Réécriture de l’histoire en Bretagne

 

De l’extrême droite à l’extrême gauche, le même discours, la même apologie de nationalistes collaborateurs des nazis qui se sont fait passer pour résistants…

Et l’on voit un autonomiste comme Kristian Hamon attaquer le film de Vincent Jaglin, La Découverte ou l’ignorance, nier les crimes du Bezen Perrot à Bourbriac et Plougonver, reprendre sans fin les mêmes polémiques pour discréditer des recherches authentiques sur la Seconde Guerre mondiale et se faire élire au Comité directeur de l’ANACR et de l’ADIRP, associations de défense de la mémoire de la Résistance !

Oui, l’ANACR 35 qui s’associait naguère à la protestation contre l’attribution du nom du collaborateur Paul, dit Polig, Monjarret au collège de Plescop élit à son Comité directeur…  Hamon — qui s’était chargé de blanchir Monjarret !

Et ce même Hamon fait publier dans Le Peuple breton, journal autonomiste qui se proclame de gauche, un texte qui nie le racisme des militants de Breiz Atao, leur dérive nazie, le soutien apporté par les Allemands sous l’Occupation, et, tout étant bon dans le nationalisme et le capitalisme breton,  nie dans la foulée l’ultralibéralisme du lobby patronal de l’Institut de Locarn… Ce texte mérite d’être lu comme expression de l’idéologie de la gauche autonomiste

Pauvre Résistance ! 

Pour illustrer ce cynisme dans le confusionnisme, nous avons aussi l’indépendantiste Mervin qui accuse mensongèrement l’un des  jeunes résistants assassinés avec les camarades de mon père le 16 juillet 1944 — et l’indépendantiste Lemoine qui n’a jamais vu de nazis mais fraternise avec les SS du Bezen Perrot.  La même apologie de Lemoine se trouve sur le site Breiz Atao et sur le site 7Seizh, « gauche » et extrême droite unies.

Il me semble important de décrypter le discours nationaliste au moment où la mainmise du mouvement breton sur la culture ne fait que s’alourdir : c’est à l’autonomiste Monnier  (qui s’était chargé avec Hamon de réhabiliter Polig Monjarret — voir la protestation de la Ligue des Droits de l’Homme au sujet de la censure exercée à ce propos — et qui est l’auteur d’un scandaleux essai assimilant Résistance et combat breton) que le conseil régional socialiste a commandé un film sur l’histoire de la Bretagne, film actuellement diffusé dans les écoles sur fonds publics et destiné à être mis en ligne sur le site du conseil régional. Et c’est encore sur fonds publics, subventionné par le Musée de Bretagne, Rennes Métropole et l’Institut culturel de Bretagne, que paraît l’énorme et coûteux ouvrage  Les Bretons, l’esprit valeureux et l’âme fière, luxueusement imprimé (en Chine), véritable outil de propagande identitaire selon Locarn, destiné à être diffusé dans toutes les écoles. L’esprit du Club Érispoë, voué à former les élites de la nation bretonne — telle que Patrick Le Lay et le lobby de Institut de Locarn la conçoivent. Et, bien sûr, Wikipédia est une arme de tout premier choix pour ces militants : l’histoire de Bretagne n’est plus que l’histoire telle que l’écrivent les nationalistes, avec pour uniques sources autorisées les productions des autonomistes.

Où sont les historiens qui protestent ?

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La freizh (suite)

Après les petits radis, la freizh… Eh oui, dommage, mais il faut bien prendre les choses comme elles se présentent.

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Mes commentaires sur la fraise de Plougastel changée en freizh par le lobby ultralibéral de Produit en Bretagne ont connu un succès spectaculaire : des milliers de lecteurs. Et tout ça pour quelques lignes sur un sujet à peu près totalement passé sous silence (si j’excepte, bien sûr, la propagande omniprésente pour Produit en Bretagne) et sur un site personnel surtout voué à la poésie et, qui plus est, sous des formes non académiques (la freizh, c’est un combat, c’est de la poésie brute, et à quoi bon écrire si ce n’est pour combattre l’écrasement de l’esprit sous la propagande ?).

