Le monde comme si (suite) : Cornette et le drapeau

En Bretagne, il suffit de mentionner Le Monde comme si pour provoquer des vapeurs sulfureuses et si, à la fin d’un repas de famille, certains s’effondrent dans les assiettes tandis que d’autres s’accrochent au lustre, c’est bien simple, « ils en ont parlé »…

Je suis devenue par inadvertance l’auteur d’un livre que tout le monde connaît mais que personne n’a lu — sauf à passer pour un jacobin antibreton, et ceux qui le pourfendent commencent par assurer, la main sur le cœur, qu’ils ne l’ont pas ouvert.

 Personnellement, je pense n’avoir dit que la vérité dans le but louable d’être utile.

Poursuivant dans cette direction, je viens de consacrer mon dimanche à une étude du l’utilisation faite de mes recherches par un éminent professeur, autorité suprême dans le domaine de l’histoire de la Bretagne (et des Bretons). C’est un travail très ennuyeux mais, je pense, nécessaire, et le résultat, quoique redoutablement ennuyeux lui-même, mérite d’être lu. Je l’ai intitulé « Le copier-coller comme arme politique ».J’aurais pu le mettre en ligne dans la rubrique « Réécriture de l’histoire » ou dans la rubrique « Chroniques de l’anticoucou », mais je l’ai placé dans la rubrique « Travaux » comme complément de l’entretien sur Le Monde comme si que j’ai lui-même complété par un article édifiant. Et je note au passage que j’ai intitulé cette rubrique « Travaux » en la plaçant sous le signe étymologique du tripalium.

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Avant même d’avoir écrit Le Monde comme si, j’avais publié un mince article intitulé « Blanche hermine, noir drapeau » qui avait eu pour effet de fédérer contre moi tout ce que la Bretagne compte de militants — et surtout (je m’en suis étonnée à l’époque, dans ma candeur) de militants de gauche car ces bons démocrates n’ont de cesse de défendre leurs grands hommes, fussent-ils antisémites, comme Morvan Marchal, l’inventeur du drapeau national breton dit « gwenn ha du » : le militant breton, même libertaire, vit pour son drapeau. La parution de cet article avait été suivie d’un débat qui devait rester unique (pas seulement unique en son genre, tout à fait unique sur le sujet). Je l’ai mis en ligne sous le titre « Le crime contre le drapeau ». Il éclaire bien l’idéologie du mouvement breton.

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La maison de Matriona

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L’un de nos grands chagrins, à André Markowicz et à moi, a été de perdre Ivan Kouznetsov, extraordinaire metteur en scène et homme vrai dans l’amitié comme en tout — il en est mort… et c’est avec beaucoup de peine que nous sommes allés voir la dernière représentation de Châtaigne dont il avait fait l’adaptation d’après notre traduction pour Vera qui jouait le rôle de Kachtanka… Nous étions très tristes lorsque, tout en devisant avec les amis retrouvés là au hasard, nous avons été abordés par une jeune metteuse en scène, Alicya Karsenty, qui voulait avoir une nouvelle traduction de La Maison de Matriona de Soljenitsyne.

Je me demande encore pourquoi André Markowicz, qui avait écrit (avec Jean-Jacques Marie) le seul article critique au sujet de Soljenitsyne, devenu l’incarnation du nationalisme russe xénophobe et antisémite, a accepté. Il pensait que les éditions Fayard, qui possèdent les droits, n’autoriseraient aucune retraduction… Mais Alicya, chose incroyable, après avoir obtenu l’accord potentiel du retraducteur, avait obtenu l’autorisation supposée impossible de l’éditeur. Et le retraducteur s’était mis au travail en poussant des soupirs car comment un tel écrivain a-t-il pu devenir et comment puis-je et comment pourrais-je ?…

Pour ma part, j’avais toujours pensé que Soljenitsyne était un écrivain courageux mais ennuyeux, rendu mondialement célèbre pour des raisons politiques, et desservi en France par les nouveaux philosophes et autres avatars d’une révolte qui avait été détournée comme avait pu l’être celle qu’il avait exprimée à l’origine. J’avais aimé Une Journée dans la vie d’Ivan Dennissovitch et La Maison de Matriona mais détesté Le Pavillon des cancéreux et vu dans la plupart de ses textes l’ombre portée du nationalisme qui allait l’amener aux pires positions réactionnaires. Et pourtant, traduisant Matriona, André disait, l’air éberlué, que Soljenitsyne était un grand écrivain…

Nous en étions là lorsque la traduction m’a été donnée à relire avant d’être remise à la date prévue, début juillet. Je pensais n’avoir qu’à noter des coquilles, des fautes de style, de minces erreurs, pas grand-chose. Il ne m’a pas fallu longtemps pour m’en apercevoir, c’était une traduction tout à fait manquée. Généralement, les premières pages de ses traductions de prose (ce n’est pas du tout le cas pour la poésie)  sont mauvaises, puis le style se trouve et soudain, tout prend sa vitalité. Il suffit de retraduire le début… mais, là, non. Tout était bizarrement faux. Faux en regard de quoi ? J’ai regardé la traduction de Léon Robel, qui m’a semblé bien meilleure. Elle me semblait même très correcte et je me suis demandé pourquoi il fallait la refaire.

