Les sonnets de Shakespeare

Après notre week-end de travail à l’ADEC sur les sonnets de Shakespeare, André a publié une chronique sur Facebook qui rendait compte de cette expérience amicale, passionnante et joyeuse, et il en a profité pour évoquer une autre expérience amicale, passionnante et joyeuse menée par David Gauchard (dans le prolongement de son travail sur Shakespeare et plus précisément sur les sonnets avec des lycéens). André a intitulé sa chronique « Ce qui fait vivre ». Je me contente de la reproduire ici pour ceux qui (comme moi) ne sont pas sur les réseaux sociaux. J’ajouterai que ce qui est touchant est la manière dont ce livre vit sa vie depuis le cœur de notre microscopique maison d’édition et de cercle en cercle touche des personnes qui ne le savaient pas et nous sont proches. 

Ce qui fait vivre 

Pendant deux après-midis, Françoise et moi, nous avons travaillé à l’ADEC de Rennes, – avec des amateurs, donc, – sur l’invitation d’Élise Calvez, sur des sonnets de Shakespeare. Nous avons travaillé, et nous serions encore, ce matin, sur un nuage si nous vivions hors du monde. 

Ils étaient dix-huit, hommes et femmes, de tous âges – et nous ne les connaissions pas (nous connaissions, par hasard, juste un des stagiaires). Nous avions demandé qu’ils aient notre édition, – c’est tout. – L’idée était toute simple : ils choisissent un sonnet, et ils le lisent. C’est à dire qu’ils le disent. Les uns après les autres. – Ils les disent et, les disant, nous les explorons ensemble, nous essayons de les comprendre, de montrer la structure, – et, à chaque fois, évidemment, nous revenons à la source même de notre traduction, au travail sur le son, puisque, littéralement, les sonnets, ça doit sonner, et les sonnets de Shakespeare, destinés à la lecture des yeux (à l’inverse de ses pièces, qui ne n’existent, pour lui-même, que par la scène et en dehors de la parole écrite), sont aussi, et surtout, conçus par être lus à haute voix, tellement la structure sonore en est intense, riche, totalement musicale, – sauf que cette lecture n’est pas une lecture sur la scène : non, c’est une voix portée de l’un vers l’autre, une voix intime, la voix d’une personne donnée. Lire, donc, c’est d’abord essayer de comprendre, – et, s’agissant d’une traduction, et puisque nous le disions en français, revenir à la compréhension, instinctive, que nous, Françoise et moi, avions eue de chaque texte pour arriver à celui que nous proposons au lecteur, et donc confronter cette compréhension, à trois ans de distance aujourd’hui, puisque notre édition est parue en 2022, avec l’original. Comprendre et, en même temps (pas d’abord, non, en même temps), dire, – c’est-à-dire faire comprendre ce que nous avons compris, dire, c’est-à-dire d’abord, évidemment, faire entendre la structure, le mètre, la construction d’un sonnet anglais (très différente de celle des sonnets français), – trois quatrains et un distique de conclusion ou de retournement, avec ce renversement obligatoire, d’une façon ou d’une autre, au début du troisième quatrain, mais aussi, à chaque fois, faire attention à la matière sonore, aux allitérations, soulignées ou non (et il est rare que nous les soulignions, – parce que Shakespeare ne les souligne que très rarement), bref, essayer de donner à chaque stagiaire la sensation d’une matière organique, dans laquelle le sens lexical des mots n’est qu’une partie du sens, avec la mémoire des images et la matière sonore, et le jeu du mètre avec le rythme. Leur donner cela, – en très peu de temps, c’est si peu, finalement, sept heures de travail effectif en tout – et, en même temps, essayer de comprendre comment, en eux, – à chaque fois d’une manière différente, – il est possible de trouver une voix, – une voix que, très souvent, ils ne soupçonnent pas, ou ne pensent pas qu’ils ont, – comment poser la mélodie du vers, poser les mots devant les autres, comment rendre évident ce qui, soudain, ou pas soudain (ou bout de trois ou quatre essais) leur est, à eux, devenu évident. 