Mon articulet n’a pas manqué de mettre les militants  bretons en fureur car, qu’ils soient de gauche ou de droite, la freizh leur est chère, ils l’aiment, elle correspond à leur goût et ils se reconnaissent absolument dans la freizh industrielle qui défile sous hermine. Le seul défaut de l’affiche, à leurs yeux, c’est qu’elle manque un peu de drapeau (mais, je vais me faire l’avocat du diable, à mon avis, trois hermines valent un gwenn-ha-du).

Quelle belle démonstration !

Et quelle merveilleuse illustration du déni de réalité sur lequel vivent ces militants !  Ce qui les a mis en fureur, ce n’est pas du tout l’évocation de l’affiche, la labellisation ridicule du moindre produit sur base néobretonne, l’asservissement d’une région à un lobby ultralibéral — pour eux, pas de problème, c’est bon c’est breton, on englobe tout dans le pack et vogue la Breizh : j’ai eu tort de ne pas l’apprécier mais ça ne tire pas vraiment à conséquence. Ce qui a provoqué la fureur, c’est (comme de coutume mais je n’en finis pas de m’en étonner) une phrase, une seule, une unique phrase, tout à la fin, rappelant l’origine de Breizh, dans l’orthographe fixée en 1941.

La leçon est claire et nette  : il ne faut surtout pas écrire que l’orthographe bretonne a été surunifiée en 1941. C’est un fait historique, d’ailleurs fièrement rappelé par Roparz Hemon et par Yann Fouéré (lesquels étaient, il faut tout de même le rappeler, des agents de la Gestapo) et c’est Roparz Hemon lui-même qui a écrit que l’orthographe avait été surunifiée « sur ordre des Allemands ». Mais il ne faut pas le mentionner. Pourtant, la fraise s’appelle la freizh par analogie avec Breizh, forme résultant de la surunification du breton sur ordre des nazis… Explication interdite. Pourquoi ? La réponse, elle aussi, est claire et nette : le mouvement breton dans sa quasi-totalité a collaboré sous l’Occupation : ce qui fait la spécificité de la Bretagne, c’est la présence d’un groupe organisé formant une toile d’araignée sur la région. Le mouvement breton a collaboré et s’est attiré, ce faisant, la haine des Bretons. S’il s’efforce coûte que coûte d’occulter le passé, c’est qu’il entend désormais parler au nom des Bretons, et qu’il le fait. C’est bien cette usurpation que je dénonce.

Les commentaires ne sont intéressants dans leur ensemble que par leur grossièreté machiste — vieille caractéristique héritée du passé du mouvement breton. Cependant,  l’un d’entre eux me semble digne d’être lu. Contrairement à l’usage des militants bretons, son auteur se nomme : dans la vie réelle, il vend des pizzas, produit peu breton qu’il s’est néanmoins efforcé de rendre identitaire en le plaçant sous le label Pizz ar Breizh Mad. Ce nom montre qu’il n’est pas même capable d’écrire correctement le breton surunifié, langue de sa nation, mais ça ne fait rien, il récite le parfait catéchisme du militant de base. Et la manière dont il retourne l’histoire mérite d’être prise en compte car cette inversion se change en lieu commun que je vois désormais partout réitéré (y compris par des élus, et l’endoctriné de base fait-il autre chose que répéter le credo ?).

