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Le lancement de la nouvelle revue poétique Babel heureuse a eu lieu. Et l’on peut y entendre Incandescence, tout en lisant les textes à partir desquels j’avais écrit le spectacle…
Affaire à suivre car je prépare la suite pour l’été prochain.
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Le lancement de la nouvelle revue poétique Babel heureuse a eu lieu. Et l’on peut y entendre Incandescence, tout en lisant les textes à partir desquels j’avais écrit le spectacle…
Affaire à suivre car je prépare la suite pour l’été prochain.
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Une fois de plus, j’interprète le rôle de Tatiana. Cette fois, c’est pour le CD qui vient de paraître aux éditions Thélème ; Daredjan Markowicz, qui connaît pas cœur les six mille cinq cents vers du roman de Pouchkine, dit le texte en russe, et André dit sa traduction en venant s’appuyer sur les sonorités du russe.
C’est une belle expérience, et qui s’inscrit à point nommé dans les polémiques actuelles sur la traduction : reprenant sans fin la même vieille argumentation, des traducteurs que l’on pourrait dire institutionnels assurent que les textes en vers doivent être transposés en prose ou en vers libre (lequel vers libre n’est que de la prose) car respecter la forme du texte original ne serait qu’une singerie contraire au bon goût français. Il suffit d’écouter le CD pour constater que c’est faux.
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Et voilà terminé le colloque que les organisateurs ont eu le courage d’ouvrir « à partir d’Armand Robin », et qui s’est tenu à l’Hôtel de Lauzun, puis à l’université Paris-Diderot (stupéfiant passage des ors de Pimodan aux fumées d’usine sur le ciel de Paris). C’était remarquablement organisé et intéressant parce qu’on assiste désormais à un vrai travail pour sortir de la mystique de la poésie et de traduction (les communications de Valery Kislov, qui a traduit La disparition de Pérec, de Georges-Arthur Goldschmidt et d’Olivier Mannoni, entre autres, avaient le mérite de nous faire entrer dans l’atelier du traducteur). Ce que j’ai essayé de rappeler « à partir d’Armand Robin », c’est que l’opposition entre le Poète et le traducteur, comme entre le génie et le tâcheron, l’artiste et l’artisan, est totalement artificielle, et qu’elle repose sur une absence de prise en compte du travail du texte comme travail de poésie qui induit des conséquences désastreuses (telles que le plagiat, toléré, voire encouragé — ce qui a été à l’origine de cette communication).
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Je reçois le dernier numéro de La Grande oreille, revue à laquelle j’ai donné un article sur Paul Sébillot dans la suite de la petite chronique sur les folkloristes français que je poursuis depuis plusieurs années.
Ce numéro est consacré à la mort, ce qui, hélas, se trouve en accord avec le sujet de cet article car Paul Sébillot fait partie de ces folkloristes dont l’œuvre, laissée en déshérence, est autant dire défunte.
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J’avais entrepris une grande édition de ses contes, comme suite et complément de l’édition des contes de Luzel, mais le projet s’est perdu dans les sables de la rentabilité commerciale.
J’ai quand même pu rassembler une part de sa collecte jusqu’alors ignorée, à savoir ses légendes de fées des rivages dites fées des houles, puis une synthèse de sa collecte de contes, sous le titre Contes de Haute-Bretagne.
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Lorsque le directeur éditorial des éditions Ouest-France m’avait demandé simultanément, pour la collection « Les grandes collectes », un volume de Luzel et un volume de Sébillot, je n’avais pas mesuré l’ampleur de la tâche : il m’avait fallu relire toute la collecte de Luzel, ce qui n’était pas compliqué puisque j’avais tout sur mon ordinateur, mais, en plus, toute la collecte de Sébillot, soit un millier de contes épars. Mais je m’imaginais alors qu’un volume de ce genre, pensé à partir de recherches méthodiques, était ce qu’on appelait alors un « ouvrage de fond », qui pourrait trouver ses lecteurs jusqu’à la fin des temps.
