La passion de l’archive

 

Pour illustrer cet article annonçant une nouvelle page de ce site, j’ai choisi le symbole même de la passion de l’archive, à savoir le manuscrit de Sainte Tryphine et le roi Arthur (mystère breton en deux journées et huit actes) dont j’évoque l’histoire dans la réédition que j’ai donnée aux Presses universitaires de Rennes après un long périple, reprenant le bien plus long encore périple de Luzel… L’édition de cette pièce de théâtre populaire a marqué un point de basculement pour Luzel, comme l’édition de Luzel a marqué un point de basculement pour moi, et nous avons engagé un travail de réflexion qui nous a menés bien plus loin que nous ne l’aurions voulu et par des voies dont nous ne soupçonnions pas l’existence.

Le fil rouge qui, pour ce qui me concerne, passe des textes d’Armand Robin aux recherches sur la Résistance, via Luzel, les traditions populaires et Le Monde comme si est difficile à discerner, sauf à tenir compte du travail sur les archives et du respect dû au document brut.

Je n’ai pas évoqué dans cette page le travail sur les images, mais, dans le cas d’Armand Robin comme de Luzel, du Monde comme si ou de Miliciens contre maquisards, l’iconographie a toujours été pour moi première. C’est ce qui rapproche ces essais de mes livres de contes (et aussi des Anciennes complaintes de Bretagne).

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La Mouette

 

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… Pendant ce temps-là, La Mouette est mise en scène pour la première fois en finnois d’après la version originale que nous avons établie en travaillant avec Alain Françon.

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Plagiat

© françoise morvan

« Au moment où l’on pensait qu’une petite prise de conscience suivie d’un mince espoir d’amélioration allait permettre de mettre en place un début de stratégie en vue de lutter contre le plagiat, éclate la sidérante affaire Amélie Collet suivie de la non moins sidérante affaire Placide Moudoudou », voilà ce que je note dans la dernière des « Chroniques de l’anticoucou » qui ne cesse, hélas, de s’enrichir.

À cela s’ajoute le récit de notre dernière mésaventure en ce domaine, à savoir le « remix » de notre traduction de La Cerisaie, et je compte ajouter au texte « Tchekhov-remix » d’André Markowicz que je viens de mettre en ligne une étude de ce cas, plus sidérant peut-être, en fin de compte, que l’affaire Amélie Collet et l’affaire Placide Moudoudou, par sa banalité, sa normalité anormale, qui fait que le metteur en scène, inspiré, non par Dieu comme Victor Hugo, mais par le Plateau, peut se livrer à des mélanges de traductions en les agrémentant de contresens et les signer avec l’approbation des universitaires, des journalistes, des théâtres et des organismes de tutelle.

À suivre…

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Petit bonheur

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En ces moments troublés, je reçois copie d’un message reçu par André Markowicz sur Facebook :

Bonjour,

Je vous lis toujours avec autant d’intérêt sur Facebook, et moi qui connaissais très peu la littérature russe, vous m’avez donné envie de découvrir Pouchkine et bien d’autres écrivains (mais n’est-ce pas cela le but justement de cet espace de partages qu’est Facebook quand il est bien utilisé). Alors un grand merci renouvelé. Mais je voulais aussi vous faire passer un petit message pour Françoise Morvan : mon épouse, fleuriste, a décidé de mettre en avant dans son magasin des livres destinés aux enfants et dont les histoires seraient liées à la nature, au jardin, aux fleurs. Et naturellement, nous sommes tombés sous le charme des Editions Memo et de « La Saga des petits radis ». Ce livre est un vrai bijou et cet avis nous le partageons largement avec les clients du magasin. Voilà, si vous pouviez lui transmettre simplement cela, j’en serais ravi !

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Et, peu après, je reçois l’image qui figure ici… Mettre des livres parmi les fleurs, quelle idée  merveilleuse ! Et considérer que les livres pour enfants peuvent être aussi des livres pour grandes personnes, quelle belle manière de les faire vivre !

En tout cas, voilà ma fleuriste préférée.