Voici ses observations  :

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« Groupe de bretons nationalistes ralliés aux nazis, combien ? moins de 80 … contrairement aux français qui donnèrent la france, les juifs aux nazis.
Qui plus est, la Bretagne n’est qu’une colonie française et la france n’a aucun droit sur elle.
Dons, la Bretagne est toujours sous occupation française, c’est du droit, il n’y a aucun traité d’union et s’il existe …. ce qui me fait doucement rire par avance, que vaudrait la validité de ce traité ? rien, que dalle, il n’a jamais été respecté, dons la france dehors et Breizh debout et non pas marcher droit devant nos bons maîtres imposés et encore moins devant les collabos bretons dont vous faites partie. »
 
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Il ne faut pas considérer qu’il s’agit là du délire d’un zombie frappé  du « coup de Breizh », cette illumination qui change un citoyen lambda en militant breton prêt à tout pour sauver sa mère patrie opprimée par la marâtre France : cette réécriture de l’histoire est en voie de se banaliser.

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Je pensais m’en tenir à ce commentaire mais, finalement, les autres sont aussi captivants pour qui s’intéresse au syndrome de la freizh. Un lecteur, qui se désigne, lui aussi, par son nom (pratique étrangère au militant breton), un certain Jean-Charles Le Corre, éprouve le besoin de se pencher sur mon cas, et de m’inviter à me soigner car un Breton qui n’aime pas la freizh n’est pas un Breton normal, et, si c’est une Bretonne, elle a besoin d’une psychanalyse en règle pour se guérir de son absence de goût pour la freizh (ce qui se dit en langage brittophile « sortir de son merdier »). Après quoi, elle aimera la freizh et pourra « finir l’âme en paix ». Ce pieux vocabulaire est l’illustration exacte de ce que je n’ai fait que constater depuis que je me penche sur le problème : le mouvement breton est né dans les sacristies, de l’esprit de revanche contre la Révolution française, la Bretagne s’associant à la religion dans une espèce de bigoterie prête à resurgir à tout moment. La freizh aura été utile pour en donner un exemple.

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« Ah Mme Morvan!…Mme Morvan!… Z’êtes vraiment trop forte! Quelle digression! Partir d’une affiche vantant les mérites de la fraise de Plougastel pour en arriver aux collabos de l’an 40, moi je dis chapeau!… Grand à dû être le traumatisme Mme Morvan, hein? Devez pas rigoler tous les jours… Une petite analyse…pensez pas que ça vous ferait du bien? Essayer de vous sortir de ce merdier? Tâcher de finir l’âme en paix ? »
 
…;.

Un commentaire anonyme mérite qu’on s’y arrête aussi : on me demande si, moi qui suis si hostile à l’« identité bretonne », je serais d’une égale férocité avec les autres « identités », dont l’« identité française ».

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« L’esprit critique et le recul que vous avez vis à vis de l’identité bretonne s’applique t-il aux autres identités? par exemple, vis à vis de l’identité française? »

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Pour ces personnes soumises depuis des années à la propagande identitaire véhiculée par les médias bretons, l’identité bretonne, c’est donc la freizh mondialisée : adhésion totale à la propagande de l’Institut de Locarn, triomphe du « monde comme si »…

Qu’est-ce que l’identité bretonne ? La freizh !

Et l’identité française ? La freizh !

Car c’est dans le XIIIe arrondissement, sur un quai de métro, que mon identité s’est brusquement manifestée par un cliché antifreizhien que j’ai ensuite accompagné des quelques lignes qui devaient être partagées par tant de lecteurs.

Qu’ils en soient remerciés.

L’identité, pour moi, c’est comme la race : un concept creux. La freizh.

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Comme le débat continue, voir « La freizh (suite et peut-être pas fin) ».

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La vraie vie du livre

Faire vivre une collection de poésie pour enfants n’est pas simple par les temps qui courent et n’était déjà par simple du temps de Robert Desnos, qui passait pour un branquignol, ce qu’il est peut-être encore d’ailleurs aux yeux des poètes en place. Mais voir arriver les enfants qui demandent ce livre, et pas un autre, et qui vous récitent tout le début du livre, un livre qu’ils veulent avoir pour savoir le poème jusqu’au bout…

La saga des petits radis est une fable sur les enfants cachés — je l’ai écrite après avoir écouté l’histoire d’un vieux monsieur juif qui avait fui la rafle du Vel d’Hiv’ — mais il n’est pas utile de le savoir : c’est juste une fable.