Nous avons travaillé sur, donc, dix-huit sonnets, qu’ils ont choisis, et, hier, Françoise a proposé un ordre de lecture, pour revenir au mystère de ce livre, – à ce qu’elle appelle ce roman éclaté qu’il contient, – l’amour d’un homme d’âge mûr envers un « doux garçon », visiblement de la haute noblesse, – un garçon dont tous les érudits cherchent à savoir le nom (mais l’humour, sidérant, de Shakespeare est de dire qu’il le rendra célèbre, sans jamais le nommer, et donc, nous ne savons pas qui c’est), – un amour sombre, plein de péripéties, avec cette espèce de ménage à trois avec « dame sombre » (dark lady), un amour qui passe par les intonations les diverses, lumineuses, ironiques et, le plus souvent, terriblement noires, – mais, en même temps, de cet amour mystique, affirmé comme une prière quotidienne. Et, je le dis comme c’est, c’était bouleversant de voir ces stagiaires travailler, de les voir s’offrir, les uns aux autres (je ne sais pas si tous se connaissaient avant, – sans doute pas), des textes magnifiques. Et puis, il y en avait parmi eux qui parlaient un anglais formidable, et, donc, ils lisaient, eux, deux textes – le texte anglais, et le texte de notre traduction. C’était, oui, magnifique. 

La veille au soir, dans la – formidable bibliothèque de l’ADEC, – qui présente des milliers de livres de théâtre, – Elise Calvez a mené une discussion avec nous, sur la traduction, – la traduction du théâtre, mais aussi sur cette entreprise qui, aujourd’hui, prend toute notre vie en miroir, – les éditions Mesures. Et le monde qu’il y avait, et les questions posées, et cette chaleur humaine qui se dégageait, vraiment, nous étions très touchés.

*

Nos sonnets de Shakespeare chez Mesures, ils continuent de vivre. David Gauchard, de la Compagnie de L’Unijambiste, au gré des tournées (beaucoup trop rares) du Macbeth qu’il a monté (et, oui, je pense que cette mise en scène est un chef d’œuvre, j’en ai parlé, ici, il y a bientôt deux ans, pour la création à Quimper), travaille avec des classes de lycée, sur Shakespeare, avec ses amis et ses acteurs, – ici ARM, et Emmanuelle Hiron (qui n’est pas sur le spectacle). Ils travaillent sur les sonnets de Shakespeare que nous avons traduits, – c’est-à-dire qu’ils les font lire aux élèves, avec une musique originale, créé, à chaque fois, quasiment en direct, par ARM, – musique interprétée aussi par les élèves selon les possibilités. Et imaginez ce que nous avons découvert, – vous l’avez dans l’image qui illustre cette chronique (il faut scanner le QR code pour entendre) : ils étaient à Perpignan, pour deux représentations. ARM et Emmanuelle ont travaillé comme ça, pour arriver, avec des élèves de seconde (!…) à ce qu’ils aiment ces textes, et qu’ils les disent, eux aussi, pour ce qu’ils sont, une poésie sublime, qui leur parle à eux, d’une façon ou d’une autre, – et j’insiste sur ça : on ne leur parle pas de leur propre vie dans « les quartiers » (et Dieu sait qu’il y aurait quoi dire à Perpignan), non, on ne leur parle pas d’eux de l’extérieur (et c’est ce que je déteste, le plus souvent, dans les interventions « périscolaires », quand des artistes, hors venus, viennent parler aux jeunes de la vie des jeunes – une forme, finalement, de paternalisme colonial, dont les élèves sentent mieux, le plus souvent, les implications que les intervenants eux-mêmes). Non, on leur parle d’un étranger total, – des sonnets écrits en 1600, – et on les fait entrer dedans, et c’est cette confrontation, organique et bienveillante, avec un étranger total qui les approfondit eux-mêmes, au sens où elle leur fait découvrir, en eux, des profondeurs et des dons qu’ils ne soupçonnaient pas. Qui les rend plus forts, plus présents, à eux-mêmes et aux autres. C’est ce travail qui met la poésie, nous dirons ça comme ça, dans la cité. Sans les flatter dans le sens d’aucun poil, sans nulle exaltation d’un misérabilisme, sans nulle revendication identitaire. Juste ça : des voix, uniques et ensemble, pour dire ce qui est beau, – et, le sentir ensemble, et chacun en lui-même, que, oui, c’est beau : pas seulement ces sonnets, mais eux qui les ont dits. Oui, ils sont beaux. Tous. 

C’est ça qui rend vivant.