Voilà, par exemple, pas tout à fait pris au hasard mais presque, un petit passage du début — le narrateur, un professeur de mathématiques, qui rentre de relégation, arrive à Torfprodoukt où il doit trouver à se loger.

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« Je n’arrivais pas à trouver le sommeil sur le banc de la gare et je revins dès l’aube traîner dans la cité. J’y découvrris à présent un marché minuscule. Une seule et unique femme, vu l’heure matinale, s’y tenait qui vendait du lait. J’en pris une bouteille et la bus aussitôt.

Son parler ma frappa. Elle ne causait pas, elle chantonnait à vous faire fondre l’âme et les mots qu’elle disait étaient ceux-là même dont la nostalgie m’avait tiré d’Asie.

— Bois, bois, si le cœur t’en dit. Tu n’es point d’ici à croire ?

— Et vous-même, d’où venez-vous ? fis-je, tout réjoui. »

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C’était clair et précis – je n’y voyais pas de problème. J’ai donc proposé une solution simple : ne pas retraduire le texte. Mais, rien à faire, Alicya Karsenty ne voulait pas cette traduction, elle avait fait des pieds et des mains pour obtenir l’autorisation de l’éditeur et elle tenait à donner une version neuve du texte pour son spectacle. Trop tard pour la décevoir.

Il ne restait plus qu’à nous associer en adoptant la méthode Tchekhov inversée, à savoir qu’au lieu d’interroger le texte à partir d’un mot à mot laissant toute place aux investigations, je partais d’un texte établi pour remonter à la source et il nous fallait trouver des solutions comme on élucide un mystère… et il y en avait, des mystères à élucider… C’est la curiosité qui m’a fait prendre en charge ce labeur inattendu et c’est le plaisir de l’expérience nouvelle qui a fait qu’André s’est lancé avec enthousiasme et reconnaissance dans la démolition totale de son texte. Il resterait à savoir pourquoi cette traduction était manquée (ce dont il était tout à fait conscient). Le texte était traduit distraitement, facilement, comme de loin. La voix du narrateur ne s’entendait pas ou plutôt s’entendait, elle aussi, comme de loin.

Comme Léon Robel, André avait adopté le passé simple pour la narration. Or, le texte se présente comme un témoignage et il était clair (à mes yeux tout au moins) que le choix du passé simple était une erreur. J’ai donc commencé par remplacer les passés simples par des passés composés, ce qui a changé la tonalité générale et a commencé à faire surgir le personnage, avec sa simplicité faite pour s’accorder à celle de Matriona.

Ensuite, tout a bougé par grandes masses : la restitution du parler de cette vieille paysanne, celui des villageois, ne devait pas faire néorural ; le narrateur disait lui-même qu’il en était charmé au point de se sentir le cœur comme  éclairé. Matriona me faisait penser à ma grand-tante qui n’avait pas même pu aller un jour à l’école tant sa famille était pauvre, et se traduisait du breton dans une langue merveilleuse (que j’ai transposée en traduisant le théâtre de Synge). Il n’était pas question d’employer une langue duelle comme la sienne mais de trouver un décalage juste. Et, là, de fait, j’ai compris pourquoi la traduction de Léon Robel ne convenait pas pour une mise en scène. Les hommes du peuple étaient comme engoncés dans un parler juste un peu distancié et patoisant. Une fois mis au passé composé, le petit passage qui donne la parole à la marchande de lait donne ça (puisqu’il faut donner un exemple pour éclairer l’expérience) :

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« J’ai dormi sans dormir sur le banc de la gare, et, dès l’aube, j’ai repris mes errances à travers le bourg. C’est alors que j’ai découvert un minuscule petit marché. Vu l’heure, il n’y avait là qu’une seule femme, qui vendait du lait. Je lui en ai pris une bouteille, je me suis mis à boire devant elle.

      Sa façon de parler m’a sidéré. Elle ne parlait pas, elle chantait, d’une voix émouvante, et, les expressions qu’elle employait, c’étaient celles-là même dont, en Asie, j’avais la nostalgie.

      — Bois, mignon, bois tout ton content. Tu viens pas d’à côté, je me dis.

