L’affaire Drezen (suite)

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L’actualité nous offre, sous forme d’un feuilleton qui ne fait que commencer, la suite du Monde comme si.  

J’y exposais l’itinéraire des militants nationalistes qui, depuis 1919 et la fondation du mouvement Breiz Atao, avaient porté la « cause bretonne » sur base ethniste et s’étaient naturellement alliés aux nazis. Je montrais comment ces nationalistes, totalement discrédités à la Libération, avaient réussi, grâce aux milieux d’affaires, aux réseaux ethnistes européens et aux institutions régionales, à prendre peu à peu le pouvoir et à imposer leur discours. Je constatais que la réécriture de l’histoire autorisait une mainmise de plus en plus oppressante sur la culture, banalisant sous label de gauche une idéologie d’extrême droite. Ainsi des hommages étaient-ils rendus à des auteurs de textes antisémites prônant la haine de la France et la collaboration avec les nazis. 

L’exemple de Youenn Drezen était particulièrement probant : d’une part, il avait été adhéré à Breiz Atao dès ses débuts, à l’âge de vingt ans, et avait continué de militer jusqu’à sa mort sur la même base idéologique ; d’autre part, il avait sous l’Occupation été (entre autres) responsable des pages en breton de L’Heure bretonne, organe des nationalistes les plus résolument inféodés au national-socialisme, et il était l’auteur de textes antisémites particulièrement immondes ; enfin, ces textes avaient été réédités par le professeur Per Denez, directeur du département de Celtique et vice-président de l’Institut culturel de Bretagne, sur fonds publics ; or, non seulement, les protestations à ce sujet étaient restées lettre morte, mais une mairie socialiste, comme celle de Pont-l’Abbé avait pu rendre hommage à Drezen comme à un homme de gauche, et les protestations, là encore, y compris les traductions de ses textes antisémites en breton, avaient été enterrées, des mairies dites de gauche, comme celle de Rennes, continuant imperturbablement d’honorer Drezen et autres nazillons de la même mouvance.  

Rappelons qu’au moment de la rafle du Vel’ d’Hiv’ (donc les 16 et 17 juillet 1942), Drezen se déchaînait (sur commande) contre les Juifs, aussi bien dans La Bretagne (j’ai traduit son article sur l’étoile jaune que les Juives doivent se réjouir de se mettre sur le derrière et je l’ai reproduit dans Le Monde comme si) et que La Bretagne et L’Heure bretonne diffusaient des dénonciations de Juifs et de francs-maçons avec la totale approbation de Drezen (le 16 mai 1942, L’Heure bretonne ouvre un dossier « Tableau de chasse » pour appeler à délation). 

En 1999, les protestations contre les hommages rendus à Drezen ne servent à rien ; en 2000, le dossier Réécritue de l’histoire en Bretagne  rédigé pour la LDH ne sert à rien ; en 2001, j’écris Le Monde comme si qui ne sert à rien : on continue imperturbablement à honorer au nom de la Bretagne qu’ils ont trahie Drezen, Monjarret, Langlais et autres nazillons. 

Voici les pages du Monde comme si avec un spécimen de prose de Drezen. 

Ces efforts d’information qui ne servent à rien ont malgré tout le mérite de  montrer de quelle manière s’impose le règne du comme si : les textes sont traduits mais on fait comme si on ne les voyait pas ; si l’on ne peut pas faire autrement que de les voir, on fait comme si des erreurs les travestissaient, on les enlise sous les interprétations, les accusations, les invectives, et on mandate des historiens à la botte pour jeter le doute.

Nous en avons sous les yeux un magnifique exemple. 

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En 2019, alertés par un habitant de Pont-l’Abbé, Daniel Quillivic, le maire, Stéphane Le Doaré, et le conseil municipal décident de débaptiser la rue Youenn Drezen

Quel courage ! 

Attendez la suite…

D’abord, invectives, harcèlement, menaces de mort de la part de l’extrême droite, nationaliste, à savoir les identitaires du groupe Breiz Atao dont le responsable, maintes fois condamné en justice, se réclame, non sans cohérence, du racisme et de l’antisémitisme de Breiz Atao dont il assume pleinement l’héritage. Le but énoncé est clair : terroriser et faire battre le maire aux élections. 