Parce que nous sommes morts si, dans la lutte quotidienne pour une cause, ou juste pour la vie au jour le jour, nous oublions le but : nous sommes vivants quand nous sentons que c’est beau. Quoi que ce soit, ce « beau ». Et oui, je le dis comme je le sens, c’était beau d’entendre ces amateurs de l’ADEC, et c’est beau d’entendre ces élèves, – que je ne connais pas, que je ne verrai jamais. Et vous n’imaginez l’émotion que c’est, pour Françoise et pour moi, de savoir que, chacun et chacune, David Gauchard leur a offert un exemplaire de notre édition. Un livre qu’ils ont contribué à faire vivre.

À titre informatif, j’ajoute que notre travail pour l’ADEC nous a amené à constater que notre édition des Sonnets était absente de toutes les bilbiothèques de Rennes (à part celle de l’ADEC). On ne les trouve ni aux Champs libres ni à la Bibliothèque interuniversitaire (la censure est d’ailleurs volontaire puisque sur les 32 titres des éditions Mesures, seul le recueil des contes de Luzel a été retenu, sans doute parce qu’un lecteur en a fait la demande). 

Aux Champs libres, si l’on cherche Clair soleil des espritsqui prolonge la traduction des Sonnets, on tombe sur un recueil de chants scouts. Inutile de chercher ma traduction de Roméo et Juliette, qui est aussi le prolongement des Sonnets, bien qu’il y ait aux Champs libres plus de vingt éditions, y compris les pires adaptations, et à la BIU, 2 489 résultats si l’on s’intéresse aux Sonnets de Shakespeare. 

La seule solution pour que nos livres soient présents en bibliothèque est que les lecteurs fassent une demande d’achat et soient prêts à la renouveler… Bon courage !

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Rencontre à l’ADEC 

Demain samedi à 19 heures, rencontre à l’ADEC- Maison du théâtre amateur, à Rennes, ou plus précisément à la Bibliothèque théâtrale Guy Parigot, 16 rue Papu. L’ADEC (Art dramatique-Expression-culture)fait depuis 1970  un travail remarquable, pas seulement à Rennes et dans le département mais dans toute la Bretagne. 

La rencontre fait suite à un travail autour des sonnets de Shakespeare qui se prolongera le lendemain, avec (qui sait) présentation des sonnets à la fin…

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Les fables de Tolstoï

De retour sur son domaine de Iasnaïa Poliana après avoir démissionné de l’armée, Tolstoï a ouvert une école pour alphabétiser les enfants des paysans. Au fil des années, il a écrit des fables, des contes, des récits destinés aux enfants, textes qu’il a rassemblés, à la fin de sa vie, dans ses quatre Livres russes de lecture auxquels il tenait plus qu’à ses autres œuvres, à en croire divers témoignages. 

L’arrière-petit-fils de Tolstoï a demandé au peintre (mais pas que peintre) suédois Jockum Nordström d’illustrer un choix de fables de son grand-père. Je n’avais jamais entendu parler de Jockum Nordström et ç’a été un plaisir de découvrir ses collages, ses aquarelles, ses sculptures de papier, bref, un monde plein de délicatesse et comme pris à l’instant de disparaître. 

Ce sont les illustrations de Jockum Nordström qui ont fait que nous avons aussitôt, André Markowicz et moi, accepté de traduire ces fables de Tolstoï. 

Pour moi, il était particulièrement intéressant de comparer le traitement de la fable par Tolstoï et par Marie de France. Pour Marie de France, comme pour La Fontaine, ce qui importe, c’est la ciselure du vers, l’humour et la morale incisive. Pour Tolstoï, la prose est suffisante et la visée pédagogique toujours présente, même implicite en l’absence de morale finale. Les personnages s’accordent bien avec les petits découpis de Jockum Nordström qui surgissent comme autant d’apparitions. 

Le livre est paru la semaine dernière. 

Il doit être lu à voix haute car les textes se fondent parfois avec la couleur, ce qui peut déconcerter les enfants. Pour en avoir un petit exemple, cherchez le nom des traducteurs en quatrième de couverture… 

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Hommage à Erik Marchand

La disparition d’Erik Marchand qui est mort presque le jour de la Fête des morts, c’est un peu la fin d’un monde pour moi. 

Je me suis soudain souvenue de ce jour d’août dans la cuisine du vieux (pas si vieux) chanteur Manu Kerjean et des paroles de la chanson qui devait ouvrir leur premier fest noz ensemble, « Fransizañ », des paroles si tristes pour un air à faire danser si joyeusement… Le fest noz avait connu un succès mémorable.