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Poésie et traduction

 

 

Entre deux journées de lecture à Lille, j’assure une rencontre avec deux illustratrices et la directrice des éditions MeMo, Christine Morault — qui me présente en expliquant (à ma grande joie) pourquoi je ne sépare pas poésie et traduction. Et il apparaît que l’ensemble des livres que j’ai écrits, adaptés ou traduits pour MeMo forme une merveilleuse illustration de ces propos puisque les images projetées mènent de Quand la poésie jonglait avec l’image de Marchak au Kraspek que j’ai écrit d’après Afanassiev et aux livres de la collection Coquelicot, hommage à Marchak et Desnos, sans même parler de l’Alphabet galopin qui vient de paraître…

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La rencontre a lieu à Cressy où le clown russe Slava Polounine a acheté un immense domaine en bordure de rivière, le Moulin jaune.

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Lorsqu’on se promène dans le parc, on tombe à tout moment sur des objets étranges, comme le portrait de Sacha Poulounine en roulotte…

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… ou encore des verres à pied sur et sous pied…

Et tous ces objets donnent l’impression que les vrais feuillages ont l’air faux bien qu’ils aient tout de même l’air d’être vrais et pourtant… Mais ce n’est pas un rêve.

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Atelier de lecture

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Caroline, Morgane, Corentin, Adrien, Claire, Haïla, Mathilde, Victoire, Alexandre, Peio, Cyril, Alexandra, Margot, Étienne, Mathias, Lucas

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À l’idée d’ouvrir les premiers cours de la nouvelle promotion d’élèves de l’école du Théâtre du Nord à Lille (seize étudiants retenus sur plus de huit cents candidats), je n’ai bizarrement éprouvé aucune émotion, pas une ombre de l’angoisse du bon enseignant à l’instant d’inaugurer un cursus décisif, pas un soupçon du trac si nécessaire au passage de la ligne… Il s’agissait de lire La Mouette et, à partir de cette lecture, d’essayer de comprendre ce qu’est la lecture d’un texte de théâtre, un texte pensé en situation, dans l’espace et le temps, avec les non-dits qui l’irriguent — bref, ce que nous avons essayé de traduire en traduisant Tchekhov, et plus particulièrement La Mouette (puisque la version originale que nous avons mise au jour est si différente de la version académique). Une seule préoccupation m’habitait : nous avions passé quatre heures pour l’ouverture de l’école de traduction du CNL à lire deux pages et encore n’avions-nous pas terminé la lecture de ces deux pages… Comment allions-nous faire en une semaine pour lire toute la pièce ?

Eh bien, nous avons lu six pages en tout et pour tout, et nous avons posé des questions si passionnantes que nous en sommes tous restés pantois — hélas, pourquoi ne pas avoir pensé à faire une captation de ce premier cours ? Nous pensions que prendre des notes ne servait à rien car le théâtre est précisément ce qui échappe aux notes de cours mais, par moments, les notes permettent de capter des moments essentiels… Il serait intéressant de faire une lecture de La Mouette à partir de la confrontation de ces notes prises à partir de ce qui était tout sauf un cours : une découverte commune, poursuivie ensemble d’un texte que nous pensions connaître (et que, de fait, je m’en suis rendue compte à cette occasion, je connais par cœur) mais qui soudain prenait vie par la simple attention qui lui était portée sans autre souci que de l’interroger sans prétention, sans préjugé, sans souci de faire triompher telle interprétation ou telle autre. Et dire qu’après tant d’années, j’ai seulement compris soudain de quoi mourait Sorine, pourquoi les chiens hurlaient, et autre détails apparemment sans importance et qui font toute la trame de la pièce… Tchekhov a disposé une poussière de menus détails, d’indices fragiles, qui peuvent très bien ne pas être vus et qui sont pourtant là, comme la trame des motifs stylistiques… non perceptibles et pourtant perçus.

J’ai commencé à me livrer à un travail de transcription de la lecture de ces premières pages de La Mouette mais il faut des heures pour simplement rendre sensible ce qui se joue en quelques instants. Et c’est précisément ce que nous avons compris ensemble.

Il y faut du temps et néanmoins, je m’apprête à apporter un troisième chapitre à la rubrique La Mouette de ce site.

Et je suis particulièrement contente d’avoir demandé aux étudiants s’ils voulaient bien que je fasse un portrait d’ensemble avant de partir à regret prendre mon train : chacun y est ce qu’il est et j’ai eu l’impression en voyant cette image d’entendre la voix de chacun, avec ses commentaires, ses interrogations, sa manière de percevoir le monde…

(À suivre…)

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Alphabet galopin

Tandis que se poursuit la lugubrissime et violentissime opération Wikipedia, la vraie vie suit son cours. Et voilà que m’arrivent mes exemplaires d’auteur de l’Alphabet galopin. 