      — Et vous, d’où êtes-vous ? ai-je demandé, tout éclairé de joie. »

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Dès lors que le metteur en scène veut travailler sur la voix, il est certain que les voix des personnages enchâssées dans un récit lui-même très proche du style oral doivent être rendues sensibles. C’est à partir des phrases de Matriona que j’ai commencé à la voir, pas seulement à l’entendre, et que le récit a commencé à prendre vie — un très beau récit, que nous avons repris ligne à ligne avec une sorte de passion pour comprendre ce qui était décrit : une poussière de détails et de questions à poser à Daredjane Markowicz, la mère d’André, source encyclopédique inépuisable, qui s’est lancée dans des recherches (ou plutôt les a reprises, car elle avait déjà relu et corrigé la traduction en pensant, elle aussi, qu’elle était mauvaise) sur la production de tourbe, les expressions populaires, les chemins de fer et surtout la construction des isbas…

Or, pour finir, alors que nous avions cherché pendant des semaines comment se présentait cette isba qui n’est pas le moindre personnage du récit, nous avons trouvé une photo montrant l’isba de Matriona, plus un portrait de Matriona elle-même.

Et, à ma grande stupeur, en ouvrant un vieux fichier, j’ai découvert que j’avais reproduit, je ne sais quand, une petite photo de ma grand-tante, avec son mari, Iwan Rolland, et mon grand-père, son frère, que je n’ai pas connu et dont c’est, en fait, le seul portrait. Je n’avais aucun souvenir d’avoir même vu cette photo et j’ai eu l’impression d’avoir été amenée, bien contre mon gré dans un premier temps, à traduire La Maison de Matriona pour retrouver ces visages.

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L’isba présentée comme l’isba de Matriona (ce qui est bizarre est que l’aile démolie apparaît sur la photo) a été brûlée en 2010 — et cet incendie criminel dont les auteurs n’ont pas été retrouvés est un peu la suite du récit…

 Et voici le portrait de Matriona.

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Et, pour finir, le spectacle a eu lieu…

… nous avons demandé à l’éditeur quand notre traduction serait publiée et nous n’avons jamais reçu de réponse.

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Alphabet galopin

Les éditions MeMo m’ont demandé d’écrire le texte du Gay ABC de Françoise, une illustratrice que, je l’avoue, je ne connaissais pas, et dont j’ai aussitôt aimé les images.

J’avais déjà écrit des alphabets — une de mes vieilles passions —, et traduit quelques alphabets d’Edward Lear (toujours inédits, avis aux éditeurs). Là, je suis partie des personnages pour écrire des petits poèmes formant ce qui est devenu l’Alphabet galopin de Françoise et Françoise.

Françoise Seignobosc (Lodève, 1896 – Paris, 1961), dite Françoise, est une illustratrice qui a rapidement fait carrière aux États-Unis et qui a peint avec des couleurs douces des livres surtout destinés aux enfants très jeunes : les images parlent comme autant de petites énigmes, attirantes et rassurantes.

Ah, j’oubliais : le livre va paraître en septembre.

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Garzonval

Cette année, je n’ai pas pu assister à la cérémonie du souvenir à Garzonval où sept jeunes gens ont été assassinés le 16 juillet 1944 par les miliciens du Bezen Perrot assistant les nazis — c’est l’événement central de Miliciens contre maquisards et c’est aussi cet événement qui a conduit la mairie de Plougonver à publier l’an passé un recueil de témoignages, Garzonval en mémoire, cependant que Charlotte Perry réalisait sur France-Inter trois émissions exceptionnelles (la première, diffusée le samedi 30 août 2014, la deuxième, diffusée le samedi 20 septembre, et la troisième diffusée le samedi 27 septembre). Il est encore possible de les écouter en ligne.

Voilà deux ans, cette commémoration avait déchaîné la fureur des nationalistes bretons de Breiz Atao  : l’article insultant avait produit un effet de stupeur sur les personnes qui jusqu’alors pensaient que le fascisme avait été éradiqué en Bretagne. Non, et les tortionnaires nazis trouvent à présent des défenseurs (le site Breiz Atao a fait l’apologie du sinistre Léon Jasson, brute sanguinaire et chef du Bezen Perrot).

Breiz Atao ne s’était pas contenté d’injurier grossièrement les personnes qui participaient   à  la cérémonie de Plougonver mais aussi, avec le même mélange d’incohérence et de vulgarité, celles qui s’étaient rassemblées, comme chaque année, à Plouëc-du-Trieux, une autre commune du Trégor.

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Le maire est décidé à porter plainte. Une plainte bien tardive pour quel résultat ? Condamné à maintes reprises, et notamment, pour finir, après des années de poursuites judiciaires, à quelques mois de prison ferme, le responsable du site Breiz Atao continue de déverser ses propos racistes au nom de la « nation bretonne » : son site Le projet juif a été fermé, Breiz Atao lui a succédé. En toute impunité.