C’était sans compter avec le vertige de la rentabilité et le pillage via les officines nées d’Internet (le conte, particulièrement fragile, est, comme la civilisation paysanne d’où il est issu, mis à mort de manière très simple par surexploitation et mise au service du profit).
Les fées des houles ont disparu, comme les fantômes de Luzel. Restent deux volumes qui ont pu reparaître en collection de poche, la synthèse de la collecte de Luzel et de celle de Sébillot. Pas pour longtemps, sans doute, mais enfin ce sont deux livres qui existent encore.
Ce qui était d’ailleurs extraordinaire était de voir au fil de mes recherches émerger par la collecte de Sébillot et de Luzel l’image de la haute et de la basse Bretagne, si différentes et si complémentaires.
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Salle quasiment pleine pour une conférence sur la traduction à l’UTL de Tréguier ! Craignant que le sujet ne semble un peu ennuyeux, j’avais, il est vrai tardivement, pensé que ce serait l’occasion de le diffuser le film d’Anne-Marie Rocher, André Markowicz, la voix d’un traducteur, film qui avait obtenu en 1999 le prix du meilleur documentaire au Canada. C’était aussi le premier film sur la traduction. Il n’a jamais été diffusé en France, le sujet n’intéressant pas, mais, arrivant à Montréal des années après, nous étions arrêtés dans la rue par des étudiants qui l’avaient vu à l’université. Même chose à Ottawa où nous avons assuré un cours sur Tchekhov, et tous les étudiants connaissaient ce film. Bref, l’un des réalisateurs, notre ami Richard-Max Tremblay, m’ayant adressé une version numérisée du documentaire, je me suis demandée s’il n’était pas possible de le diffuser — encore fallait-il voir si la qualité était suffisante. Et oui.
C’était l’occasion de faire entrer les spectateurs dans l’atelier du traducteur et de prolonger les échanges par des questions sur notre travail actuel. De fait, nous avons pu évoquer notre travail sur Tchekhov et le fait que nous avons revu nos premières versions des pièces au cours des mises en scène successives, les acteurs trouvant parfois en situation ce que nous avions cherché en vain pendant des années. J’ai surtout pu mettre en perspective avec ce travail de traduction, et la prise en compte de la forme du texte, mon long combat en faveur de la poésie dite pour enfants : alors qu’elle disparaît des classes, il est nécessaire de faire comprendre à quel point le sens du rythme, de la forme, du style s’apprend dès l’enfance — ou ne s’apprend plus, et le grand n’importe quoi des traductions, notamment d’auteurs à la métrique aussi stricte que Shakespeare ou au style aussi caractéristique que Synge (pour se borner à deux exemples que j’ai pu connaître) résulte d’une indifférence à la matérialité du texte, laquelle résulte elle-même en fin de compte d’une indifférence à la poésie.
Il était assez émouvant pour nous de revoir ce film, en nous rendant compte qu’il y avait un avant et un après la parution du Monde comme si (donc, en 2002) qui a fait en quelque sorte de nous des auteurs maudits en Bretagne. À quel point ce film était encore joyeux et plein d’espoir, c’est ce dont nous ne nous rendions pas compte — ni à quel point le nationalisme a pesé de tout son poids sur notre travail et créé tout autour une sorte de glacis. Signe des temps : une classe de terminale spécialisée dans l’étude de l’anglais assistait à cette rencontre ; si les élèves n’ont posé aucune question, en revanche, leur professeur est intervenu pour faire observer qu’elle vivait depuis quarante ans en Bretagne et n’avait jamais vu un nationaliste.