Des plaintes sont déposées (mais, le cas Le Lay le montre, ces militants sont désormais indifférents à la sanction). 

Et voici une grande action concertée, en provenance des nationalistes que l’on pourrait dire de gauche, à leur tête l’autonomiste Kristian Hamon et son ami, Youenn Drezen fils, autre militant breton. 

Le fils Drezen, qui s’est rendu à Quimper pour être filmé, ne parle pas breton (ce qui en soi suffit à donner la mesure du combat de son père en faveur de cette langue) mais il a lu, assure-t-il, toutes les traductions des articles de son père dans La Bretagne et dans L’Heure bretonne et, il le jure, il n’y voit rien de « raciste, antisémite, proallemand, rien du tout ». 

Cette apologie de Drezen par son fils ne serait que pathétique si celui qui l’interrogeait n’était Bernez Rouz, président du Conseil culturel de Bretagne, lequel, ès qualités, l’amène à nier l’antisémitisme de son père et se porte lui-même garant : « Comme rappelé par Bernez Rouz, président du Conseil culturel de Bretagne, il n’y a aucune trace d’anti-sémitisme (sic) dans l’œuvre littéraire de Drezen ». Où commence, où s’arrête l’œuvre littéraire de Drezen ? C’est bien en tant que grand auteur breton qu’il dirige les pages de L’Heure bretonne et c’est bien en tant que grand auteur breton qu’il est republié par Per Denez, encensé par lui et subventionné par l’ICB. La manœuvre est retorse : mettons de côté quelques menus dérapages sous l’Occupation et faisons comme si l’œuvre de notre grand auteur se tenait dans la zone pure de la littérature. 

C’est donc officiellement que l’antisémitisme de Drezen est nié et l’Agence Bretagne Presse dirigée par un indépendantiste nommé Argouac’h a été mandatée pour venir filmer le président du Conseil culturel de Bretagne dans le cadre de cette opération. 

De l’extrême droite (Breiz Atao), à la droite (ABP) et à la « gauche » (UDB), indépendantistes et autonomistes se mobilisent donc, et c’est l’udébiste Kristian Hamon qui se charge de détourner l’attention de l’antisémitisme pour se servir d’une phrase du maire accusant nommément Drezen de délation . 

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Un historien qui se vante d’avoir un DEA, soutenu voilà vingt ans, pour garantie de son sérieux, ce n’est pas banal (d’autant que le DEA n’a pas été soutenu en Histoire mais en Celtique, sous la direction du fils de Per Denez, et immédiatement publié par les éditions An Here dirigées par le terroriste Martial Ménard). Peu importe : aussitôt, des habitants (anonymes) reprennent les propos de l’« historien » :

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Et, bien sûr, derrière ces diaboliques accusations, se profile la main du grand Satan, la « chasseur attitrée de militants bretons » dont il suffit de prononcer le nom pour rameuter les combattants. 

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La méthode est toujours la même : se servir d’un mot, soi-disant mal traduit, pour faire passer tous les faits à la trappe. L’important n’est pas que Drezen ait produit des textes antisémites pendant des années mais que je sois supposée avoir traduit un mot de travers. En l’occurrence, mon crime serait d’avoir traduit « yuzevien » par « youtres ». 

J’ai traduit « yuzevien » par « juifs » et « yourdou » par « youtres ».

Le 16 août 1941 Drezen dénonce dans L’Heure bretonne les « juifs de Radio-Londres » (« yuzevien Radio-Londres » ). Ce texte a été réédité par Per Denez avec le soutien de l’Institut culturel de Bretagne, texte qui est non seulement encore disponible mais mis en ligne).

En voici la traduction, également mise en ligne

« Autant le dire tout de suite, j’ai été écœuré cette année par le Quatorze juillet des Français et, si j’avais eu la moindre goutte de sang français dans les veines, j’aurais rougi de honte… Quelle floraison tricolore, mes pauvres amis ! Jamais de ma vie je n’avais vu mes compatriotes colorés comme ça. Encore un peu j’aurais cru le dicton “Le Breton est deux fois français” ! Sauf que j’aurais dû dire : les Bretonnes ! 