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Les mistoufles (2) chansons douces

L’an passé, commençait une expérience extraordinaire : faire entrer la poésie à l’école de la manière la plus simple et la moins attendue… En associant le travail de sa compagnie à une école de la ville où elle allait donner un spectacle, David Gauchard ouvrait le théâtre à la poésie, la poésie à l’école, et l’école au théâtre et à la poésie, et ce en donnant voix aux enfants : il s’agissait de proposer quelques poèmes à une classe, de les donner à apprendre et de les mettre en musique pour réaliser un disque.

J’avais remis une douzaine de livres de poèmes inédits à Emmanuelle Hiron et Laetitia Sheriff, qui devaient prendre en charge concrètement le travail avec la première classe, à Villefranche-sur-Saône, et elles avaient choisi Les mistoufles — un livre sur les bêtises que font les enfants, et leurs conséquences… Du coup, toute la série s’est inscrite sous le signe des mistoufles.

L’an passé, j’ai déjà parlé du volume 1 (Petits soucis)…

 

et dont le tirage est épuisé…

mais qui se trouve toujours en ligne

sur le site de la compagnie

L’Unijambiste

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Voici le volume 2 (Chansons douces) réalisé avec une classe de CE1-CE2 d’une école de Compiègne.

L’école Charles Faroux se trouve dans une cité bucoliquement baptisée Le Clos des roses car autrefois le quartier se signalait par de somptueuses haies de rosiers. À dire vrai, le 23 avril, au moment où les enfants m’écrivaient une lettre collective très touchante après avoir enregistré les sept chansons du disque…

…le Clos des roses occupait l’actualité pour tout autre chose que les roses et les chansons douces. Et les enfants se sont pris de passion pour la poésie…

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Et le disque réalisé avec Arm, Emmanuelle Hiron et Robert le Magnifique est un chef d’œuvre. On peut l’écouter sur le site de la compagnie.

 Il est très émouvant de penser que des enfants de huit ans ont pu s’approprier des poèmes qui n’étaient pas plus pour enfants que pour grandes personnes et qui, comme « Les gnomes », étaient parfois complexes. Mais ils ont une telle compréhension des textes — qu’ils savent tous par cœur et disent en chœur à la sortie de l’école, si j’en crois un petit film (IMG_2099) que j’ai eu l’impression de les découvrir à neuf.

Et voilà la présentation du CD au théâtre avec les enfants…

Une expérience extraordinaire, on peut le dire…

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Ethnorégionalisme et ultralibéralisme

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« Ethnorégionalisme et ultralibéralisme : la Bretagne pour laboratoire », tel était le sujet de la conférence qui m’était demandée le 29 mai.

Elle a été suivie d’un débat avec la salle, puis, le lendemain, d’un débat avec d’autres invités, dont Éric Fraj, professeur et chanteur de langue d’oc, au cours des « journées iconoclastes » organisées par la CNT à Toulouse. Le débat était très intéressant et il est  intéressant de noter que le débat impossible en Bretagne peut avoir lieu en des endroits où se rencontrent des situations à divers égards assez semblables.

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L’OCCITAN, LE BRETON ET LES EXPERTS

QUI SAVENT CE QU’IL FAUT DIRE

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Lisant le livre d’Éric Fraj, Quel occitan pour demain ? j’ai découvert quantité d’observations qui vaudraient aussi pour le breton.

 « Quel bénéfice de récupération sociale peut-on espérer du fait d’enseigner une langue artificielle en vase clos ? Et qu’est-ce qui est finalement visé : l’instauration d’un idiome propre à quelques happy few (fussent-ils quelques milliers), l’établissement arbitraire d’une novlangue de l’entre-soi occitaniste, ou la revivification d’une langue historique et populaire, mal en point, certes, mais encore réellement existante ? »

En Bretagne, la question ne se pose plus : sous la direction de Lena Louarn et de l’Office de la langue bretonne, le ministère de la novlangue impose sa loi. Et les militants de s’en féliciter. L’un d’eux me disait qu’on parlerait enfin un bon breton quand le dernier paysan bretonnant aurait disparu. Il faut lire Roparz Hemon pour comprendre de quoi il retourne.

 « Mes pérégrinations de chanteur et de professeur de langue d’oc m’ont mené en mains lieux d’enseignement de notre langue : j’ai souvent pu y constater que je ne comprenais rien, ou peu, aux questions de certains élèves tellement la prononciation était défaillante ; que l’enseignant ne reprenait pas les erreurs pour les rectifier ; que le professeur lui-même — pourtant titulaire d’un CAPES d’occitan — ne maîtrisait pas vraiment la langue, au point de faire des fautes d’accord grossières, basiques… »

En Bretagne, on forme en six mois des instituteurs pour enseigner le breton surunifié, prononcé avec l’accent français, à la mode de Roparz Hemon.