Erik avait décidé d’apprendre le breton par la chanson et de s’installer à Rostrenen, quitte à faire le travail qui se présenterait : travailler à la ferme, s’embaucher comme couvreur – j’entends le vieux rival de Manu Kerjean, Lomig Donniou, me dire que la grande crainte des « vrais couvreurs » était qu’il ne s’envole, frêle comme il était. Il était frêle mais tenace et rien ne l’arrêtait, ni les coups de vent ni les ragots ni les bâtons dans les roues.

Il n’y avait là pour nous pas trace de folklore : il s’agissait de retrouver au-delà des chansons et des contes une poésie transmis par voie orale et, plus encore, une manière de vivre, une liberté… J’ai gardé quelques images qui gardent trace de ces recherches : des séances de collectage, une promenade en char à bancs chez le comte d’Orfeuil pour l’interroger sur Armand Robin (qui prolongeait cette recherche par des chemins pas si éloignés). Tout était plein de vie et de promesses. 

© Philippe Riot

C’est finalement pour tenter d’avancer sur l’une des voies que nous avions ouvertes que j’ai, quelques années après, parmi tant de sujets possibles, choisi d’étudier les archives de Luzel et de donner une édition de ses œuvres laissées en déshérence. Jamais je ne m’étais intéressée au mouvement breton ; jamais je n’avais envisagé d’assigner à ces rercherches un but politique, pas plus qu’Erik, je pense. Soudain, quand mon directeur de thèse a exigé que je récrive les carnets de Luzel en orthographe surunifiée, quand il a résilié sa direction de thèse et m’a assignée pour diffamation (simplement parce que j’avais osé dire la vérité sur son rôle), j’ai découvert une sorte de secte vivant de prébendes : l’éminence grise de la secte était mon directeur de thèse, contrôlant l’Institut culturel de Bretagne, le conseil culturel, des maisons d’édition, des associations, et le département de Celtique de l’université de Rennes, tout un réseau vivant autour d’un secret de polichinelle, la collaboration massive du mouvement breton avec les nazis. Ce qui s’est passé alors a été un décillement brutal et un désir de comprendre l’étrange aveuglement dont nous avions été victimes. 

L’un des moments les plus violents  a été celui qui a vu mon avocat me remettre les nouvelles pièces adressées par mon directeur de thèse dans le cadre du procès qu’il m’intentait : Lena Louarn, une militante nationaliste, fille elle-même de militant nationaliste collaborateur des nazis, remettait une attestation de sa nièce Gwennyn, future chanteuse et militante nationaliste, qui dénonçait une camarade coupable d’avoir tenu des propos diffamatoires (« blasphématoires », écrivait-elle) entre deux cours de breton à l’université de Rennes. « La délation, c’est une spécialité du mouvement breton », m’a dit un professeur, ajoutant une cascade d’exemples accablants. La camarade ainsi dénoncée était Nolùen Le Buhé, alors compagne d’Erik. 

Ce que m’a (entre autres) appris cette procédure, c’est la lâcheté des militants bretons, des sympathisants de la cause, des profiteurs potentiels qui grenouillent dans les parages, à l’affût des prébendes : le silence règne. Il va de soi que protester face à ces gens qui détiennent le pouvoir, c’est s’exposer à être mis à l’écart, privé de subventions, victime de campagnes de rumeurs qui peuvent être redoutables… Pis encore : hurler avec les loups peut être un moyen de se mettre bien en cour. J’ai vu un vieil ami, le chanteur Yann-Fañch Kemener, trahir ignominieusement et se laisser décorer du collier de l’hermine par les militants dont il ne connaissait que trop l’itinéraire. 

J’ai adressé à Erik les attestations de Lena et Gwennyn Louarn. Il m’a répondu aussitôt et m’a adressé une attestation qui est un modèle de dignité. Nolùen est devenue une amie. Nous avons pu travailler ensemble, sans que ni l’un ni l’autre ne tienne compte du tort que mon nom seul pouvait leur causer. 

Nous étions bien loin de ce qui nous avait valu de nous rencontrer mais, face au cloaque où je me débattais, il y avait cette lumière, ce simple courage. 

Loin de renvoyer nos espoirs au règne des illusions perdues, c’est le monde que nous avions connu qui m’a donné la force de résister. 