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Un beau livre, une belle expérience, intéressante justement parce que située à la jonction de l’écriture dite personnelle et de la traduction.

Les éditions MeMo m’ont donné l’occasion de m’expliquer à ce sujet.

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Le papier est merveilleusement doux, et les images merveilleusement rassurantes, tout en ouvrant chaque fois sur une énigme, un mystère à déchiffrer, ou peut-être pas, et le temps de le résoudre ou ne pas le résoudre, la lettre s’est gravée dans la mémoire.

J’aurais bien voulu apprendre à lire avec cet Alphabet galopin, même si je garde un souvenir lumineux  de mon apprentissage de la lecture.

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Wikipedia

Aussi étrange que cela puisse paraître, je suis l’auteur français le plus controversé du monde, à en croire, du moins, une enquête de Jean Tillinac sur Wikipedia.

Ce qui me vaut ce statut stupéfiant, c’est, bien sûr, Le Monde comme si, essai qui a provoqué la fureur des militants bretons. D’où leur acharnement.

Cet essai fait, lui aussi, l’objet d’un article, remarquablement absurde et peu neutre puisque majoritairement consacré à exposer les accusations des militants (un résumé  tendancieux est suivi de longues rubriques  « Objections » et « Textes critiques », ce qui donne une idée de l’objectivité du tout) mais qui n’a pas une incidence trop grave sur mon travail.

 En revanche, l’article me concernant est réellement nuisible puisque la vérité officielle sur ma personne est désormais supposée détenue par Wikipedia. Je ne peux pas arriver dans une université pour faire une conférence sans trouver les étudiants nantis de cet article, avec, selon les époques, variations sur mon appartenance à l’extrême droite ou au stalinisme, propos détournés, critiques vengeresses et nouvelles accusations, que je découvre souvent au moment où l’article m’est remis.

Il est clair que le but des militants qui s’acharnent sur cet article n’est nullement d’informer les lecteurs sur mes travaux divers, qui ne les intéressent en rien, mais de me discréditer dans toute la mesure du possible.

J’ai fait preuve d’une grande patience, et j’ai assisté avec une immense reconnaissance au travail de certains de mes lecteurs pour combattre pied à pied ces anonymes, engloutissant des heures et des heures dans cette tâche révoltante. Puis, voilà quelques mois, un lecteur informaticien m’a offert ce site, moyen pour moi d’échapper à l’hydre Wikipedia et j’ai cessé de m’intéresser à ce problème.

Cependant, découvrant que la BNF rédige désormais des fiches sur les auteurs en les classant dans des rubriques, souvent aberrantes (c’est mon cas), à partir de notices erronées  et en donnant pour finir  le lien avec l’article Wikipedia supposé les concerner, j’ai décidé de protester — pas seulement pour moi mais pour les autres auteurs, victimes de cet enfermement dans un système kafkaïen.

Du fait qu’il m’était impossible de rectifier l’article supposé me définir (je venais de constater que des lecteurs inconnus s’étaient livrés à cette tentative en vain au cours des derniers mois), j’ai décidé de me livrer à une expérience :

— mettre sur l’article une phrase de mise en garde à l’intention des lecteurs

— tenter de corriger les informations les plus erronées et les atteintes à la vie privée

— suivre l’expérience en direct sur ce site.

Expérience en cours…

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Le grand livre des contes

Mon éditeur m’apprend que Le grand livre des contes est en promotion à 19,90 € au lieu de 35 €.

De tous mes livres, c’est le préféré. Les éditions Ouest-France avaient fait un travail extraordinaire à partir de ma collection d’éditions originales de livres d’Arthur RAckham : illustrations pleine page, couverture veloutée, pages de garde satinées.

Il s’agissait de travailler à partir des images pour composer un immense livre destiné à être LE livre de contes fait pour être transmis d’un enfant à ses arrière-petits-enfants.

Les contes sont faits pour être dits et il était question de les enregistrer comme les Contes de Bretagne et Les Morgans de l’île d’Ouessant mais le projet est toujours en attente.

En tout cas, c’est le moment ou jamais de l’acheter.

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Enfermement identitaire et soumission de la culture

Le numéro 2 de la revue Incise est paru.