 « L’avènement de cet occitan “hors sol”, coupé du substrat populaire, correspond à la montée en puissance d’un imaginaire sociopolitique bien déterminé » — politisation du combat pour l’occitan, instrumentalisation de la langue qui en fait un repoussoir, fétichisme de la langue à ramener à sa pureté ancestrale supposée en éliminant les mots occitans d’origine française considérés « comme une tache à effacer ».

Exactement ce qui s’est passé quand Denez a voulu me faire récrire les carnets de Luzel en breton surunifié et les a publiés en les nettoyant des mots français… exactement la même visée politique qui entend éliminer le provençal au profit de l’occitan surunifié… visée politique portée par la Charte des langues régionales et minoritaires…

 Or, ô surprise, ce livre est préfacé par le professeur Cavaillé qui m’avait attaquée avec une telle violence lorsque j’avais publié sur Médiapart un article contre la Charte des langues régionales qu’il m’avait contrainte à exercer mon droit de réponse. Et voilà ce qui chagrine le professeur Cavaillé : « La chose la plus insupportable est d’entendre des gens qui, plutôt que d’essayer de comprendre les positions des uns et des autres et de convaincre avec des arguments probants, traitent les autres d’ignorants, leur enjoignent de se taire et de laisser faire les spécialistes, les experts qui, eux, savent ce qu’il faut faire et ce qu’il faut dire ». Que ne met-il ses préceptes en application ! Ignorant tout des origines de la Charte, ce professeur, contraint pourtant de reconnaître les faits que j’exposais, les effaçait sous un exposé pontifiant…

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LA CHARTE, MAIS OUI, ENCORE ELLE !

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Ce débat est soudain redevenu d’une brûlante actualité puisque, dans le même temps, le président de la République adressait à Jean-Jacques Urvoas, président de la Commission des Lois, un courrier annonçant qu’il avait l’intention de convoquer le Congrès pour faire réviser la Constitution en vue de ratifier la Charte des langues régionales.

 En mars 2013, il avait annoncé qu’il n’était plus question de ratifier la Charte.

Jean-Jacques Urvoas, tout acquis à la cause de l’ethnisme et partisan d’une autonomie de la Bretagne (« réunification », aéroport international à Notre-Dame-des-Landes et élection d’une Assemblée de Bretagne), avait alors décidé d’obtenir coûte que coûte la ratification… Mais, assurait-il, pas question qu’il y ait deux révisions de la Constitution pendant le quinquennat (Ouest-France, 30 mars 2013).

Exit le problème de la Charte, avec ses faux débats, ses déferlements de propagande victimaire, ses relents ethnistes…

Or, voilà qu’en juin 2013, le lobby patronal breton fédéré par l’Institut de Locarn décide de ne pas payer l’écotaxe : destructions de portiques écotaxe, manifestations organisées par le lobby autonomiste en jonction avec le lobby patronal et transformées en manifestations identitaires avec bonnets rouges en acrylique et drapeaux noirs et blancs… Conclusion de cette pseudo-révolte des Bonnets rouges : le Premier ministre accourt et promet un Pacte d’avenir pour la Bretagne, étrange prime à l’incivisme clôturant des actions qui, au total, auront coûté un milliard d’euros à l’État.

Le Conseil culturel de Bretagne fait ajouter un volet « culturel » au Pacte d’avenir et demande, en plus de la délégation de la Culture à la Bretagne (vieille revendication des autonomistes)… la ratification de la Charte.

 C’est donc pour obéir au diktat du patronat ultralibéral le moins soucieux de démocratie que la ratification a été remise à l’ordre du jour : en  2014, alors que le pays s’enfonce dans le chômage, les députés s’affrontent jour après jour sur le problème d’un texte qui n’est pas compatible avec la Constitution… Le 28 janvier 2014, conclusion d’un non-problème qui aura encore contribué à cliver le pays, est adopté un projet d’article 53-3 à ajouter à la Constitution…

 Cet article ne fait que déchaîner la vindicte des artisans de la Charte puisqu’il vise à contourner son dispositif : elle entend imposer les langues régionales et minoritaires (le linguiste mandaté par Lionel Jospin en a identifié 75 en France !) au même titre que le français dans la sphère publique  — et ce en tant que langues parlées par des groupes ethniques opprimés. Voilà bien ce que demandent les militants bretons et autres.

 Ce 1er juin, le président de la République décide de rassembler le Congrès pour modifier la Constitution et faire ratifier la Charte… Coût à prévoir : un million d’euros.