Car je dois avouer que les hommes entre 22 et 55 ans ne s’étaient pas trop démenés. Mais les femmes, elles, et les morveux, ne savaient que faire pour montrer leur soumission aux Juifs de « Radio-Londres ». Rubans tricolores dans les cheveux, fleurs tricolores sur le cœur, jupes bleues, vestes blanches, chemisiers rouges, une fête des couleurs françaises, je ne vous dis que ça !… 

Bretons, mes compatriotes ! A nous aussi il arrivera, à l’occasion de fêtes ou d’événements divers, de montrer au grand jour notre amour pour notre pays la Bretagne. Ne prenons pas exemple sur la sottise des Français ou des Bretons francisés. Soyons fiers des symboles de notre nation : le drapeau noir et blanc, l’hermine, le hevoud, le triskell. Mais ne tombons pas dans le déshonneur. Un Quatorze juillet comme celui de 1941 n’a fait que du tort à la France, déjà bien mal en point. » 

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Le texte n’est pas seulement antisémite, il est lourd d’une haine antifrançaise qui, associée au ton poissard qui caractérise le style de Drezen  l’apparente aux productions de ces auteurs d’extrême droite qui ont sévi dans l’entre-deux-guerres. C’est du Léon Daudet avec hermine, hevoud, triskell et drapeau noir et blanc, tout le kit nationaliste mis au point par Breiz Atao, la haine de la République et la haine du Juif allant de pair. À en croire Drezen, ce n’est pas de Gaulle, ce ne sont pas les résistants de la France libre, qui ont appelé à célébrer le 14 juillet 1941 comme acte de résistance, non, ce sont les « juifs de Radio-Londres ».

Le 19 février 1943, toujours dans L’Heure bretonne et toujours à propos de Radio-Londres, Drezen dénonce les « youtres  » (« yourdou  ») qui, depuis Londres, toujours à l’en croire, déversent leurs bobards. Il lui revient d’avoir fait entrer ce mot dans la langue bretonne, rendons à l’ignominie ce qui lui revient.

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« Lonka karotez ar yourdou » signifie, dans ce style populacier et lourdement rigolard de Drezen, « avaler les salades des youtres ». Consulté à ce sujet, le professeur Jean Le Dû en est tombé d’accord.

Comme le fils Drezen et le président du Conseil culturel de Bretagne jugent que je traduis mal et que le mot « yuzevien » n’aurait, de toute façon, pas eu de caractère raciste dans le contexte, je fournis l’image de la page de L’Heure bretonne, en assez large dimension pour qu’ils puissent voir la caricature qui accompagne l’article. 

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Aux yeux des défenseurs de Drezen, aussi étrange que cela puisse sembler à qui ne connaît pas les lois du monde comme si, le mot juif n’est pas employé dans un contexte raciste mais agréablement élogieux et, regardez mieux, vous verrez représentés d’aimable bienfaiteurs que l’on est heureux d’accueillir à bras ouverts. Au-dessus de la caricature, l’éditorial signé Alain Le Banner (Alain Guel) mérite aussi d’être lu puisqu’il y explique que la nation bretonne est indépendante de la pseudo-nation française sans « unité raciale ».  Guel a donné son nom à une médiathèque de Bretagne.

Enfin, pour que l’on puisse mettre le mot « yourdou » en contexte, voici la traduction du texte intégral (signé Tin Gariou, pseudonyme habituel de Drezen) 

GRIBOUILLE

Nul besoin d’être né le lundi matin, le corps reposé, l’esprit sans inquiétude, pour comprendre, clair comme l’œil de la vipère [clair comme de l’eau de roche], qu’il n’y a plus de France pour les Français depuis les événements de mai et juin 1940. 

Ayant perdu la guerre et leur pays entièrement est tenu par leurs ennemis, qu’ont-ils fait ?… Loin de chercher à relever l’échine, de voir, par exemple, s’il serait possible de s’entendre avec leurs ennemis, voire de travailler pour leur propre compte, ils se sont recroquevillés, ils ont boudé, et, peu à peu avec l’aide de la radio et avalant les bobards des youtres, ils ont trahi leur race jusqu’à se changer d’abord en Anglais, puis en Américains et, voilà peu, en Russes. 