J’y publie un article intitulé « Enfermement identitaire et soumission de la culture :  l’exemple de la Bretagne » — article que le dernier rebondissement de la surréaliste prétendue « révolte des Bonnets rouges », à savoir le non moins surréaliste projet de ratification de la Charte des langues régionales, rend (hélas) plus actuel que jamais.

Je découvre que cet article ouvre la revue, remplie d’articles passionnants et de chemins de traverse. Pour le moment, j’ai juste lu l’article de Catherine Rannou, « De l’hygiène des bacs à sable » — article merveilleux, et encore plus merveilleux quand on le lit en relation avec le mien car nous parlons de la même chose en partant de points si opposés… J’allais lire le deuxième article quand je suis tombée sur la citation de Robert Walser qui ouvre le texte de présentation : « Tout est beaucoup pour moi, même les choses les plus infimes ». Ah ça oui, voilà bien mon problème…

Du coup, je suis restée méditer. Et, feuilletant la revue d’un doigt distrait, je me suis arrêtée à la dernière phrase du texte de présentation de mon article citant un slogan de Mai 68 : « Ceux qui sont ici sont d’ici ». À mon avis, non, ceux qui sont ici peuvent être d’ailleurs, ou de nulle part. Pour avoir décidé d’assumer le fait d’être de Rostrenen (Côtes-d’Armor) et d’en tirer ce qu’il était possible d’en tirer, hors des voies prévisibles de la littérature, je suis bien la première à comprendre à quel point le fait d’être à Rostrenen et de s’entendre dire que « ceux qui sont ici sont d’ici » peut être horrible. Personnellement, c’est un traumatisme que je ne subis pas du tout, vu que je suis un auteur absent de Rostrenen, même lorsque j’y séjourne, mais j’assume totalement le fait d’y être en n’y étant pas. En revanche, libre à qui se trouve en un lieu de ne pas en être, et libre à qui ne souhaite pas se livrer à une expérience littéraire aussi violente que la mienne de ne pas se risquer en de tels parages… La question posée par la revue, qui est « une revue de théâtre tout en ne l’étant pas », est : « Qu’est-ce qu’un lieu ? » Et mon article est une manière de dire : un lieu de non appartenance, de non assujettissement et de non soumission. « Ceux qui sont ici sont ici » et libre à eux d’en faire ce qu’ils veulent. Dans beaucoup de slogans de Mai 68 se lit l’avenir désastreux d’une illusion : et notamment le fait d’être d’ici et de donner dans le redoutable culte des racines qu’évoque justement cet article…

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Je reçois un message pas agressif mais pas content non plus, d’une lectrice, somme toute sympathique, qui me tance :

 « Moi, quand je lis “ceux qui sont ici sont d’ici” je crois comprendre qu’avec ce slogan on veut dire qu’on accueille l’étranger qui s’installe chez nous, ce qui part d’une bonne intention, non ? »

 Oui, ça part d’une bonne intention, sauf que, bien sûr, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Et ce n’est qu’un slogan, avec toute l’outrance et l’ambiguïté d’un slogan. Apparemment, il s’oppose à la xénophobie : il suffit d’arriver quelque part pour y être chez soi, merveille des lois de l’hospitalité. Mais en posant que la présence signifie appartenance, il laisse percer sous le message apparent un tout autre message, légitimant une notion d’appartenance — laquelle renvoie aux discours xénophobes en posant une problématique inversée mais l’inverser revient à l’admettre. Or, être quelque part ne signifie pas être de quelque part. Ensuite, être de quelque part ne signifie pas plonger des racines dans le magma forcément nutritif de ce quelque part et s’en goberger, fût-il indigeste. Enfin, être de quelque part peut signifier être tout à fait ailleurs, et ce n’est pas pour rien que j’ai publié les auteurs de Rostrenen les plus ailleurs qui soient, Armand Robin et Danielle Collobert.

