Réécriture de l’histoire : Monjarret reblanchi

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Le cynisme est plus que jamais de mise dès lors qu’il s’agit de blanchir les nationalistes bretons qui furent d’ardents collaborateurs des nazis. 

On ne peut pourtant pas dire que dans le cas du fondateur du Festival interceltique, Polig Monjarret, les protestations contre la réécriture de l’histoire aient fait défaut. 

— Le maire d’une commune du Morbihan ayant voulu donner le nom de Monjarret à un collège, de nombreuses associations se sont mobilisées et m’ont demandé de rédiger une brochure de synthèse sur le cas Monjarret. Cette brochure a été diffusée, étudiée, débattue par les élus qui, pour finir, ont refusé l’attribution de ce nom. Elle est lisible en ligne. 

LE CAS MONJARRET

— Lorsque les élus de la municipalité de Guingamp, qui avaient été convaincus par des militants nationalistes de l’UDB (puisque ces autonomistes « de gauche » soutiennent des nazis) de donner son nom à une rue, ont été informés, après mûre réflexion, ils ont voté contre. Ces débats ont été rendus publics et exposés sur le site du Groupe Information Bretagne

— Pour ceux qui n’auraient pas le courage de se plonger dans l’étude, il faut bien le dire rebutante, du cas Monjarret, j’ai donné une brève synthèse de son itinéraire. 

— Par la suite, les connaissances sur ce personnage (qui se faisait passer pour déporté quand il était parti retrouver les SS du Bezen Perrot en fuite en Allemagne) ont permis de donner la mesure de son ignominie. Même les historiens stipendiés pour donner une histoire revue et corrigée de l’histoire du nationalisme breton sont contraints de voir en lui un collaborateur de la première à la dernière heure. J’ai mis sur ce site un article rédigé à partir des archives. 

— À Guingamp, je me suis trouvée face à une meute de militants qui entendaient m’interdire de parole au motif qu’il fallait coûte que coûte promouvoir Monjarret. En tête de cette manifestation, l’actuel député macroniste Yannick Kerlogot et les responsables du centre culturel breton, devenu Ti ar Vro, et plus grassement subventionné que jamais.  

Cela donne la mesure du fanatisme de ces partisans d’une cause bretonne que Monjarret incarne toujours. 

Cela donne aussi la mesure de l’importance de ce personnage que l’on pourrait juger simplement grotesque : le « général des binious », partisan de la défense de la « race bretonne » et apôtre de l’interceltisme comme arme contre la France, a celtisé la musique bretonne pour la nettoyer de ses influences françaises et en faire une arme dans le combat national breton. Il a opéré sur le terrain de la musique ce que Roparz Hemon, autre fanatique nationaliste et collaborateur des nazis, avait opéré sur le terrain de la langue. Avec la cornemuse et le breton surnifié, l’hymne et le drapeau, la Bretagne peut trouver place dans le concert des nations celtiques vouées à prendre leur indépendance. 

Le combat national imposant ses lois, ni les appels à vigilance ni le travail d’information n’ont la moindre importance. Un film à la gloire de Monjarret est en train d’être réalisé. Son réalisateur explique que Monjarret, blanchi à la Libération, peut être reblanchi sans ombre de scrupule.

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La réécriture de l’histoire se donne désormais sans complexes pour ce qu’elle est : une affabulation, un tour de passe-passe, quelque chose comme l’universel baiser Lamourette offert aux bons Bretons pour qu’ils soient fiers d’être bretons. On leur a concocté du bagad, à eux de suivre. 

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Et voici en prime, tel que mis en ligne par la Cinémathèque de Bretagne, un film tourné par une télévision allemande soucieuse de montrer une Bretagne peuplée de vrais Bretons au cœur plein d’amour pour la Bretagne. Monjarret, rappelons-le, exfiltré en Allemagne par les nazis, était parti en famille, avec sa femme Zaig, sa sœur qui avait épousé Le Voyer, l’inventeur du bagad, la troisième des sœurs Le Foll ayant épousé un SS du Bezen Perrot. Voici donc une chanson d’amour interprétée par Zaig au retour  de leur « déportation ».  

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Ceux qui n’aiment pas ça sont « antibretons ». 

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Le film à la gloire de Monjarret s’est révélé aussi pitoyable que tendancieux mais a circulé et continue de circuler partout en Bretagne. La propagande en faveur des militants nationalistes collaborateurs des nazis se double dans le même temps d’une censure de plus en plus oppressante. Un exemple le montrera mieux que de longues démonstrations : l’interdiction à Callac du film de Vincent Jaglin, La Découverte ou l’ignorance, qui, au contraire, étudie l’enrôlement de militants nationalistes bretons sous uniforme SS (et évoque le rôle de Monjarret en Allemagne auprès de ces SS). Le navet sur Monjarret a pu être diffusé sans problème. Le film de Vincent Jaglin (Grand prix du documentaire d’histoire à Blois) a été interdit. C’est ainsi que se fabrique la culture bretonne.