Le merveilleux, le grand sérieux des enfants, qui vous écoutent…

Ils sont capables de tout comprendre sans mots et les mots justes les rassurent, leur donnent une assurance qui permet d’aller plus avant.

Merveilleuse expérience que le salon du livre de Saint-Loubès où j’ai pu retrouver beaucoup d’enfants qui avaient demandé à leurs parents de venir.

Et quel plaisir de voir Florie, l’illustratrice rêvée pour ce livre, dessiner des radis pour que chaque enfant se souvienne non seulement du livre mais des expositions, des enregistrements, des jeux, de la pièce de théâtre, sans parler du lexique des petits radis et des devinettes…

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… la vraie vie du livre.

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Rencontre au Théâtre Gérard Philipe

 

 

 

 

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Dimanche 12 avril à 18 heures au Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis, rencontre au sujet des Trois sœurs avec Jean-Yves Ruf et les comédiens (après le spectacle qui commence à 15 h 30).

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La Saga des petits radis

 

Rencontre au salon Lis tes ratures en compagnie de Florie Saint-Val avec les  enfants qui ont travaillé toute l’année sur La Saga des petits radis,  leurs parents et leurs amis.

C’est aussi l’occasion de leur donner la copie de leurs poèmes avec les photos dédicacées de leur classe…

et de présenter la collection Coquelicot.

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Un monde en partage : Tchekhov

Je reçois avec quelque retard la copie d’une interview demandée par La Croix sur Tchekhov.

Miracle, le texte publié me semble conforme à celui que j’avais envoyé, alors même qu’on m’avait demandé des modifications, des éclaircissements, des notes explicatives, et ainsi de suite…

Quel soulagement, il est là dans son état natif, tout bête, tout simple, et disant tout uniment ce que j’avais envie de dire…

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« Voilà maintenant bientôt un quart de siècle que nous traduisons Tchekhov, André Markowicz et moi.

Cher Anton Pavlovitch, pas une minute d’ennui, pas une ombre de déception, un humour plein de délicatesse, un art de vous réserver des surprises et des trouvailles inattendues, même après vingt-cinq ans, qui dit mieux ?

Un auteur sans vanité, un compagnon aux ressources inépuisables, un trésor de sagesse, capable de vous faire un petit pied de nez au détour d’une réplique et d’amener des metteurs en scène à ne pas chercher depuis plus d’un siècle le chant du butor étoilé qu’il a pourtant mis au cœur de La Cerisaie… Menus signes de complicité, sans importance et pourtant jamais dénués d’importance, donnant au fil du temps une impression de compagnonnage…

Au moins en cette vie avons-nous eu la chance de traduire Tchekhov – nous devrions penser chaque jour à l’en remercier et à nous mettre enfin à rassembler les nouvelles que nous avons laissées çà et là éparses, à traduire ses lettres sans nous borner à celles qui éclairent les pièces. En fait, le théâtre de Tchekhov est un monde en soi et nous avons l’impression de l’avoir parcouru en partant de Platonov en 1990 pour arriver à Platonov, qui a mis fin en octobre 2014 à notre traduction de son théâtre complet, un peu comme on fait le tour du monde, remettant chaque œuvre sur le métier, affinant les traductions au fil du travail avec les metteurs en scène.