S’ils pensent qu’ils y ont gagné à changer de peau !…

Il pleuvait. Ayant peur d’être mouillés par la pluie, ils se sont jetés à la mer. Les Français, qui n’avaient pas perdu la tête, avaient la langue acérée et avaient trouvé un nom pour ce genre d’idiots : ils les appelaient Gribouille. 

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Eh bien ! la race de Gribouille a prospéré dans notre Bretagne aussi. Ça va de soi ! Chaque pays nourrit ses propres poux. On entend encore des Bretons dire, le front plissé, et les yeux pleins de haine :

— Rien pour la langue bretonne, rien pour améliorer le sort de la Bretagne tant que ces « gens-là » seront ici ! 

S’ils attendent leur salut de la France, ou de l’Angleterre, ou de l’Amérique, ou des Soviétiques, ou des Allemands, quelle erreur ! Chacun travaille pour soi. Après la pire guerre meurtrière jamais vue, ne resteront en vie, ne mériteront de rester en vie que les pays qui ont lutté pour rester en vie. Il n’y aura pas de place pour les feignants et les boudeurs. 

Mais la roue de saint Tu-pe-Tu [saint Quitte-ou-Double] est en train de tourner. Il faut choisir. Il n’y aura pas plus de respect pour la Bretagne et la langue bretonne, au temps de rendre des comptes [au temps du Grand Compte] , qu’il n’y en aura pour la France, si nous ne travaillons pas pour nous-mêmes plus que ne le fait ce pays-là [la France]. 

N’imitons pas ces enfants qui refusent de manger leur pain et leur beurre parce qu’ils boudent, en croyant qu’ils vont mettre leurs parents en colère. Ce sont eux les petits imbéciles, les idiots du village, qui boudent leur propre ventre. 

Sus, gars de Kerneizan ! La viande est dans la marmite ! La Bretagne aux Bretons et par les Bretons ! 

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Haine de la France, haine des alliés, haine de radio-Londres, haine des juifs, appel à la collaboration, apologie de la race qu’il faut garder sans mélange : l’article est l’exact pendant de celui qui dénonçait les « juifs de Radio-Londres ». Ce n’est que propagande raciste et séparatiste.

Et voici la version publiée par Per Denez qui, lui non plus, n’a vu là aucun antisémitisme.

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Vous remarquerez que « yourdou » a été transformé en « vourdoù ».

Un petit toilettage de détail qui suffit à montrer que Denez et son équipe savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Le texte n’a plus aucun sens mais qu’importe : l’essentiel est de donner à croire (ce que Drezen appelle si gracieusement « lonka karotez ») et de poursuivre le combat de Drezen.

Il va de soi que ceux qui, actuellement mènent campagne, savent également de quoi ils retourne. 

Se servir de Simon Wiesenthal est particulièrement ignoble, et bien digne de l’ignoble Drezen. 

La fine équipe qui travaille à la réhabilitation de Drezen n’en est qu’à ses débuts. 

On remarquera avec quelle servilité la presse régionale relaie les propos du fils Drezen et des militants qui se mobilisent.

N’ayons garde d’oublier le projet lancé par le président du Conseil culturel de faire un colloque Drezen.. Rien de mieux qu’un colloque pour écraser toute dissidence. Les fonds publics servent à ça : on l’a vu quand les efforts pour informer au sujet de la réécriture de de l’histoire ont commencé à trouver des échos dans la presse nationale : il a suffi d’un colloque pour officialiser la version des autonomistes. 

Pour le moment, bornons-nous à constater que l’antisémitisme de Drezen est nié, comme la réédition de ses textes antisémites a été subventionnée. 

Le Conseil culturel et l’Institut culturel ont été mis en place par Giscard d’Estaing en 1977 : ils servent à défendre et promouvoir une conception de la culture qui, comme on peut le voir, s’inscrit dans la droite ligne de celle de Drezen.   

