’est que le paravent de l’indépendantisme. Reste la guerre à mener. Elle l’a été par son collègue Célestin Lainé sur des bases que nous connaissons. Reprise du combat dans la suite de la Chouannerie, grande référence. Il ne s’agit pas là de bouffonneries identitaires plus ou moins folkloriques mais de discours politiques tenus officiellement.

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La question : « Où sont les écrivains qui, en Bretagne, osent élever la voix ? » m’a valu des  commentaires parfois très drôles : les seuls écrivains que l’on entende sont, de fait, ceux qui hurlent avec les loups. Quand bien même les autres élèveraient la voix, on ne les entendrait pas.

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Nouvelles vagues 4

Pourquoi ai-je choisi de faire entendre la petite voix tremblante de Marguerite Philippe enregistrée sur rouleau de cire ? C’est que j’imagine cette journée de juillet 1900 : cette mendiante infirme qui se place devant les messieurs savants et qui chante sans connaître la fatigue, les laissant épuisés (comme le raconte Luzel à propos de l’une de ces rencontres). Au moment où le Barzaz Breiz est promu comme authentique expression de la voix populaire, ce minuscule fragment est comme un grain de sable dans l’énorme machine néoceltique à l’œuvre actuellement. Presque rien, mais une manière de protester quand même.

Je regrette de ne pas avoir pu terminer le livre que je comptais consacrer à Marguerite Philippe et que le combat contre les nationalistes a fait tomber aux oubliettes comme tant d’autres — et tel était bien d’ailleurs le but recherché :  Roparz Hemon et ses héritiers ont toujours écrit en haine du peuple. Mais la chanson populaire est aussi une force de résistance (c’est ce que nous avons vu, André Markowicz et moi, en traduisant nos Anciennes complaintes)

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