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Joyeux Noël quand même !

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On a beau dire, c’est du souci…

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Note de lecture sur « Brumaire »

Une belle note de lecture vient d’être publiée par Hugues Robert sur le site de la librairie Charybde

Il me semble qu’elle entre en résonance avec le texte qui m’avait été demandé pour présenter le volume et qu’elle en est le meilleur prolongement.

Rien n’est plus précieux que le cercle des amis inconnus.

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Rencontres

Merci à tous les libraires qui nous ont invités à présenter les éditions Mesures. Chaque fois, la salle était comble et les rencontres chaleureuses, passionnantes, pleines d’imprévu. L’idée de faire du livre un lien entre des lecteurs qui soient des amis se réalise grâce aux libraires et c’est une formidable manière de passer outre le business éditorial qui envahit les rayons de produits périssables. Pour ma part, je ne mesurais pas l’importance des libraires indépendants, capables de faire vivre les livres même lorsqu’il s’agit de livres rares, d’auteurs peu connus et d’expériences risquées… La vraie vie des livres est bien là, loin d’amazon.

Merci donc à la librairie Les champs magnétiques à Paris…

à la librairie La voie aux chapitres à Lyon…

à La procure d’étincelles à Annecy si belle sous sa glycine géante…

et où nos livres ont été placés sous le signe de Rimbaud…

à la librairie Le Temps qu’il fait de Mellionnec (qui a pris le nom du roman d’Armand Robin)…

N’oublions pas François Tanguy qui nous a invités à La Fonderie au Mans où nous avons passé un moment merveilleux : en plus d’Item, son dernier spectacle, et d’une rencontre avec le public, nous avons eu droit à une authentique armoire ambulante…

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En raison des grèves, nous avons dû annuler notre rencontre de mardi à la librairie Les temps modernes à Orléans mais ce n’est que partie remise : elle aura lieu le 1er février. 

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Vigile de décembre

Vigile de décembre, le dernier volume de Sur champ de sable, est paru et sera présenté aux lecteurs à la librairie Le Temps qu’il fait de Mellionnec aujourd’hui, 7 décembre, à 15 h.

Cette rencontre, même s’il n’y paraît pas, est un événement exceptionnel, d’abord parce que la librairie s’est mise sous le signe du roman d’Armand Robin et que la rencontre de Vigile de décembre et du Temps qu’il fait est le symbole d’une tentative poursuivie par des voies différentes mais qui se rejoignent d’une certaine manière… et ensuite parce qu’il faut beaucoup de courage en Bretagne pour oser m’inviter malgré la fatwa lancée par les militants bretons (voir l’article « Parole interdite »). La création des éditions Mesures et la publication de Sur champ de sable a d’ailleurs été une façon de résister à l’interdit et d’échapper à la censure. Cette rencontre est exceptionnelle aussi tout simplement parce que seuls trois libraires en Bretagne ont eu le courage de défendre nos livres (y compris quand les lecteurs les demandaient). Il a fallu beaucoup de ténacité aux lecteurs pour obtenir que trois bibliothèques acceptent de les prendre – mais cela, ce sera l’objet d’un récit que nous rédigerons plus tard, André et moi. La situation étant ce qu’elle est, et les tirages des livres s’épuisant rapidement (hors de Bretagne), il ne risque pas d’y avoir beaucoup d’autres occasions d’échanges. Raison de plus pour ouvrir une zone de liberté face aux déferlements de littérature identitaire.

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Rencontres autour des éditions Mesures

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Voici la liste des rencontres à venir dans les librairies amies qui nous ont invités à présenter les éditions Mesures :

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27 novembre : Les champs magnétiques, 80 rue du Rendez-vous, 75012 Paris, à 19h30.

28 novembre : La voie aux chapitres, 4 rue Saint Jérôme, 69007 Lyon. 

29 novembre : La procure d’étincelles, 3 rue Jean-Jacques Rousseau, Annecy, 18 h. 

7 décembre, Librairie café Le Temps qu’il fait, Mellionnec, 15h.

10 décembre, Les temps modernes, Orléans, 18 h (la rencontre est reportée au 1er février 2020 en raison des grèves).

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Les mistoufles (volume 7)

Pour le septième et dernier album des Mistoufles  (vous pouvez bien sûr toujours écouter en ligne les six premiers) j’ai choisi un thème qui forme un peu conclusion : des petites fables avec moralité — raison pour laquelle l’album s’intitule Fabulettes. 