Même si la propagande pour la Charte bat son plein, comme d’habitude, une curieuse indignation, toute nouvelle, selon moi (qui ai dû travailler sur le problème de la Charte depuis une dizaine d’années) se fait jour. Au moment où les classes dites bilangues sont supprimées, où l’enseignement du latin et du grec est réduit à néant et où l’enseignement des langues vivantes autres que l’anglais est sinistré, le problème n’est plus perçu de la même manière.

 Le Figaro, pourtant tout acquis au régionalisme et au lobby breton, organise un sondage et doit bien vite y mettre un terme. Question posée : « Êtes-vous favorable à l’enseignement des langues régionales à l’école ? » Naguère encore, les lecteurs se seraient prononcés à une immense majorité en faveur de l’enseignement des langues régionales… Là,  sur 32 530 participants, 62 % sont contre, 38% pour — et ce genre de sondage mobilise pourtant des groupes militants organisés en réseaux appelant leurs membres à voter en masse…

L’enseignement des langues régionales — comment, pour qui et pourquoi ? — n’a pas grand-chose à voir avec la Charte, qui vise à l’instauration d’une Europe des ethnies, mais, par suite de l’incurie des élus et de la soumission des médias, les langues dites minorisées deviennent le vecteur de l’idéologie qui a présidé à la rédaction de la Charte, parmi tout un arsenal de textes rédigés dans le même esprit.

 C’est bien pourquoi le débat est faussé et rendu impossible en Bretagne.

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La gwerz

Et dire que j’ai oublié d’annoncer l’émission sur la gwerz (autrement dit, la ballade, le genre majeur de la chanson en breton) qui a été diffusée aujourd’hui sur France-Inter

Une émission enregistrée cet été par Charlotte Perry, entre deux émissions sur la Résistance, et qui prend une présence étrange quand on comprend soudain que, pour la première fois, elle rend compte d’abord de l’immense protestation que portent ces chansons trahies par le Barzaz Breiz (j’ai déjà évoqué le cas ici à propos de Marie de France).

 Je n’avais pas du tout mesuré la force de ces chansons et l’ampleur de cette trahison ; j’avais juste trouvé merveilleux de pouvoir parler hors de toute censure d’un genre dont j’avais bien tardivement vu émerger les thèmes profonds et, premier entre tous, ce grand thème des femmes rebelles ou plus précisément de la grande injustice faire aux femmes.

La gwerz d’Anna Le Gardien que j’ai trouvée dans la collecte du père d’Anatole Le Braz, et que j’ai traduite par passion pour le répertoire des mendiantes de haute Cornouaille m’est revenue là comme non pas intacte mais magnifiée — une pure splendeur rendue à sa source par Annie Ebrel qui a trouvé une mélodie cornouaillaise mélancolique pour cette chanson de rébellion. Le plus beau est peut-être que cette émission ait été enregistrée dans l’église de Loc-Envel, où les figures des sablières répondent si merveilleusement aux paroles des longs récits chantés que je ne sais pas toujours distinguer qui vient d’un rêve, d’un lai, d’une gwerz ou d’une simple image où je retrouve un ami perdu.

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.Ce qui est surtout extraordinaire dans cette émission, c’est la présence du lieu, l’énigme de cette présence, et la manière incisive d’en finir avec le romantisme pour ouvrir la gwerz au présent : une énigme — une fois mis à part les oripeaux mystico-folkloriques dont on l’affuble — appelant à une recherche nouvelle, une forme de vie…

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Quand nous avons composé le recueil qui a fini par s’appeler Anciennes complaintes de Bretagne, j’ai cherché quelles images pouvaient illustrer ces chansons et j’ai été sidérée de voir les personnages surgir des images des chapelles…

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Ici, l’émission semble naître des personnages de l’église qui sont devenus pour moi comme des amis, perdus et retrouvés. Entre tous, le petit personnage au ventre bleu qui tient ses genoux dans ses mains et pense à la marche du monde sous son chapeau doré…

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NB : Cet article m’a valu un commentaire auquel j’ai répondu à la fin de la page consacrée à la fausse gwerz écrite par La Villemarqué à partir du « Lai du rossignol » de Marie de France.

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Tiens, mais c’est que mon article se trouve être d’une actualité frémissante : le bicentenaire de la naissance de La Villemarqué ! Surtout, ne manquez pas de regarder le film où, entre deux chants appelant à la liberté de la Bretagne, on nous expose que le vicomte de La Villemarqué (père du nationalisme breton) a transformé la révolte des paysans contre « les seigneurs » en révolte contre « les Français ». Nous n’avons pas fini de jouir des hommages au Grand Lama de la ménagerie celtique, comme le disait Luzel. 