Tout ce que nous apprenait une pièce nous permettait de mieux voir les autres, et de mieux entendre les comédiens qui leur donnaient vie : c’est en traduisant et en retraduisant La Cerisaie en 1992 que nous avons compris que la version originale de la pièce, la version rédigée par Tchekhov et non revue à la demande de son metteur en scène, nous semblait plus intéressante que la version définitive ; c’est en traduisant et en retraduisant La Mouette trois ans plus tard que nous avons décidé de donner la version originale et la version académique de chaque pièce (c’est-à-dire le texte original remis par Tchekhov à la censure, texte jusqu’alors inconnu en français, et le texte définitif revu à la demande des metteurs en scène) ; et c’est, pour finir, ce qui nous a amenés à donner la version intégrale de Platonov, pièce sur laquelle nous revenions pour la quatrième fois : le jeune Tchekhov avait tenté de supprimer tout ce qu’il pouvait de ce monstre de dix heures pour le rendre jouable, mais ce qui avait été coupé était passionnant, apportait un éclairage nouveau sur l’ensemble – trésor où puiser pour un metteur en scène, détails pleins d’intelligence, à supprimer peut-être mais à garder en mémoire pour orienter le jeu de l’acteur…

Lorsque nous avons été invités à proposer une traduction de Tchekhov pour clore le cursus de la première promotion de l’École de traduction littéraire du Centre national du livre, nous avons d’abord pensé donner trois scènes d’amour à traduire aux stagiaires, puis une seule scène d’amour et, pour finir, nous avons passé quatre heures à ne pas traduire mais simplement essayer de rendre sensibles les miroitements intérieurs des premières répliques de La Mouette – une scène d’amour complètement ratée, six ou sept répliques, mais si riches, si complexes, si fines dans leur légèreté, ouvrant chacune sur un monde… C’est ce monde que nous avons eu l’immense chance de parcourir. Puissions-nous encore le donner en partage ! »

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La freizh

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Retour de Lille…

 

 

 

Le Théâtre du Nord est un théâtre qui vit, qui appelle la vie, qui se veut lieu de partage.

 

 

 

 

Encore dans l’euphorie de la rencontre avec les étudiants et les enseignants (chose totalement interdite pour moi en Bretagne depuis que j’ai écrit Le monde comme si), j’arrive à Paris et, là, sur le quai du métro, retour à l’identitaire : la freizh !

La fraise bretonne devient freizh comme la Bretagne est devenue Breizh…

 

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Ce qui est stupéfiant dans cette image est sa violence, pas seulement sa laideur, la violence de sa laideur. La fraise devient menhir puisque bretonne — alignement, défilé, du menhir au bagad, le Breton se distingue par sa soumission à l’ordre et l’art de marcher droit.

La fraise pousse à la bonne franquette sous sa feuillette anarchiste et non comestible ; la freizh débarrassée de tout ce qui l’encombre défile hors sol sur une blancheur parfaitement pure où les informations se lisent en lettres noires pour respecter le noir et blanc désormais voué à désigner le Breton pure souche. Il s’agit d’une fraise Savéol, fraise industrielle, calibrée, militaire, sans feuille ni goût, la freizh, modèle du Breton à faire advenir sous label Produit en Bretagne. On aperçoit d’ailleurs à gauche le logo de Produit en Bretagne, une petite couleur jaune et bleue dans cet univers de cauchemar, sauf que le cauchemar vient de là…

Qui sait ce que c’est que Produit en Bretagne ? Qui a entendu parler de l’Institut de Locarn ? Personne, bien sûr. D’ailleurs, dans le métro, tout le monde s’en moque, de cette affiche débile.

Si je décide de la photographier, c’est dans le but de pouvoir lire l’inscription destinée à la détourner : il arrive que ces inscriptions manuscrites soient drôles.

Là, ça donne :

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                          NOUS AVONS PERDU LES MEILLEURES ANNÉES
                          BIENTÔT LE JEU SERA FINI POUR TOUJOURS
                                                 —   GUY DEBORD

 

Pas vraiment drôle…

 

Mais, dans le cas de la Bretagne et de ce qui s’y passe, tristement vrai.