Cette fois, les meneurs du jeu sont David Gauchard et Kwalud qui œuvrent avec les enfants de la classe de CM1 de Madame Gaboreau à l’école élémentaire d’Adainville (en partenariat avec la Scène nationale de Saint Quentin en Yvelines. L’aventure vient juste de commencer…

Vous pouvez voir, avec Kwalud, Naidy, Chiara, Eva, Militine, Nahity, Valentin, Gabriel, Maëlle, Joseph, Maïna, Ambre, Jules, Antonin, Timon, Louna, Maelya, Noa, Clara, Clément, Lohann, Anastasia, Nolan, Sasha, Fabio, Mélyne, Axel & Lauryn. 

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Comme à chaque fois, les enfants ont (selon la méthode des acteurs professionnels) commencé par lire les textes en respectant les règles de la prosodie. 

En même temps, ils ont interrogé le sens du texte, posé toutes les questions qui leur venaient à l’esprit…

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Ils ont écouté les autres disques des Mistoufles et parlé musique. 

Et à chacun de dire tout haut les fabulettes déchiffrées… 

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Ensuite tout le monde a été invité à livrer ses commentaires sur le travail effectué. 

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Enfin, David a eu la bonne idée de faire un petit reportage et de m’envoyer ses photos. 

Et voici, comme pour souhaiter bonne chance à ce dernier album, l’arc-en-ciel déployé sur Adainville. 

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Rencontre au Mans

Samedi à 19 heures après le dernier spectacle de François Tanguy a lieu une rencontre autour des éditions Mesures…

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Voilà des années que nous suivons et aimons toujours autant le travail de François Tanguy, et nous sommes particulièrement heureux d’être invités à embarquer sur le radeau.

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Nazisme breton

Des lecteurs m’ont adressé la semaine dernière le lien vers un article d’un nationaliste breton — article qui m’est consacré et qui est, en plus d’une apologie des crimes des SS, un appel au meurtre. 

Son auteur, un nommé Le Lay, déjà maintes fois condamné pour incitation à la haine raciale, considère qu’assassiner des jeunes résistants après les avoir torturés, c’est « tuer juste » et que les nationalistes bretons enrôlés sous uniforme SS n’ont pas laissé seulement un utile « souvenir » mais un « avertissement » plus actuel que jamais. 

Jusqu’alors les nationalistes bretons s’acharnaient à dissimuler ou nier les crimes de Garzonval : à présent, reconnaissant ainsi que mes recherches étaient exactes et montrant la permanence de leur idéologie, ils les revendiquent. Et ce au moment où les organisateurs des cérémonies commémoratives passent sous silence le rôle des SS bretons. 

Considérant qu’il y a là une démonstration utile, j’ai ouvert à cette occasion sous le titre « Nazisme breton » une nouvelle rubrique sur ce site. 

Gageons qu’il ne sera pas difficile de l’alimenter… 

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Filourdi le dégourdi

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Il me semblait que Filourdi le dégourdi que j’avais traduit en 2008 pour les éditions du Sorbier avait disparu (les éditions du Sorbier ayant elles-mêmes disparu) mais voilà que la traduction reprend vie grâce à Valentina Fedchenko.

C’est à l’initiative d’Odile Belkeddar, à partir d’un mot à mot d’Henri Lewi, que j’ai traduit ce chef d’œuvre du yiddish et je dois dire que j’ai été particulièrement fière lors du Salon du Livre qui avait Israël pour invité d’honneur d’avoir produit l’unique album en yiddish présenté cette année-là (seul l’hébreu avait droit de cité). Joli pied de nez pour un conte merveilleusement léger et virevoltant qui est lui-même un pied de nez.

Publié en 1914, Yingl Tsingl Khvat raconte l’histoire d’un gamin (Yingl), à la langue bien pendue (Tsingl) et dégourdi (Khvat)— un titre qu’il n’était pas simple de transposer… Son auteur, Mani Leib (1883-1953), un juif ukrainien émigré aux États-Unis, cordonnier le jour, poète la nuit, a continué d’écrire en yiddish et, en 1919, Yingl Tsingl Khvat a été illustré par le peintre El Lissitsky (1890-1941), collaborateur de Chagall puis de Malevitch. 

Caroline Drouault, pour les éditions du Sorbier, avant pris le parti de respecter la page originale, cet album aux pages calligraphiées à lire de droite à gauche, composées avec une finesse et une rigueur que l’on voudrait dire musicales, reste l’un de mes livres préférés. Hélas disparu.

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