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Melvan et Marie Le Franc

Je viens de recevoir le n° 12 de Melvan, extraordinaire revue publiée par des habitants d’Hoedic et de Houat avec la collaboration des personnes intéressées par tout sujet concernant les deux îles : l’exemple même d’un travail passionnant mené à partir de recherches sur des thèmes concrets, nouveaux, inattendus et qui font des deux îles un univers plus qu’un microcosme.

Cette année, j’ai été amenée par Pierre Butin, le directeur, à présenter l’œuvre et la personne de Marie Le Franc, un auteur auquel je m’intéressais de longue date mais dont je ne connaissais pas tous les livres. De la Bretagne au Québec et retour…  J’ai eu la chance de pouvoir travailler à partir des photos que l’arrière-petite-nièce de Marie Le Franc a eu la gentillesse de mettre à ma disposition.

Et c’est aussi l’occasion de découvrir le monde fascinant de l’anatife, de la balane et de la sacculine, de plonger dans les registres paroissiaux du XVIIIe, de découvrir les fortifications et le portrait d’un kabyle des deux îles — le tout aussi surprenant que possible, remarquablement informé, rédigé, présenté et illustré.

Cette revue donne une idée de ce que pourrait être une culture bretonne dégagée du poids de l’identitaire et du nationalisme. On a l’impression de respirer le souffle du large en la lisant (ou la relisant, car certains articles sont une véritable mine d’informations).

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Contes de Provence

Après les Contes de Haute-Bretagne de Paul Sébillot et les Contes de Basse-Bretagne de François-Marie Luzel, les Contes de Provence de Frédéric Mistral reparaissent en collection de poche.

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L’œuvre de Mistral est née de la parole de sa mère, de son plaisir d’écouter le provençal chanté, conté ou raconté et de lui restituer sa poésie en écrivant :  il s’est attaché tout au long de sa vie, à publier dans l’Almanach provençal des légendes, des contes facétieux et de grands contes merveilleux qui forment la plus belle collecte de Provence.

Chose étonnante si l’on considère la dévotion des militants à la cause des langues et cultures minoritaires, cette collecte avait été tout à fait négligée : indifférence à la culture populaire, indifférence à la littérature et à la vie — car Mistral est un excellent prosateur et un observateur très fin de la Provence. Le provençal, voué à disparaître sous l’occitan surunifié, si l’on tient compte du dispositif de la charte des langues régionales, a été magnifiquement servi par Mistral, et je suis particulièrement heureuse d’avoir donné la première édition de sa collecte (avec l’aide de Claude Mauron, dont la biographie de Mistral, à présent introuvable, aurait bien dû reparaître en 2014, pour le centenaire de la mort du plus grand écrivain provençal).

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La freizh (suite et peut-être pas fin)

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Voilà quelque temps, rentrant paisiblement du Théâtre du Nord, je me trouve face à une affiche parmi tant d’autres, ni plus ni moins stupide peut-être, mais supposée donner par la fraise une image de l’identité bretonne fabriquée par le lobby patronal breton (Produit en Bretagne) à partir du kit nationaliste (la fraise devient la freizh comme la Bretagne devient Breizh, conformément à l’orthographe nationale du breton, fixée sur ordre des nazis en 1941). L’affiche a été détournée par des situationnistes, les Parisiens tournent le dos à cette freizh débile qui leur est imposée comme un espoir de plaisir labellisé pur breton : je prends une photo parce qu’au moins, ça soulage.

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Et j’écris un petit article à ce sujet dans les actualités de ce site.

Qui aurait pu croire que cet article serait lu par des milliers de lecteurs ? Des nationalistes furieux, qui me valent quelques flots d’invectives de plus, bien sûr, mais aussi des lecteurs qui me soutiennent et m’apportent des commentaires, des informations, des références intéressantes.

J’ai donné la parole aux uns (les partisans de la freizh), maintenant, je donne la parole aux autres. Il va de soi que, vu le contexte, je ne peux pas indiquer le nom des lecteurs qui me soutiennent (et je ne publie jamais aucun commentaire sans avoir demandé à son auteur s’il acceptait que son nom apparaisse).

Une observation pour commencer :

« Sur la « Freizh » et l’affiche, je me permets ce petit apport : les belles fraises sont disposées comme autant de bonnets rouges… » 

Eh oui ! C’est vrai. La freizh est un produit local comme la révolte des Bonnets rouges, le logo de Produit en Bretagne se lisant sous la freizh et le bonnet.

Amenée par mes lecteurs à poursuivre mon enquête, j’ai découvert que la publicité pour la freizh Savéol pouvait être encore plus explicite. D’abord, nous avons les Bretons typiques changés en freizh : le couple parfait, coiffe, chapeau à guides, et trogne rougeaude car rustique, et puis l’alcool, c’est bien connu, est de tradition dans cette région festive…

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Nos Bretons typiques sont si vrais qu’ils méritent de figurer sous le regard des photographes venus pour faire un reportage sur les autochtones. Pure vision du couple breton éternel, tel qu’en lui-même la freizh le change…

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Qui aurait pu imaginer pareille illustration du Monde comme si  ?