 

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Pour ceux qui voudraient mieux comprendre :

BREIZH :

En 1941, un groupe de nationalistes bretons alliés aux nazis unifie l’orthographe du breton : le « zh » de Breizh devient le symbole de la nation bretonne à faire advenir.

 

PRODUIT EN BRETAGNE :

Le 9 février 1995, est déclarée une association Produit en Bretagne dont le siège est l’Institut de Locarn, association déclarée le 5 avril 1991, sous le nom « Institut de Locarn, culture et stratégies internationales. Au sujet de l’Institut de Locarn, alliance de l’ultralibéralisme et de l’autonomisme, avec l’identitaire pour faire-valoir et la dérèglementation pour mot d’ordre, voir Le monde comme si ou les articles du GRIB.

 

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Pour en savoir plus, voir « La freizh (suite) ».

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Master class

 

 

 

 

Je me demande pourquoi il n’y a pas de terme français pour master class. 

Travail guidé serait plus précis, car je n’ai pas du tout l’intention de faire une classe de maîtres mais de plutôt une classe de découverte.

Le 26 mars donc, travail guidé vers une classe de découverte sur Platonov au Théâtre du Nord à Lille.

Et, le soir, nous retrouvons nos amis du Collectif Les Possédés pour une rencontre avec le public après le spectacle (que nous avons déjà vu à Paris  le jour de la première au Théâtre de la Colline).

 

 

 

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Enfants et poésie

Si la poésie vit encore en France, elle le doit à des éditeurs, des instituteurs, des bibliothécaires qui sont parfois mis en relation par d’étranges passeurs, des anges gardiens qui, sans compter leur temps, leur offrent l’occasion de partager avec les enfants une passion restée intacte à travers les années. Qui sont-ils ? Comment œuvrent-ils ? Et pourquoi ? Révélation, mystère… Et soudain, le bonheur de découvrir la vraie vie — la vraie vie des livres et des enfants qui les lisent…

….

J’ai reçu un jour une invitation d’un monsieur qui m’annonçait que mon livre La saga des petits radis avait été retenu au nombre des meilleurs livres pour enfants de l’année par le comité de lecture qui organisait les rencontres dans les classes avec les écoles et les bibliothèques de Saint-Loubès. Saint-Loubès, une petite ville près de Bordeaux…

J’aurais dû refuser avant même de chercher à le savoir car, en mars et en avril, je devais me partager entre Strasbourg, Paris et Lille pour des rencontres sur Tchekhov. J’ai accepté, en sachant que ce n’était pas raisonnable, mais j’ai décidé de faire tout mon possible pour soutenir les éditions MeMo qui, seules en France, ont lancé une collection de poésie pour enfants, quand tous les éditeurs suppriment leurs collections de poésie.

Frédéric Delhoume, l’ange gardien qui organisait, coordonnait toutes ces rencontres, m’a fait savoir que je ne serais pas reçue  à Saint-Loubès seulement, mais aussi à Montussan, Yvrac, Saint-Sulpice-et-Cameyrac.

Montussan ? « Aux portes de Bordeaux mais aussi à l’ombre de ses bois, au creux de ses vignobles, au plus secret de ses vallons se niche Montussan qui offre au regard sa lumineuse sérénité ». Yvrac ? « Havre de campagne à proximité de Bordeaux, Yvrac concilie art de vivre et modernité avec ses aménagements urbains et sa qualité de vie d’une nature préservée ». Saint-Sulpice-et-Cameyrac ne fait pas sa promotion sur son site mais c’est aussi est une commune de l’Entre-deux-mers en pleine expansion : écoles  neuves, médiathèques… Tant que la banlieue n’a pas trop gagné sur les vignes, les communes vivent une période heureuse et certaines d’entre elles témoignent d’un vrai souci d’intégrer les équipements modernes à un environnement fragilisé. 