Dans le concert d’éloges au chanteur disparu, je voudrais rappeler ce mince épisode qui a été aussi pour lui le signe qu’il devait s’éloigner et, plus que jamais, entendre les musiques du monde… 

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Au festival VO-VF

Dimanche 5 octobre de 11 h 30 à 12 h 30, j’interviens avec André Markowicz au festival de traduction VO-VF à Gif-sur-Yvette.

Nous parlerons des livres de la dernière saison des éditions Mesures (André, de La Quatrième Prose de Mandelstam, de La Course de Boulgakov et de son recueil de chroniques Un an de guerre ; moi, de Roméo et Juliette et de Clair soleil des esprits qui lui fait écho ainsi qu’aux Sonnets de Shakespeare). Après, nous serons là pour dédicacer nos livres… 

Je me contente de reproduire ici ce qu’écrit André au sujet de cet étonnant événement :

« C’est un festival unique, – unique en cela qu’il est consacré uniquement à la traduction et aux traducteurs. Fondé par deux libraires, Hélène Pourquié et Pierre Morize, qui animent, à Gif, la librairie Liragif. Imaginez, quand même, des milliers de visiteurs, de lecteurs et d’auditeurs avides, année après année, pendant deux jours (ça se passe, en fait, sur trois jours, – le vendredi c’est une soirée autour de l’invité principal), – bref, c’est quelque chose d’extraordinaire aussi quand on voit le dévouement des bénévoles pour gérer cette machine qui est devenue si importante. Vous avez le lien, et les sujets évoqués, et, je vous jure, c’est impressionnant.

Nous, Françoise et moi, tous les ans, nous y avons une heure, dans la même salle, – une heure à laquelle, très volontairement, nous ne donnons pas de titre, parce que, d’année en année, nous faisons le point. C’est cette rencontre, réellement, qui nous permet, à nous-mêmes, de nous retourner sur les livres que nous avons publiés chez Mesures, sur notre travail, et les rencontres, les questions, les signatures sont un moment essentiel de notre année. »

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Rencontre à la librairie Gallimard

Mercredi 16 septembre, nous assurons une rencontre croisée avec Claro sur le thème « Fil de mémoireS » (avec S majuscule). Je parlerai des livres parus cette année aux éditions Mesures mais aussi de la poésie du conte et de L’Amour des trois oranges, livre auquel je tiens particulièrement.

© Jacques Grison

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Rencontre

Les rencontres du Mille-Feuilles ont lieu dans un restaurant, le Trumilou, avec la participation de la librairie La Belle Lurette

Frédéric Fredj, l’organisateur de ces rencontres qui rassemblent deux ou trois auteurs, a choisi de nous inviter ensemble, André et moi. Il est vrai que nous avons des parcours très différents, même s’ils se rejoignent – et, à eux seuls, les cinq livres de la dernière saison des éditions Mesures offrent des domaines bien différents à parcourir. 

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Une expérience passionnante au Conservatoire 

Le jour de l’enregistrement, avec Daredjane Markowicz.

Deux semaines durant les élèves du Conservatoire national d’art dramatique ont entrepris de dire les textes de Buée, le deuxième volume de Sur champ de sableLe but était de les donner à entendre, la question à l’origine de ce stage étant de savoir ce qu’ils pourraient devenir portés par la voix. Nous avions déjà fait des spectacles à partir de certains de ces textes mais il s’agissait de spectacles musicaux (ainsi Avril avec Annie Ebrel) où ils n’avaient qu’un rôle ponctuel. J’avais dit sans réfléchir qu’il serait intéressant de les entendre enregistrés par les élèves du Conservatoire : aussitôt dit, aussitôt fait, André a transformé ce vœu pieux en expérience unique – embarquer les élèves pour un périple d’une heure à l’écart de tous les parages connus, sur des textes qui ne ressemblaient à rien de ce qu’ils avaient lu, dit, appris. 