Les nationalistes fulminaient contre Bécassine, la Bretonne qui n’a pas de bouche : Produit en Bretagne fait mieux, pas de bouche et surtout rien pour voir et pour entendre. Les Bretons freizhifiés peuvent être dispensés de sentir les odeurs de lisier, c’est leur récompense, pas besoin de sentir.

Un autre message :

« Tout à fait d’accord avec vous. De plus, on ne répètera jamais assez que, comme une grande partie des productions de fruits et légumes Savéol, « Prince de Bretagne » et compagnie, la fraise « de Plougastel » pousse hors sol et est gorgée de pesticides, engrais, et autres délicieuses friandises chimiques, vraisemblablement siglées Monsanto ou équivalent multinational… 

Bonjour le terroir !! 

Bonne continuation, et bon courage. » 

Et, peu après l’avoir reçu, je découvre un appel au préfet à classer la commune de Plougastel en « site pollué ».

« Après avoir été introduit, au début des années 60 sur la commune de Plougastel-Daoulas, le film plastique à usage agricole, dit de paillage, présente aujourd’hui toutes les caractéristiques d’une pollution généralisée. C’est à des fins de productivité accrue de l’activité de maraîchage en pleine terre et d’amélioration des conditions de travail que son usage a explosé, couvrant jusqu’à 600 ha de terres agricoles rien que pour la culture de fraises... »

Le plastique ne se dégrade pas mais se délite, se mêle à la terre et à l’eau…

Une lectrice m’adresse des références montrant que Le canard enchaîné dénonce depuis longtemps mais en vain les ravages de l’agriculture industrielle en Bretagne.

« A propos de freizh et tomates Savéol, voici quelques « conflits de canard » instructifs relatifs à l’agriculture bretonne … « de terroir », bien sûr ! :

* 12 juin 2013 : sur l’utilisation d’insecticides non autorisés

https://app.box.com/s/60yd388clld9oskv5m86

* 8 avril 2015 : sur les subventions européennes à Savéol

https://app.box.com/s/uve96kmiy9rv17dn7wae2n6bdvds0224

* 18 juin 2013 : Résultat de cette agriculture intensive : les algues vertes

https://app.box.com/s/xi398y4e4qxitzjqdcos

* 18 mars 2015 : La Cooperl et « ses » bactéries :

https://app.box.com/s/ab6264u90ip39j5f3lda2mnk8ilpedm7

* 19 décembre 2012 : le faux lait frais de lactalis

https://app.box.com/s/mhnihovnd25jifu6isl3

Et j’en oublie certainement … Bref, voici comment transformer un « tas de caillou » (géologiquement parlant) en région n°1 de l’agroalimentaire … »

L’histoire aussi peut être enfreizhée : le dolmen Savéol a quelque chose de guerrier, le clan freizh s’unissant pour porter le glorieux chef à feuillette en casque gaulois. Ouvert en deux mais toujours fringant, sous la caution des hermines.

 

 

Un lecteur m’écrit, ayant bien compris le problème de fond :

« Bravo pour vos analyses et votre courage face à la bêtise et la brutalité des identitaires de « gauche » (??????) comme de droite ». 

La question est bien celle de la gauche avec kyrielle de points d’interrogation.

Et un autre, qui sait bien que la freizh n’est qu’un symptôme :

 « Attendez vous à entendre parler, chère Françoise Morvan, de « Breizh Creative » (sans accent sur le e, voyons !). C’est le futur site internet, annoncé pour la fin de l’année, de la création audiovisuelle bretonne. Après la « Breizh touch »… »

Il va de soi que la freizh s’inscrit dans une entreprise globale de mise en coupe réglée de la Bretagne, l’identitaire destiné à faire vendre étant le vecteur d’une américanisation à marche forcée.

Il me reste à apporter une nouvelle petite pierre à l’édifice, une expérience toute personnelle : faisant mes courses en urgence et cherchant un dessert qui me dispense d’effort culinaire, je tombe sur une pile rutilante de boîtes de fraises agréablement disposées pour que chacun semble y puiser comme à un bienfait allant de soi et requis pour la saison. Arrivée à domicile, je découvre que ma rutilante acquisition, c’est la freizh.

Ne reculant ni devant la palinodie ni devant la contradiction, je goûte la freizh, je sers la freizh, avec chantilly, sucre glace et citron. Non seulement elle a un goût médiocre mais elle est souvent creuse.

Publié dans Bretagne, Institut de Locarn, Le monde comme si, monde comme si, politique, Produit en Bretagne | Laisser un commentaire