Ma lectrice, qui n’est manifestement pas d’extrême droite, et qui ne se rend pas compte qu’elle calque ses propos sur ceux des militants nationalistes bretons, m’explique avec gentillesse qu’il faut être de quelque part :

 « Il y a des gens pour qui c’est nécessaire d’être de quelque part, c’est vital. Et pour ce qui est de la Bretagne, si vous ne l’aimez pas, ou plus, je ne vous dirai pas de partir, vous y êtes chez vous, je n’ai pas besoin de vous le dire, je vous dirai tout bêtement : n’en dégoûtez pas les autres. »

 Elle pourrait me dire de partir mais elle ne me le dit pas, tout en me le disant quand même (ainsi l’un des responsables du parti nationaliste d’extrême droite Adsav éprouvait-il le besoin de me faire savoir par courrier que je n’étais pas chez moi en Bretagne et que j’aurais à la quitter lorsqu’elle serait libre). Elle me dit juste de me taire. Car être de Bretagne, c’est bien, c’est être plus et mieux :

 « Quand on est de quelque part, on est mieux dans sa peau et plus à même d’accueillir l’autre. On part de cet endroit d’ou l’on est, et puis on s’eloigne, on va vers l’ailleurs, vers l’etranger. On découvre des choses différentes, des gens différents, ça nous enrichit, nous bouscule et nous agresse parfois. Et puis on est content de rentrer chez soi. Des tas de vacanciers qui profitent en ce moment de leurs congés payés le vivent. »

Ça correspond exactement à la vision de la commission Culture du conseil régional (et aux propos du vice-président en charge de la Culture) ou tout aussi bien à la vision de la commission Tourisme (les deux étant généralement superposables) . Sauf que si je fais une mince permutation, ça ne marche plus.

 Par exemple :

« Quand on est de quelque part, comme, mettons, Sarcelles, on est mieux dans sa peau et plus à même d’accueillir l’autre. On part de cet endroit d’ou l’on est, et puis on s’eloigne, on va vers l’ailleurs, vers l’etranger. On découvre des choses différentes, des gens différents, ca nous enrichit, nous bouscule et nous agresse parfois. Et puis on est content de rentrer chez soi. Des tas de vacanciers qui profitent en ce moment de leurs congés payés le vivent. »

Admettons que ça ne marche pas car être à Sarcelles ne donne pas forcément envie d’être de Sarcelles, mais changeons pour un lieu prestigieux entre tous :

 « Quand on est de quelque part, comme, mettons, Paris, on est mieux dans sa peau et plus à même d’accueillir l’autre. On part de cet endroit d’ou l’on est, et puis on s’eloigne, on va vers l’ailleurs, vers l’etranger. On découvre des choses différentes, des gens différents, ca nous enrichit, nous bouscule et nous agresse parfois. Et puis on est content de rentrer chez soi. Des tas de vacanciers qui profitent en ce moment de leurs congés payés le vivent. »

 Ça ne marche pas non plus car l’outrecuidance frôle une espèce de racisme : on est à même d’accueillir l’autre mais on est tout de même mieux dans sa peau, et bien content de rentrer chez soi après avoir vu l’étranger (par exemple, le Breton) pendant les congés payés.

En revanche, si j’applique le raisonnement à la Bretagne, ça va très bien :

 « Quand on est de quelque part, comme, mettons, la Bretagne, on est mieux dans sa peau et plus à même d’accueillir l’autre. On part de cet endroit d’ou l’on est, et puis on s’eloigne, on va vers l’ailleurs, vers l’etranger. On découvre des choses différentes, des gens différents, ca nous enrichit, nous bouscule et nous agresse parfois. Et puis on est content de rentrer chez soi. Des tas de vacanciers qui profitent en ce moment de leurs congés payés le vivent. »

 Il reste à définir ce qu’on appelle Bretagne — il ne s’agit, bien sûr, pas de la Bretagne des éleveurs de porcs ou des abattoirs de volaille, pas de la Bretagne industrialisée,  mais d’une sorte d’intermédiaire heureux entre la banlieue et la grande ville, un reposoir à citadins exténués et prêts à gober le rêve industrialisé comme les poulets l’aliment. Et pour que l’usine à rêver tourne à plein, il ne suffit pas d’être ici, il faut être d’ici. Et content.

C’est justement ce que disait cet article de la revue Incise.

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Et je reçois des messages de lecteurs qui me demandent où trouver cette revue. À mon avis, le mieux est de la commander si elle ne se trouve pas en librairie (la liste des librairies qui la diffusent étant donnée sur le site).

14 septembre

Je reçois copie d’un excellent article de Jean-Pierre Léonardini (le prince des critiques) sur la revue.

RI # 2 l’huma 2015-2

 

 

 

 

 

 

 

 

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