Rien que pour cette remarque, cette conférence était intéressante. Un drapeau nationaliste, créé par un druide raciste pour un parti nationaliste, flotte partout mais on ne le voit pas. Patrick Le Lay se proclame nationaliste breton mais on ne le voit pas. Les productions nationalistes inondent les magasins sous le label Produit en Bretagne mais on ne les voit pas. Lena Louarn, militante nationaliste de la première heure, et fille de militant nationaliste, est à la tête du conseil régional mais on ne la voit pas. Telle est bien la situation : le monde comme si du nationalisme règne invisible, et omniprésent parce que fondu dans le paysage. Il n’a même plus besoin d’avancer masqué : il est là, il est nous, il va de soi et il impose sa loi.
Par chance, et l’UTL de Tréguier le montre, il existe encore des zones de liberté, où il est possible de s’exprimer sans voir surgir des commandos de militants avec panneaux (là, il était tout de même difficile de ne pas voir les nationalistes). J’avais déjà été invitée en 2012 par cette UTL pour parler de Miliciens contre maquisards — conférence qui avait été suivie d’un débat passionnant (il y avait plus de 300 personnes, certaines d’entre elles n’avaient pas trouvé de place assise). Depuis, m’a dit Jean Glasser, dont la présentation était parfaite, l’UTL a encore augmenté et compte près de 500 membres. Le thème de l’année était RELIER (Réseaux, Entrelacs, Liens, Itinéraires, Echanges) et la conférence sur la traduction y trouvait naturellement sa place.
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Je précise que le journaliste du Télégramme s’est déplacé mais a finalement préféré ne pas rendre compte de l’événement, tandis que le journaliste d’Ouest-France produisait un article remarquablement perfide (puisque l’information essentielle était, selon lui, que les élèves « n’avaient pas animé les échanges avec les deux conférenciers », et ce alors même que nous n’avions pas donné de conférence et que, s’étant dispensé d’assister à la projection du film et au débat, il n’était pas vraiment à même d’en juger). Leur professeur étant intervenu sur un mode critique, les lycéens se trouvaient, de toute façon, réduits au silence, sauf à avoir un motif précis d’intervenir, et, vu le contexte, contre leurs enseignants, à leurs risques et périls. Le sujet ne s’y prêtait pas.
article OF conférence Traduction 16 mars 2016 UTL
Ce n’est là qu’une notule destinée à compléter la page Censure de ce site.
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À ma grande surprise, après avoir lu la page que j’ai consacrée à l’hommage rendu à ma plagiaire par une universitaire invitée au colloque sur la traduction de poésie qui doit se tenir le 20 mars à l’université Paris VII, les organisateurs du colloque ont décidé qu’il n’était plus possible de l’inviter.
Une décision courageuse, exceptionnellement courageuse par les temps qui courent, et qui m’amène à penser qu’une vraie prise de conscience est en train de se faire jour : le plagiat ne peut plus être considéré comme un problème secondaire et finalement comme une activité louable.
Je dois, en contrepartie, faire le point sur l’expérience d’Armand Robin et la « non traduction » — expérience qui a, naturellement, sa juste place dans un colloque intitulé (d’après Walter Benjamin) « La tâche poétique du traducteur ».
Signe peut-être que les temps changent…
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J’ai découvert par hasard qu’un colloque devait avoir lieu le 20 mars à l’université de Paris VII et que ce colloque était ouvert par une universitaire du nom de Christine Lombez qui venait de publier aux éditions Les Belles Lettres un essai sidérant intitulé La Seconde Profondeur. J’écris sidérant pour rester polie car, en vérité, cette universitaire a rédigé un chapitre sur Armand Robin qui est en sa totalité un hommage à sa collègue que j’ai fait condamner pour plagiat voilà déjà deux ans. Et c’est elle qui est chargée de rédiger l’article sur Robin traducteur dans l’histoire de la traduction dirigée par Jean-Yves Masson…
Anne-Marie Lilti, maître de conférences à l’université de Cergy-Pontoise, avait publié une biographie d’Armand Robin qui plagiait mes recherches pour les mettre au service des lieux communs que j’avais combattus, non sans peine, en essayant de publier les textes d’Armand Robin et en allant même jusqu’à soutenir une thèse de doctorat d’Etat, et avec Robert Gallimard dans mon jury pour attester que les textes d’Armand Robin avaient bien été volés, restitués grâce à mon obstination et qu’il était apparu qu’il y avait dans le fonds restitué un livre intitulé Fragments par Robin…
Ma plagiaire a été condamnée en justice, assez lourdement pour que je puisse espérer que cet exemple appelle à réflexion — mais non : admise comme référence, condamnée ou pas, la biographie d’Armand Robin sert à faire de lui la caution d’une entreprise de soumission de la traduction à des lieux communs théologiques qui invitent à définir la traduction comme recherche mystique d’une origine à chercher dans la Voix qui parle par la Poésie.