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Sois moi et je serai toi

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Je viens de recevoir le dernier volume de la grande édition des albums de Maurice Sendak jusqu’alors inconnus en français entreprise par les éditions MeMo (c’est mon douzième album, avec Presto et Zesto au Limboland traduit pour les éditions l’École des loisirs). 

Rédigé par Ruth Krauss, Sois moi et je serai toi (I’ll Be You and You Be Me), paru en 1954, fait suite à trois albums que j’ai traduits ces derniers temps, Ouvrir la porte aux papillonsUn trou, c’est pour creuser et Une maison très spéciale. 

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Pour Sois moi et je serai toi, Ruth Krauss a repris la même méthode que pour Ouvrir la porte aux papillons et Un trou, c’est pour creuser : proposer aux enfants de répondre à des questions afin de donner ce qu’elle appelle des « définitions premières ». Le thème choisi est ici l’amour et l’amitié. Ruth Krauss ne se contente plus de donner des définitions abruptes dont la poésie est merveilleusement captée par Sendak : les réponses se donnent sous forme de conte, de récit, de pièce de théâtre, de chanson…

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Il ne s’agit bien sûr pas d’albums à lire ou donner à lire aux enfants mais à feuilleter avec eux pour engager une réflexion ou une rêverie ensemble : une initiation à la méditation philosophique qui n’oublie jamais la part de l’humour. 

L’éditeur a fait, cette fois encore, un beau travail graphique. On regrette juste que l’agent américain ait (comme de coutume) interdit que le nom du traducteur figure en couverture pour ne pas polluer l’original — l’éditeur a juste eu le droit de le mentionner en page intérieure (une page d’ailleurs remarquablement élégante, même parasitée par un odieux nom de traducteur)…

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…et qu’il ait interdit en plus cette fois-ci qu’un petit texte en quatrième de couverture explique le thème de cet album atypique. Ce qui avait été accordé pour les trois albums précédents été refusé pour celui-ci, qui aurait pourtant plus que les autres exigé quelques mots d’explication.

Il est à craindre que ce chef d’œuvre de Sendak ne disparaisse, faute de relais dans les médias, son propos risquant de dérouter : au lecteur de comprendre par lui-même que ce livre est un appel à inciter les enfants à réfléchir et donner leurs propres définitions… Mais il est vrai que plusieurs libraires rencontrés au cours de ces derniers mois m’ont fait découvrir en bonne place Ouvrir la porte aux papillons qu’ils présentent comme un petit secret à partager.

Attendons de voir…

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Rencontre à Orléans

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Rencontre à la librairie Les Temps modernes à Orléans aujourd’hui à 17 heures autour des éditions Mesures.

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La librairie Les Temps modernes est la dernière librairie littéraire d’Orléans, la dernière librairie indépendante, et le résultat d’une passion transmise de mère en fille puisque Sophie a pris le relais de Catherine (la fille de Jean Zay), qui a ouvert la librairie en 1964 et qui, la première, a eu l’idée d’organiser des rencontres pour faire vivre le livre : la salle, à l’étage, était plus que pleine puisque des personnes ont dû rester dans l’escalier. Un public chaleureux, amical, et, mieux encore, complice… Beaucoup de questions sur la traduction, mais aussi sur les relations de la traduction et de l’écriture personnelle, autant dire ce qui nous a amenés à créer les éditions Mesures (en souvenir de la revue de création disparue avec l’Occupation comme s’il n’y avait plus de place pour la volonté d’ouverture et de libre recherche qui l’avait portée). Rien que pour de semblables rencontres, créer ces éditions valait la peine (si toutefois c’était une peine). 

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Coquelicot à l’école

Première séance de travail à la maternelle et à l’école primaire Jules Vallès : toute l’année, les enfants vont travailler sur les poèmes de la collection Coquelicot publiés aux éditions MeMo. Et les deux volumes suivants vont paraître en mars…

Avec Gaëlle Hermant, qui va mettre les textes en scène en compagnie de Viviane, la musicienne, nous avons lu La Saga des petits radis : au bout d’une heure, les enfants de CE1, et aussi bien ceux de maternelle, étaient capables de scander le rythme, de trouver les rimes et de réciter le début de cette fable en en donnant, qui plus est, la moralité…

C’est un travail collectif organisé par le Théâtre Gérard Philippe en relation avec l’école du quartier — merveilleuse manière de faire entrer la poésie à l’école et de lier le théâtre et les familles.