Si j’étais sceptique au début, et si je me sentais presque coupable d’occuper leur temps, bien vite j’ai été sidérée par leur attention, leur intérêt et je dirais même leur passion car certains d’entre eux, lorsque j’ai participé au stage, avaient appris les textes et les disaient magnifiquement, avec une simplicité et une justesse parfaites. Belle expérience, belle rencontre : il est émouvant de voir avec quelle ouverture d’esprit et quelle sensibilité des jeunes et parfois très jeunes gens se lancent à la découverte de ce qui leur est proposé et avec quel talent ils se l’approprient. Sortir de la poésie et entrer dans la vie… 

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Dernière rencontre à la Scala

Pour clore le cycle De Russie et d’ailleurs à la Scala et pour élargir le cercle des Sonnets de Shakespeare que nous avons donnés à entendre le mois dernier, nous dirons certains des plus beaux poèmes de l’âge d’or de la poésie en France que j’ai réunis cette année pour les éditions Mesures sous le titre de Clair soleil des esprits.… 

Philippe Desportes, Étienne Jodelle, Abraham de Vermeil et tant de poètes oubliés unissant leurs voix pour dire l’amour clair, l’amour noir, l’amour perdu et pourtant triomphant… Ce ne sont pas seulement les poètes français de la fin du XVIe siècle mais Shakespeare, Camoëns, Garcilaso de la Vega qui se répondent comme en écho à Pétrarque, l’initiateur. Autant de poètes qui prêtent un peu de leur lumière à celle de Pouchkine à travers l’espace et le temps…

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Armand Robin et la fausse parole

Cette année, le thème du festival L’Histoire à venir qui se tient à Toulouse du 15 au 18 mai est À l’écoute. Les organisateurs ont donc jugé opportun d’accorder une place au travail d’écoute d’Armand Robin qui, comme on le sait, a passé la majeure partie de sa vie à décrypter les propagandes radiophoniques, et de présenter son essai La Fausse Parole. 

C’est en 1979 que j’ai publié La Fausse Parole (pour les éditions Plein Chant). Le livre a connu un grand nombre d’éditions depuis, dont une réédition aux éditions Le Temps qu’il fait en 2002. Or, je m’en suis rendue compte à l’occasion de cette invitation, c’est la première fois en près d’un demi-siècle que j’ai l’occasion de parler non seulement de ce livre mais de l’expérience d’écoutes d’Armand Robin. 

Au total, à l’exception d’une émission sur France-culture, d’une rencontre à l’IMEC  où j’ai constitué un fonds Armand Robin et d’un montage de poèmes et de photographies qu’un commando de militants nationalistes bretons m’a interdit de présenter , c’est bien simple, rien jamais n’a pu faire pièce à la propagande interminablement déversée au sujet d’Armand Robin. 

Je viens de faire un tour sur Internet : c’est accablant. Comme il l’écrivait à propos des radios soviétiques, « d’incessants déferlements de rumeurs » que chacun sait fausses se déversent jour après jour, effaçant le travail de Robin, le réduisant à une pitoyable figure de poère maudit. 

Publier ses textes, soutenir une thèse d’État, combattre les plagiaires qui exploitaient cette thèse pour la mettre au service de la même figure pitoyable, rassembler quarante ans de recherches en un essai qui fasse le point (Armand Robin ou le mythe du Poète), rien n’aura servi. L’article Wikipedia sur Robin donne pour figures complémentaires Jean-Pierre Duprey, Gérald Neveu, André Frédérique. Au début, je suis restée perplexe : quel rapport entre Robin, Duprey, Neveu et Frédérique, qu’il ne mentionne pas une seule fois dans ses écrits ? Mais voyons, ce sont aussi des Poètes maudits ! Le dictionnaire Maitron, supposé sérieux, n’est qu’un fatras d’inepties – un dictionnaire qui passe sous silence la seule thèse d’État soutenue sur l’auteur… Le cynisme et l’indécence ont été considérablement aggravés par la possibilité pour le premier graphomane venu de diffuser sa prose : en cela, nous rejoignons les observations de Robin sur la fausse parole diffusée à l’infini par les radios. À tirre d’expérience, j’ai demandé à l’IA de me rédiger une thèse sur Armand Robin. En dix minutes, c’était fait. Tout y était : sans avoir lu une seule page de Robin, l’IA m’indiquait tout ce qu’il fallait penser au sujet de son œuvre. Des textes de Robin que j’avais publiés, aucune mention ; de mes recherches, rien ; de l’édition des Fragments, rien ; des écoutes radiophoniques, rien ; l’ultime référence était celle de C. Lombez, l’universitaire dont l’ultime référence est l’essai de ma plagiaire ; seule originalité, et là, totale nouveauté en un domaine qui en comporte si peu, l’IA associait Armand et Régine Robin. Elle en aurait été bien étonnée. 

Aujourd’hui, à 17 h 30, une autre rencontre aura lieu à la librairie Ombres blanches (qui est l’une des meilleures librairies de France), sur un sujet finalement pas si éloigné…

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