Aucune Voix ne parle par la poésie ou par autre chose, Armand Robin se prête à toutes les falsifications, je ne le sais que trop, et j’ai donc décidé, lisant l’intitulé de ce colloque, de mettre en ligne un article qui fasse le point d’une expérience d’édition qui, selon moi, devait ouvrir des voies nouvelles et qui n’a mené qu’à cette trahison.
Mais cette trahison est ce qui, à présent, permettrait de mettre au jour les points de résistance. J’ai donc trouvé salubre de mettre ce texte en ligne comme j’ai trouvé salubre, après avoir déjà perdu tant de temps à éditer Robin, d’assigner ma plagiaire et la faire condamner.
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Après Un trou, c’est pour creuser, qui n’était déjà pas simple à traduire, voici Ouvrir la porte aux papillons, suite de l’association de Ruth Krauss et Maurice Sendak, toujours aussi drôle par l’évidence des définitions données par les enfants, et encore plus redoutable à traduire.
Cette fois-ci, Ruth Krauss a demandé aux enfants ce qui leur semble non seulement utile mais louable.
Parfois, la chose va de soi…
Mais généralement, ça se complique…
Un petit mot-valise par ci…
Un double sens par là…
Et, bien sûr, pour ouvrir le volume, l’intraduisible…
J’ai contourné l’obstacle comme j’ai pu mais une fois, une seule, j’ai été vraiment contente de ma traduction.
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Pas de quoi pavoiser : ce qui caractérise la traduction, c’est que, quand elle est bonne, elle est invisible. Et, en plus, si je regarde le dessin, je me rends compte que j’aurais dû mettre la phrase à l’envers pour des raisons graphiques…
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Bref, c’était un vrai casse-tête — mais c’est un petit trésor de Sendak.
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Je poursuis ma traduction des œuvres de Maurice Sendak inconnues en France (et pas forcément faciles à trouver ailleurs). Cette fois-ci, c’est Funambule, un album écrit par Jack, le frère de Maurice. Ce qui rend intéressante cette œuvre à deux mains, c’est la transposition du monde angoissant de l’enfance et la manière de faire passer l’angoisse par le glissement d’un monde à l’autre comme une expérience destinée à l’apprivoiser (le livre est construit sur l’alternance des pages d’un rose ou d’un vert éteint, selon que l’on glisse vers l’angoisse ou hors de l’angoisse). C’est pour cette raison que j’ai traduit le titre (Circus Girl) par Funambule. Il ne manquera pas d’universitaires pour me faire observer que j’aurais dû traduire Circus Girl par La Fille du cirque mais ça faisait perdre toute sa poésie au texte, et d’ailleurs l’héroïne passe l’essentiel de son temps à marcher sur un fil…
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Je reçois la brochure des chantiers nomades. Cette fois, plus à reculer, c’est annoncé : nous travaillons sur les textes de Sur champ de sable, un livre que j’écris depuis longtemps.
« Comment des comédiens peuvent-ils s’emparer de ce matériau pour le faire leur ? Comment peuvent-ils le dire ? Le théâtre peut-il être une autre manière de sortir de la poésie pour lui donner une vie neuve ? »
Questions…