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La rue Drezen (enfin) débaptisée

Il aura fallu vingt ans pour que les protestations contre les hommages rendus à Youenn Drezen aboutissent à Pont-l’Abbé…

Le dossier que j’avais constitué en 1999 pour diverses associations était resté lettre morte, comme les traductions de textes antisémites de Drezen remises tant à la mairie de Pont-l’Abbé qu’à l’Institut culturel de Bretagne qui les avait subventionnés et à l’Université de Rennes où exerçait le professeur Per Denez qui avait réédité ces textes racistes en les présentant comme louables. On peut lire en ligne ce dossier (« Le racisme et l’antisémitisme de Youenn Drezen »)

L’université, ainsi informée, a publié un recueil d’hommage à Per Denez, préfacé par Edmond Hervé, dûment informé lui aussi, et qui allait placer cet amateur de textes antisémites à la tête de son Comité à l’identité bretonne (auquel on devrait par la suite des hommages à Xavier de Langlais, Creston, et autres Seiz Breur collaborateurs des nazis).

Il y a, bien sûr, une rue Youenn Drezen à Rennes, où la municipalité a baptisé tout un quartier en faisant alterner nazillons et résistants. L’identité bretonne telle qu’elle est promue prête au cynisme.

Il faut d’autant plus saluer la décision courageuse du maire de Pont-l’Abbé et la ténacité de Daniel Quillivic qui a produit tout un travail d’information — ce qui leur vaut, comme il fallait s’y attendre, campagne de haine, harcèlement et menaces de mort. Rien que de banal.

On pourra lire ici une nouvelle page à ce sujet sous le titre « L’affaire Drezen ».

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Eugène Onéguine rediffusion

France Culture rediffuse dimanche à 21 heures l’adaptation d’Eugène Onéguine que nous avions enregistrée à Nîmes en 2005. J’y faisais mes débuts dans le rôle de Tatiana, avec André Markowicz, Daredjan, sa mère (qui connaît par cœur les 6 500 vers du roman), Éric Elmosnino et Denis Podalydès.

L’émission pourra ensuite être écoutée et téléchargée pendant un an.

Et il est même possible d’entendre la version intégrale, enregistrée pour les éditions Thélème.

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Bonne année !

Bonne année à tous !

Et, pour commencer, merci aux lecteurs et amis qui viennent de m’annoncer qu’après l’émission d’Adèle Van Reeth sur Platonov l’émission sur La Cerisaie sera rediffusée demain mardi à 10 heures sur France Culture.

Vous pouvez réécouter et télécharger l’émission pendant un an…

Et vous pouvez aussi consulter ici le dossier sur Tchekhov.

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Tchekhov sur France Culture

Aujourd’hui, rediffusion de l’émission d’Adèle Van Reet sur Platonov. Il est aussi possible de l’écouter en ligne.

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Réécriture de l’histoire : Monjarret reblanchi

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Le cynisme est plus que jamais de mise dès lors qu’il s’agit de blanchir les nationalistes bretons qui furent d’ardents collaborateurs des nazis. 

On ne peut pourtant pas dire que dans le cas du fondateur du Festival interceltique, Polig Monjarret, les protestations contre la réécriture de l’histoire aient fait défaut. 

— Le maire d’une commune du Morbihan ayant voulu donner le nom de Monjarret à un collège, de nombreuses associations se sont mobilisées et m’ont demandé de rédiger une brochure de synthèse sur le cas Monjarret. Cette brochure a été diffusée, étudiée, débattue par les élus qui, pour finir, ont refusé l’attribution de ce nom. Elle est lisible en ligne. 