Les rencontres avec les classes de ces petites écoles étaient extraordinaires — d’abord parce que les instituteurs avaient fait un travail de préparation exceptionnel : certains avaient remis à tous les enfants des  questionnaires (dont j’ai reçu un exemplaire que je garde précieusement), d’autres avaient noté sur un ruban de papier la question de chaque enfant pour qu’il la lise et note la réponse, d’autres encore avaient composé des lexiques ou même (et en couleurs) un authentique petit dictionnaire des légumes composé à partir des mots du livre.

Certaines classes avaient appris par cœur La saga des petits radis, les élèves se relayant…

Mais si les rencontres étaient aussi extraordinaires, c’était que tous les instituteurs, après ce travail incroyable, laissaient les élèves libres d’intervenir spontanément. Nous avons pu parler des règles de base de la poésie, du rythme, des rimes, comme avec des élèves de lycée — et, d’ailleurs, presque tous avaient fait des exercices pratiques…

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Petit exercice pratique

particulièrement touchant

par les étonnants enfants de Saint-Loubès…

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Car, à Saint-Loubès, lorsque j’ai voulu parler du sens de ce livre, qui est une fable sur les enfants cachés, j’ai demandé quelle était la leçon de cette fable, et une petite fille de CM1 m’a dit que ma citrouille ne donnait pas seulement une leçon de générosité mais d’hospitalité…  Et comme je lui demandais si elle pouvait expliquer aux petits ce que c’était que l’hospitalité (car il y avait ensemble une classe de CM1 et une autre de CE1), elle a expliqué tout uniment que pour les Grecs anciens, les lois de l’hospitalité exigeaient que l’on accueille l’étranger — face à mon étonnement, l’institutrice s’est contentée de dire qu’il n’y avait là rien que de normal car la classe s’intéressait à la Grèce ancienne… Quand j’ai demandé si quelqu’un savait une fable de La Fontaine, j’ai vu se lever une forêt de doigts — l’un des enfants m’a même cité une fable d’Ésope…

Les jeunes génies de Saint-Loubès…

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À Saint-Sulpice, les questions étaient tellement passionnantes que nous avons complètement oublié l’éclipse, objet jusqu’alors de toutes les conversations. J’étais reçue à l’école publique élémentaire « Le cèdre bleu » (là, c’est la classe de CE2) et j’ai bien regretté de ne pas avoir demandé à faire un portrait des élèves de CE1 qui avaient fait un travail de préparation extraordinaire.

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Enfin, je les verrai au salon du livre qui doit se tenir les 10 et 11 avril à Saint-Loubès.

Pour moi, c’était aussi l’occasion de rencontrer enfin Florie Saint-Val, mon illustratrice,  et de pouvoir échanger avec elle.

Florie ne fait pas que des livres : elle est aussi l’auteur de Pique-nique papilles, un jeu de dominos qui est un petit chef d’œuvre.

Et après avoir rencontré les classes, j’ai pu aller faire des photos sur les bords de la Dordogne, loin des plagiaires et des nationalistes bretons. Ouf, quel repos !

 

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Un bonheur n’arrive jamais seul : voici qu’une médiathèque donne à feuilleter La saga des petits radis… 

Et maintenant, rendez-vous au Salon Lis tes Ratures à Saint-Loubès pour dédicacer la Saga des petits radis avec Florie. C’est samedi 10 et dimanche 11 avril.

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Armand Robin : procès gagné

Comme je l’ai déjà indiqué (« Plagiat : justice rendue ») l’universitaire qui avait plagié mes recherches pour écrire une biographie d’Armand Robin (projet en soi inepte pour un auteur qui s’était voulu sans vie et n’avait cessé de protester contre ce qu’il appelait le « forfait biographique »), trouvant sa méthode parfaitement louable, avait fait appel du jugement.

L’appel a été rejeté le 24 février 2015 et le jugement est donc désormais définitif.

On trouvera ici en PDF ce jugement signé par le juge Éric Halphen.

Jugement du 14 mars 2014

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