LE CAS MONJARRET

— Lorsque les élus de la municipalité de Guingamp, qui avaient été convaincus par des militants nationalistes de l’UDB (puisque ces autonomistes « de gauche » soutiennent des nazis) de donner son nom à une rue, ont été informés, après mûre réflexion, ils ont voté contre. Ces débats ont été rendus publics et exposés sur le site du Groupe Information Bretagne

— Pour ceux qui n’auraient pas le courage de se plonger dans l’étude, il faut bien le dire rebutante, du cas Monjarret, j’ai donné une brève synthèse de son itinéraire. 

— Par la suite, les connaissances sur ce personnage (qui se faisait passer pour déporté quand il était parti retrouver les SS du Bezen Perrot en fuite en Allemagne) ont permis de donner la mesure de son ignominie. Même les historiens stipendiés pour donner une histoire revue et corrigée de l’histoire du nationalisme breton sont contraints de voir en lui un collaborateur de la première à la dernière heure. J’ai mis sur ce site un article rédigé à partir des archives. 

— À Guingamp, je me suis trouvée face à une meute de militants qui entendaient m’interdire de parole au motif qu’il fallait coûte que coûte promouvoir Monjarret. En tête de cette manifestation, l’actuel député macroniste Yannick Kerlogot et les responsables du centre culturel breton, devenu Ti ar Vro, et plus grassement subventionné que jamais.  

Cela donne la mesure du fanatisme de ces partisans d’une cause bretonne que Monjarret incarne toujours. 

Cela donne aussi la mesure de l’importance de ce personnage que l’on pourrait juger simplement grotesque : le « général des binious », partisan de la défense de la « race bretonne » et apôtre de l’interceltisme comme arme contre la France, a celtisé la musique bretonne pour la nettoyer de ses influences françaises et en faire une arme dans le combat national breton. Il a opéré sur le terrain de la musique ce que Roparz Hemon, autre fanatique nationaliste et collaborateur des nazis, avait opéré sur le terrain de la langue. Avec la cornemuse et le breton surnifié, l’hymne et le drapeau, la Bretagne peut trouver place dans le concert des nations celtiques vouées à prendre leur indépendance. 

Le combat national imposant ses lois, ni les appels à vigilance ni le travail d’information n’ont la moindre importance. Un film à la gloire de Monjarret est en train d’être réalisé. Son réalisateur explique que Monjarret, blanchi à la Libération, peut être reblanchi sans ombre de scrupule.

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La réécriture de l’histoire se donne désormais sans complexes pour ce qu’elle est : une affabulation, un tour de passe-passe, quelque chose comme l’universel baiser Lamourette offert aux bons Bretons pour qu’ils soient fiers d’être bretons. On leur a concocté du bagad, à eux de suivre. 

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Et voici en prime, tel que mis en ligne par la Cinémathèque de Bretagne, un film tourné par une télévision allemande soucieuse de montrer une Bretagne peuplée de vrais Bretons au cœur plein d’amour pour la Bretagne. Monjarret, rappelons-le, exfiltré en Allemagne par les nazis, était parti en famille, avec sa femme Zaig, sa sœur qui avait épousé Le Voyer, l’inventeur du bagad, la troisième des sœurs Le Foll ayant épousé un SS du Bezen Perrot. Voici donc une chanson d’amour interprétée par Zaig au retour  de leur « déportation ».  

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Ceux qui n’aiment pas ça sont « antibretons ». 

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Le film à la gloire de Monjarret s’est révélé aussi pitoyable que tendancieux mais a circulé et continue de circuler partout en Bretagne. La propagande en faveur des militants nationalistes collaborateurs des nazis se double dans le même temps d’une censure de plus en plus oppressante. Un exemple le montrera mieux que de longues démonstrations : l’interdiction à Callac du film de Vincent Jaglin, La Découverte ou l’ignorance, qui, au contraire, étudie l’enrôlement de militants nationalistes bretons sous uniforme SS (et évoque le rôle de Monjarret en Allemagne auprès de ces SS). Le navet sur Monjarret a pu être diffusé sans problème. Le film de Vincent Jaglin (Grand prix du documentaire d’histoire à Blois) a été interdit. C’est ainsi que se fabrique la culture bretonne.

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Joyeux Noël quand même !

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On a beau dire, c’est du souci…

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